Des fromages primés à la Ferme du meunier

La Ferme du meunier, à Saint-Dolay (56), porte moins bien son nom depuis l’arrivée d’une trentaine de chèvres poitevines. Les crottins et faisselles rivalisent désormais avec les pains de seigle ou d’épeautre.

« Le lait des chèvres poitevines est plus doux ; les fromages sont d’autant plus appréciés des clients », sourit Charline Pont, récemment installée sur la ferme de Bodelneuf. Difficile de lui donner tort. Ses fromages à pâte molle cendrés ont été couronnés d’une médaille d’or aux derniers Trophées de la gastronomie bretonne. Ses fromages frais aux herbes ont également convaincu le jury de professionnels et de consommateurs, honorés d’une médaille d’argent.

[caption id=”attachment_30997″ align=”aligncenter” width=”720″]Charline-Pont Charline Pont, dans sa fromagerie, est associée
à son conjoint Pierre Tranchant au Gaec La Ferme du Meunier.[/caption]

Tout le mérite ne revient pas aux chèvres à la tête brune, marquée de deux traits blancs symétriques. La jeune éleveuse a acquis un savoir-faire en quelques années, dans sa petite fromagerie, construite à quelques pas de la meunerie de son conjoint paysan-boulanger. Crottins, faisselles, ronds frais, pyramides cendrées et autres cabriberts sont fabriqués tous les jours, après la traite matinale.

Un lait de qualité

chevreEn 1980, il ne reste que 6 élevages répertoriés et 600 chèvres poitevines. En 1986, l’association pour la Défense et le développement de la chèvre poitevine est créée et retrouve rapidement 29 éleveurs adhérents avec 1 000 animaux. Depuis les effectifs n’ont cessé de progresser. En 2015, on compte environ 3 600 chèvres laitières réparties dans plus de 110 élevages en France. Le lait de la Poitevine présente des taux butyreux et protéique élevés et de meilleures aptitudes à la coagulation que celui des races aux effectifs plus importants (Alpine, Saanen), ce qui améliore la transformation ainsi que les rendements fromagers. Cette caractéristique permet d’obtenir des fromages de qualités organoleptiques qui lui sont particulières.

Tourteau de pavot

La chèvrerie, une aire paillée avec son couloir d’alimentation et sa petite salle de traite (6 places pour deux postes), donne sur un parcellaire divisé en paddocks. Les chèvres pâturent quasiment toute l’année, de la mi-février à la mi-décembre. « J’ai choisi la race poitevine pour son adaptation au climat océanique. Elle est moins productive que d’autres races, mais plus rustique ». L’ancienne conseillère en agriculture biologique craint essentiellement le parasitisme relatif au pâturage, les strongles digestifs qui affectent la production. « Les biquettes préfèrent manger la tête en l’air, dans les haies ou dans les arbres, beaucoup moins au sol ».

Les rotations sur les paddocks et le repos hivernal des prairies limitent les désagréments. Elles consomment également du foin et des céréales produites sur la ferme, mélangées à du tourteau de pavot. La plante est cultivée depuis quelques années pour son huile ; le tourteau apporte minéraux et protéines aux animaux.

Marché convivial

Le marché à la ferme, du mercredi soir, qui réunit quatre producteurs permanents, permet d’écouler une bonne partie de la production. « La gamme de produits est suffisamment étoffée pour attirer une clientèle qui habite à proximité: du pain et du fromage mais aussi des légumes, des œufs, des volailles, des crêpes et un peu d’épicerie en vrac. C’est un moment très convivial ».

La Ferme du meunier livre également un magasin de producteurs à Bouvron (44), deux restaurants gastronomiques des environs et propose ses produits sur le marché bio de La Roche-Bernard. « Nous vendons également via cinq Amap sur Nantes. C’est une sécurité car, contrairement aux marchés en plein air, il n’y a pas de risque d’invendus ». Les deux tiers des pains – blé, seigle, épeautre, sarrasin – et la moitié des fromages sont écoulés dans ces Amap.

fromages

La fromagère, diplômée de l’école d’ingénieurs de Bordeaux Sciences Agro, « qui avait besoin d’un travail manuel pour s’épanouir » ne compte pas son temps. « Entre 70 et 80 heures par semaine », sourit-elle. « Mais je profite de mes enfants dans un cadre de vie de qualité. Ma fille de 3 ans vient parfois traire avec moi et, surtout, je fais quelque chose qui a du sens ! ».

Une unité de micro-méthanisation

2,5 tonnes de son de blé et 5 000 litres de lactosérum (résidus de la meunerie et de la fromagerie) sont acheminés, dans l’année, vers une cuve de mélange. La fermentation de cette matière organique, sous l’action de bactéries, produit un biogaz utilisé pour la production d’eau chaude et pour le séchage des céréales. Ce projet pilote de micro-méthanisation est suivi par Énerpro. Dans le même esprit écologique, les associés de la Ferme du meunier ont planté 1,5 hectare en agroforesterie. Les frênes, chênes verts, érables et autres cormiers offriront de l’ombre aux chèvres en été.


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