- Illustration La passion du bois

La passion du bois

Pierre Sourdrille, ancien agriculteur à Brécé (35), fait revivre les charrettes et moyens de locomotion de sa jeunesse en créant des maquettes avec du bois de récupération.

Un brin nostalgique, l’ancien agriculteur remémore à sa façon l’agriculture de ses tendres années. Depuis sa retraite, son repère c’est son garage, dans lequel chaque outil bien rangé attend la prochaine création. Il fourmille d’idées. Chaque plan de ses futures maquettes est bien stocké « dans un coin de sa tête », attendant de prendre forme. « Je n’y travaille pas de longues heures mais j’y passe beaucoup de journées… » Des journées à cogiter la forme et l’assemblage des représentations des moyens de transport issues de ses nombreux souvenirs d’enfance.

Du bleu charrette

Et c’est tout naturellement de la peinture bleu charrette qu’il a appliquée sur la charrette commune. Attentif aux moindres détails, les couleurs d’usage sont respectées. « C’était ma deuxième création, dans laquelle il ne doit pas y avoir plus de 10 vis… Mais le plus long, c’est de créer tous les tenons et les mortaises… », avoue le créateur. L’ensemble assure ainsi un parfait compromis entre esthétique et résistance, tel un travail d’ébéniste traditionnel. Pourtant, Pierre Sourdrille n’a jamais appris à travailler le bois. Armé d’une scie-sauteuse, d’une perceuse et depuis peu d’une scie à ruban, son équipement est réduit. « C’est devenu un passe-temps pendant ma retraite, pour utiliser un stock de bois exotique après avoir changé mes menuiseries sur ma maison. »

Le duo homme-cheval

« Je suis arrivé sur l’exploitation familiale en 1951, à l’âge de 13 ans. Il y avait 18 hectares à cultiver avec deux chevaux Postiers bretons, car le premier tracteur n’est arrivé sur la ferme qu’en 1955 : Chaton, le cheval de devant, et Balzac, son compagnon en brancart. Les chevaux étaient calmes, on s’en occupait après l’école dès notre plus jeune âge. Ensuite, on apprenait à les mener à la parole. Et grâce à eux, on en a transporté du foin avec cette charrette, pour nourrir les deux chevaux et les vaches laitières !» Composée d’un plancher supporté par deux brancards dans le prolongement desquels est attelé l’animal de trait, la charrette est certainement l’instrument le plus usité après-guerre. Des ridelles à claire-voie de chaque côté aidaient à soutenir la charge de foin ou de paille.

Aucun plan dessiné

S’il réalise les maquettes « à l’œil, sans dessiner de plans », seul le cheval a le droit à son gabarit en carton, pour respecter les proportions de l’animal. Car le cheval est omniprésent dans ses représentations. « Il y avait toujours un cheval attelé sur le tombereau. » Le tombereau basculant sur ses deux roues de grand diamètre est de loin la pièce la plus appréciée de ses admirateurs, même si pour lui, il ne montre aucune préférence, toutes les maquettes étant aussi fidèles à ses souvenirs… Utilisée pour le fumier, la terre, les betteraves… elle est équipée de sa chaîne pour benner son contenu en vrac. À cette collection, s’ajoutent la voiture à cheval ou char à banc, pour aller au marché, à la messe ou visiter la famille, ainsi que la cochonnière, petite bétaillière couverte. « Celle-là, je ne l’ai pas connue sur l’exploitation familiale, j’ai dû la voir au marché… »

Le cidre, la production phare

Par contre, le transport des pommes et du cidre était très usuel dans les exploitations brétilliennes. « La charrette à pommes a été ma première création, avec des ridelles sur les côtés. Elle a vite été rejointe par le chariot à cidre, le fût étant réalisé avec du châtaignier. » Car, des pommiers, il y en avait dans toutes les parcelles, le cidre était la production qui rapportait le plus d’argent sur les fermes dans les années 30. « Il fallait d’ailleurs faire très attention lorsque nous labourions près de ces rangées de fruitiers, on couchait la charrue pour ne pas abîmer des racines des arbres. »

À ce jour, huit charrettes et 9 chevaux égaient son jardin dès les beaux jours, sur leur support de bois. La dernière création en date sort du milieu agricole. Elle représente la carriole des livreurs de charbon et de bière à Rennes, avec quatre roues et menée par deux chevaux. Elle a la particularité d’avoir des côtés rabattables. Mais avant cela, Pierre Sourdrille a aussi réalisé beaucoup de jardinières, ajourées de motifs, ainsi que nombre de petits objets à utilisations variées.


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