Christian Couilleau et Guy Le Bars s’ouvrent aux nouvelles pratiques alimentaires. Une façon de sécuriser les activités de la coopérative et de limiter la volatilité. - Illustration Even : Résister à la volatilité
Christian Couilleau et Guy Le Bars s’ouvrent aux nouvelles pratiques alimentaires. Une façon de sécuriser les activités de la coopérative et de limiter la volatilité.

Even : Résister à la volatilité

Les fluctuations des marchés des protéines et des matières grasses sont difficiles à prévoir et à gérer. Pour limiter les effets de cette volatilité, Even a mis en place des leviers.

« Notre stratégie a pour objectif de résister à la volatilité des marchés », explique Christian Couilleau, directeur général d’Even. Les récentes pénuries de beurre dans les supermarchés, les prix du lait incertains… Autant de signaux que le groupe coopératif souhaite gommer au maximum.

Évolution des modes de consommation

En réponse, le directeur choisit « d’innover sur les activités en amont, avec l’utilisation de drones sur les cultures, afin d’économiser de l’engrais, mais aussi sur la distribution, avec le lancement prochain de mini-fromages mangés chaud à l’apéritif  ». Le plateau traditionnellement servi en fin de repas vieillit, le consommateur se tourne vers des produits différents de début de repas. « Les consommations alimentaires évoluent », insiste le responsable. En participant au fonds French Food Capital, la coopérative s’est associée à différents partenaires pour sentir les futurs modes de consommations, et en observer les habitudes. « Les pratiques alimentaires flexitariennes ou de circuits courts foisonnent ». Une façon d’être à la pointe et d’établir une veille sur les futurs marchés alimentaires. Guy Le Bars, président d’Even, rappelle que « l’année dernière, personne n’aurait pu imaginer une telle volatilité. Le cours de la matière grasse a été multiplié quasiment par 4, quand les matières protéiques ont été divisées dans les mêmes proportions ».

Un des cailloux dans la chaussure de la filière laitière reste le stock important de poudre de lait, estimé à 370 000 t. « En se coordonnant avec les États de l’Union européenne, la France pourrait à elle seule résorber 40 à 45 000 t de ce stock. Ce serait un signal fort donné au marché. Une des pistes serait de l’incorporer dans l’alimentation animale », insiste Guy Le Bars. La France et l’Allemagne, produisant à elles seules le tiers de la production européenne, ont donc un rôle fort à jouer. D’un point de vue mondial, ce stock de poudre représente 1 million de tonnes. Cette montagne de poudre stockée pèse sur les prix, c’est pourquoi il existe « beaucoup d’incertitudes sur les prix payés en 2018. Nous n’avons pas en main l’équation laitière, mais nous allons nous battre », note Guy Le Bars.

Toujours innover

Les investissements de la coopérative, évaluées à 90 millions d’euros en 2017, sont d’un niveau record. « La consommation de lait mondiale croît de 2 %. La croissance se situe en dehors de l’Europe, et si tout le monde regarde vers l’Asie, il ne faut pas oublier l’Afrique. Le marché reste stable en France, baissier dans l’ultrafrais mais à la hausse sur les produits élaborés comme le fromage fouetté Madame Loïc ». Christian Griner, directeur de Laïta, explique que « la volatilité porte sur la protéine. Il nous faut réduire cette volatilité en transférant cette protéine vers nos outils high-tech, comme sur le site de Créhen (22), ou en développant des produits sur peu de volume de lait à forte valeur ajoutée, comme c’est le cas avec les collectes de colostrum ».


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