A l’EARL Nicolas Prigent, à Prat (22), un réaménagement de la nurserie en pouponnière ainsi qu’une révision des pratiques d’hygiène ont supprimé les problèmes pulmonaires sur veaux, qui apparaissaient une semaine après le vêlage.
Lors des agrandissements de troupeaux, on pense souvent à la stabulation des vaches laitières et à la salle de traite, en omettant ou remettant au lendemain les travaux destinés à l’élevage des génisses. C’est ce qu’a vécu Nicolas Prigent, installé à Prat (22) : « Il y a 5 ans, mon bâtiment (15 m x 9 m) prévu pour 50 veaux démarrés en cases collectives en a accueilli 90, lors du passage de la production de 400 000 à 770 000 litres ». En surdensité, avec une ventilation non adaptée au chargement, les animaux ont vite présenté des problèmes respiratoires, avec une morbidité à 100 %, entraînant 16 % de mortalité sur les veaux de plus de deux jours.
[caption id=”attachment_31205″ align=”aligncenter” width=”720″] Nicolas Prigent et Hervé Berdellou, GDS Bretagne, devant les cases individuelles dans la nurserie.[/caption]
« Des analyses réalisées par mes vétérinaires ont révélé la présence de pasteurelles Manehmia haemolytica. » Souvent, le bâtiment accentue ou est à l’origine de l’infection pulmonaire. Aussi, un diagnostic de l’ambiance et de l’hygiène du bâtiment, effectué avec GDS Bretagne, a permis de mettre en avant les problématiques du bâtiment et de conduite d’élevage, ainsi que de hiérarchiser les travaux à effectuer dans la nurserie, pour revenir à un taux moyen de 3 % de mortalité.
[caption id=”attachment_31202″ align=”alignright” width=”150″] DANIEL LE CLAINCHE, GDS Bretagne[/caption]
Un bâtiment spécifique pour la phase lactée
L’idéal pour garantir la santé des animaux et faciliter le travail des éleveurs est de disposer d’une pouponnière, module spécifique destiné aux veaux de la naissance au sevrage, bénéficiant d’une ventilation adaptée. Les veaux sont en case individuelle. Le local de préparation de la buvée doit être séparé de la partie logement, pour éviter d’augmenter l’hygrométrie de l’air ambiant dans le bâtiment. DANIEL LE CLAINCHE, GDS Bretagne
Une nurserie repensée en pouponnière
« Dans un premier temps, j’ai voulu faire un vide sanitaire. J’ai créé des box avec des bigs de paille dans mon hangar à fourrage. La maladie continuait à se propager par un manque d’hygiène des seaux. » L’éloignement du bâtiment de la salle de traite et la présence d’eau froide uniquement dans la nurserie ne permettaient pas un nettoyage efficace. Un ballon d’eau chaude de 30 litres a donc été prévu dans les aménagements de la nurserie, ainsi qu’une zone de préparation de la buvée avec séchage des seaux et de stockage de la paille.
Un appentis de 3 mètres de large a été ajouté au bâtiment, faisant office de pouponnière. Les cases collectives pour le démarrage jusqu’à 2 mois ont été délaissées pour 9 cases individuelles. Le choix s’est porté sur un équipement à paroi lisse pour une désinfection possible et sur caillebotis pour un bon séchage de la litière. Le pignon sud, où des tôles perforées laissaient entrer l’air dans le bâtiment, provoquant un effet toboggan sur les 3 premiers box, a été refait avec des tôles en polycarbonate, accentuant la luminosité du bâtiment. Des entrées d’air par des volets translucides avec des joues ont été rajoutées en façade plutôt qu’en toiture, pour éviter les excès de chaleur sur les veaux en été.
[caption id=”attachment_31203″ align=”aligncenter” width=”720″] Face aux cases individuelles, les 6 box collectifs accueillent les génisses de 2 à 6 mois, par groupes de 4 individus.[/caption]
Les plafonds sur la nurserie ont été isolés. Face aux cases individuelles, les 6 box collectifs accueillent maintenant les génisses de 2 à 6 mois, par groupes de 4 maximum. Des sorties d’air ont été créées avec six cheminées ajoutées en toiture. « Le fait de repenser le circuit d’air dans le bâtiment en modifiant le système de renouvellement d’air permet d’avoir des surfaces ventilantes modulables selon les conditions météorologiques », ajoute Hervé Berdellou, conseiller spécialisé de GDS Bretagne.
« Dans ce local, tout se fait à la main, sauf le curage. C’est du temps de travail mais cela permet aussi de surveiller les animaux. » Depuis l’aménagement, quatre nouvelles cases individuelles ont été ajoutées, réduisant l’espace réservé au lavage des seaux. « Si c’était à refaire, je referais plus grand, pour avoir plus de place pour travailler », explique l’éleveur. Les travaux ont été pensés pour un investissement minimum, s’élevant à 9 000 € HT. « L’idéal aurait été d’aménager ce bâtiment avec plus de clarté et une bonne ventilation pour les génisses de plus de deux mois et de créer une pouponnière à côté. Un projet plus onéreux. »
Du lait en granulé
L’éloignement de la salle de traite ne permet pas de distribuer de lait à température constante aux animaux. Aussi, pour une simplification de travail, Nicolas Prigent laisse les veaux sous la mère pendant 12 heures, dans un box à vêlage individuel. Ensuite, du colostrum réchauffé leur est distribué (matin et soir pendant une semaine, puis à raison d’un repas par jour, rationné à 2,5 litres). Puis, le lait est distribué sous forme de granulé, mélangé à l’aliment veau, avec de l’eau et de la paille à volonté, nécessitant l’ajout de deux porte-seaux et d’un râtelier par case individuelle.
[caption id=”attachment_31204″ align=”aligncenter” width=”720″] Lait en granulé.[/caption]
« Cette distribution jusqu’à 1 kg de lait et 1 kg d’aliment me permet de sevrer précocement les génisses, entre 1,5 à 2 mois d’âge. » Elles reçoivent ensuite le même aliment jusqu’à 6 mois, à raison de 3 kg maximum/jour et de la paille à volonté. Un surcoût compensé par le temps de préparation du lait et des actions de nettoyage des seaux moindres, selon l’éleveur. Et un développement rapide des animaux, permettant la première insémination sur des génisses de 12 à 14 mois, comme le démontrent les mesures barymétriques des génisses.