La start-up Rumicis

Épisode 2

Toujours prompt à manier la tranche pour détruire la première mauvaise herbe qui ose lever la tête sur son domaine de Kerastreign, Jean Kermadoué a lui aussi établi « sa » liste de plantes dont il faut « se protéger » comme il dit. Une plaisanterie qu’il ne se lasse pas de répéter depuis que l’agent assermenté lui a remis la liste des plantes protégées dont ce surprenant Rumex rupestris Le Gall.

Fin observateur de la nature, le maître de Kerastreign s’est à plusieurs reprises émerveillé des dégâts occasionnés par une sorte de petite chenille noire inféodée au rumex. La petite bête se gave du feuillage de sa plante hôte et tresse un globule de soie dans lequel elle s’enferme pour effectuer sa mue. Ainsi privé de sa fonction chlorophyllienne, le rumex s’étiole et périt.

C’est en voyant ce spectacle offert par Dame nature que Jean Kermadoué a imaginé déposer incognito ces charançons de l’oseille sur Rumex rupestris Le Gall pour lutter en toute discrétion contre cette plante protégée. Quand une lueur lui vint à l’esprit : Bien sûr qu’il lui fallait créer un élevage qui produirait des millions de larves de ce coléoptère que les agriculteurs s’empresseraient de lui acheter pour lutter biologiquement contre le rumex ! « Voilà l’idée du siècle», se dit-il.

C’est ainsi qu’il créa Rumicis, une start up spécialisée dans le biocontrôle des rumex. Il fallait voir comment le patron de Kerastreign, qui jusque-là n’avait épargné aucune mauvaise herbe de sa vie, se mit à cultiver avec un soin de jardinier ses rumex souches pour produire ses larves vendues à prix d’or. Ah, cochon qui s’en dédit… 


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