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Le mystère de l’anguille

Une nuit sans lune. Une nuit noire d’automne. Répondant à l’appel mystérieux de la Mer des Sargasses, l’anguille quitte son petit ruisseau breton pour le grand voyage. Un voyage retour sans retour. Portée par les crues, elle dévale la rivière qui l’a vue grandir. Peut-être s’aventurera-t-elle à prendre un raccourci en glissant sur les herbages humides d’une prairie, comme assurent avoir vu les anciens. Tous les moyens sont bons pour répondre à l’appel des sirènes de l’amour du Triangle des Bermudes. Un seul but : perpétuer l’espèce.

Faire vivre et survivre sa descendance en pondant un million d’œufs dans le vortex d’algues des fosses marines de l’Atlantique Nord où se concentrent toutes les anguilles d’Europe. Le chemin, elle le connaît. C’est le même depuis une centaine de millions d’années. Sans interruption. Sa fascinante capacité d’adaptation et de dissimulation ne lui a-t-il pas permis de passer à travers les mailles de la cinquième extinction des espèces ? Même les puissants dinosaures n’ont pas résisté. L’anguille si.

Ondulant dans la vase pour se camoufler, ce poisson de l’ombre reste encore aujourd’hui le temps qu’il faut – de 5 à 40 ans – dans son ruisseau breton pour se métamorphoser de frêle civelle en puissant serpent d’eau. Adaptation toujours. Et puis, selon l’ordre bien établi d’une horloge préhistorique, un soir noir de nouvelle lune, l’anguille entame cette course folle de 6 000 kilomètres pour se reproduire. Se reproduire et périr. Puis laisser son corps décharné s’abandonner au mystère des abîmes.


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