Une relation exclusive

À côté, celles qui ont pris de l’avance bêlent pour appeler leurs petits. Mais elle, elle reste là, calme contre le mur, s’isolant de ses congénères. De son museau, elle gratte et renifle le sol, cherchant un endroit pour agneler. L’heure a sonné, la poche des eaux a percé… C’est décidé, c’est à cet endroit qu’elle établira les premiers soins à son nouveau-né. En l’attendant, elle s’imprègne de sa future odeur, à partir de celle du liquide amniotique. Les prochaines parturientes s’approchent également, soudain intéressées par cette odeur qui d’ordinaire les révulse. 

Après maints changements de position, un dernier effort lui permet de se relever pour expulser son agneau, qu’elle s’empresse de renifler. Et oui, c’est lui. Il porte bien la même odeur. Alors doucement, elle s’en approche et le lèche pour le sécher. L’heure est grave et solennelle : cette prise de connaissance olfactive se doit d’être à l’origine d’une relation exclusive entre la mère et son petit. Qu’on lui retire cet agneau durant les premières heures et son comportement maternel disparaît jusqu’à sa prochaine mise bas… Une caractéristique que le berger met néanmoins à son profit en essayant de lui faire adopter un autre agneau sur ce laps de temps très court. 

Durant un à deux jours, l’apprentissage de l’odeur entre la mère et ses petits se poursuit dans une case individuelle. Avant de rejoindre le lot de brebis allaitantes, où elle sera très sélective quant aux agneaux qui l’approcheront quand elle appellera les siens.


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