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Penser à la prise de terre

La connexion à la terre est une notion à intégrer dès le début du projet bâtiment.

Juin 2017. Trois mois après avoir introduit les animaux dans la nouvelle stabulation, les vaches laitières étaient fatiguées, les leucocytes avaient grimpé… Plutôt cartésiens, Fabrice et Cyril Menier, les deux associés du Gaec Morieux, cherchent tout d’abord des solutions du côté de l’alimentation et du suivi de troupeau. Rien n’y fait. Fabrice Menier pense que le problème pourrait provenir de la ligne de roche qu’ils ont découverte lors du terrassement et qui passe juste sous un des robots de traite. Il se met alors en quête d’un géobiologue, se remémorant la résolution de problèmes analogues lors de son expérience en tant qu’agent de remplacement avant de s’installer avec son frère.

[caption id=”attachment_34117″ align=”aligncenter” width=”720″] Fabrice Menier et Philippe Le Pourhiet, dans la nouvelle stabulation du Gaec Menier, à Morieux (22). Fabrice Menier et Philippe Le Pourhiet, dans la nouvelle stabulation du Gaec Menier, à Morieux (22).[/caption]

Utiliser autant la longueur que la largeur de la tranchée

« Il se trouve qu’après plusieurs mesures électriques, la valeur de la résistance à la terre était bonne, proche de 0 ohm », relate l’éleveur. Pourtant, des courants électriques revenaient de la terre dans le bâtiment. En électricité, le plus petit attire le plus grand : la petite valeur de tension électrique dans la stabulation attirait celle de la prise de terre. De plus, cette dernière était mal située, à l’intérieur du bâtiment. « Une prise de terre peut être assimilée à une poubelle électrique, il faut la mettre dehors… », insiste Philippe le Pourhiet, géobiologue. À sa demande, la prise de terre a été refaite dans un premier temps : 70 m de fil de cuivre ont été positionnés en serpentin dans une tranchée d’une longueur de 10 m, éloignée de 10 m de la stabulation.

« Les fils doivent être placés dans une terre lourde, après avoir retiré les cailloux, le sable présent dans la tranchée », rappelle le spécialiste. Et le positionnement de la prise de terre doit être réfléchi : quelle sera l’évolution possible du bâtiment, serai-je amené à faire à cet endroit un lieu de passage ? Un stockage de matériel ? « On devrait réfléchir à la prise de terre comme une identité bâtiment, à la conception des plans. On s’en occupe souvent trop tard », regrette-t-il. « La prise de terre réalisée, la baisse des leucocytes a été immédiate ; on a aussi vu une modification du comportement des vaches : elles manifestaient plus les chaleurs… », relève Fabrice Menier. Des courants vagabonds avaient également été détectés, arrivant par des failles et veines d’eau. Ils créaient un champ électrique dans l’exploitation. Ils ont été résolus par la suite.

Tout relier à la terre

Ces dernières semaines, des mammites sont réapparues. Après analyse, les animaux recevaient du courant dans un des robots, provenant des trois silos adjacents à la stabulation. « Toute masse métallique se charge en électricité et finit par se décharger au bout d’un moment sur un autre support », explique le géobiologue. Ces silos n’avaient pas été reliés à la prise de terre comme conseillé l’été dernier. 

C’est bien de corriger les problèmes, le mieux c’est de les éviter

Quelques conseils :

  • Le sol a une mémoire : « Des effets négatifs ­­­­­–voire historiques– peuvent être difficiles à faire disparaître ». Sonder la mémoire collective pour savoir si on peut construire à l’endroit choisi.
  • Éviter de construire sur des veines d’eau, conductrices, ou des failles, pouvant provoquer à terme des
    fissures.
  • Prendre en considération la stabulation et son environnement :
    • La ferraille accumule le courant électrique. Ne pas stocker de matériel à proximité ou dans le bâtiment : pas de tracteur avec une fourche qui touche le sol dans le couloir d’alimentation par exemple.
    • Ai-je un transformateur ou des éoliennes à proximité ? S’il y a des risques, opter pour une valeur de tension à la terre pas trop basse (norme : 100 ohm).
  • Choix du matériel dans le bâtiment :
    • Favoriser le bois, non conducteur,
    • Favoriser les procédés de fibres plutôt que les treillis pour le terrassement,
    • Pas de fils électriques qui traînent par terre. Pour les logettes, les relier avec des tubulures et des portiques, pour les relier efficacement à la terre.
  • Exposition du bâtiment : placer salle de traite et couloirs d’alimentation dans les zones lumineuses, pour donner envie à l’animal
    d’y aller.
  • Au niveau électrique :
    • Pas de raccords multiples de fils pour une bonne conductivité.
    • Dans l’armoire électrique les connexions à la terre doivent être revissées régulièrement.
    • Placer la barrette pour la connexion à la terre sous la boîte électrique, à hauteur d’homme et hors d’eau, pour éviter toute oxydation du cuivre.
    • Avoir le moins de prises de terre dans un élevage pour éviter les différences d’équipotentiels entre deux prises de terre.

Philippe Le Pourhiet, géobiologue


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