jeune-veau-Charolais - Illustration Bien gérer les premières heures de vie du veau

Bien gérer les premières heures de vie du veau

« Le tiers de la mortalité des veaux concerne le vêlage et les premières heures de vie », souligne Caroline Oulhen, vétérinaire chez Eilyps. Elle offre un tour d’horizon des pratiques gagnantes pour améliorer cet indicateur.

« L’objectif de taux de mortalité devrait être de 5 % entre 0 et 6 mois en élevage allaitant. Un quart des éleveurs bretons y parviennent », a chiffré Caroline Oulhen (source : Cap Elevage, avril 2010), à l’occasion d’une réunion de la section viande bovine d’Eilyps cet hiver à la station de Crécom (22). « Après une extraction réussie, l’enjeu numéro 1 est de faire boire rapidement au veau un très bon colostrum, car c’est quasiment uniquement par là que passe l’immunité au départ », rappelle Caroline Oulhen. « Un sondage est possible si le veau ne boit pas. »

Un colostrum riche

Mais comment connaître la qualité de son colostrum ? « Pour environ 43 €, le réfractomètre est un outil qui fonctionne bien via la mesure de la densité. » Quand le colostrum n’est pas bon, on peut utiliser celui d’autres vaches multipares dociles du troupeau, qui auront été traites. « Le colostrum est à stocker (6 mois à 1 an) dans de petites bouteilles pour faciliter la décongélation, au bain-marie à 55 °C maximum pour ne pas altérer les anticorps. » Un supplément colostral peut être administré en complément d’un colostrum de mauvaise qualité. Autre piste : le lait du voisin, mais attention aux risques sanitaires.

Le colostrum doit être bu par le veau le plus tôt possible (dans les 6 h après la naissance), jusqu’à 10 % de son poids en quantité. « S’il reste couché pendant 24 h après avoir ingéré 4 L de colostrum, ce n’est pas un problème. On peut estimer si un veau a bu le colostrum en palpant la caillette. »

[caption id=”attachment_27126″ align=”aligncenter” width=”680″]Pour environ 43 €, le réfractomètre demeure un outil intéressant pour jauger la qualité du colostrum. Pour environ 43 €, le réfractomètre demeure un outil intéressant pour jauger la qualité du colostrum.[/caption]

Une période sèche de 8 semaines

Deuxième point fort, pour bien préparer le vêlage et la mamelle, une période sèche de 8 semaines est à prévoir. Des oligoéléments et vitamines peuvent être administrés ; un bilan sanguin (en lien avec le vétérinaire), sur 3 à 5 vaches, permet de savoir où on se situe. « La cétose peut aussi être évaluée par dosages sanguins et une vaccination contre les diarrhées néonatales est intéressante. De l’eau propre doit être apportée à volonté. »

L’alimentation de fin de gestation est essentielle, notamment pour la qualité du colostrum. « Comme la capacité d’ingestion de la vache réduit, il faut densifier la ration en énergie et azote. Une transition alimentaire de trois semaines est par ailleurs obligatoire pour conserver une flore fonctionnelle, avec l’administration d’un minéral vaches taries. Nous sommes souvent déficitaires en cuivre, zinc et sélénium en Bretagne. »

Quand intervenir ?

Autour du vêlage, il faut diminuer le stress pour éviter un déclenchement prématuré de la naissance. « Le box doit être situé à proximité d’autres vaches et la mère doit avoir son veau pour elle. Un curage et paillage abondant sont nécessaires entre chaque vêlage. « On peut intervenir s’il n’y a pas eu expulsion de la 1re poche après 2 heures de coliques (4 h pour une génisse), ou s’il n’y a pas apparition de la 2e poche 1 h après l’explosion de la 1re poche, ou si rien ne progresse ½ h après l’explosion de la 2e poche. » Des mesures d’hygiène s’imposent alors.

« Lorsqu’on intervient, il faut repérer les pattes, la tête ou la queue et le cordon selon la position du veau. La plupart du temps, il faut repousser les veaux pour déplier une patte. Si ça coince, on peut lubrifier, tourner, repousser, tirer d’un côté et de l’autre… », explique la vétérinaire. Quand le veau respire difficilement, l’éleveur peut lui mettre de la paille dans le nez, de l’eau dans les oreilles, frictionner les côtes, le pendre tête en bas et dégager manuellement les glaires. « Et il faut toujours avoir sur soi un analeptique respiratoire lors d’un vêlage, sinon, c’est trop tard… ».

Vider et désinfecter le cordon est une pratique gagnante. L’éleveur devra enfin s’assurer que la mère lèche le veau. Il pourra éventuellement être réchauffé avec un manteau à veau, une lampe chauffante ou une bouillotte. « Avant 15 jours, la température du veau doit se situer entre 39 et 39,5°C. » Enfin, dans les élevages où la paratuberculose est présente, il faudra nettoyer la mamelle avant que le veau ne tète.

Une pince à portée illimitée pour détecter les vêlages

Des systèmes de détection des vêlages peuvent aider. Nouveauté, la pince « Moocall » s’agrafe sur la queue des vaches, 3 à 4 jours avant vêlage. Elle offre une portée illimitée, sans besoin d’antenne, et permet donc le vêlage au champ. Son installation est très rapide et son prix intéressant (274 €/pince, puis abonnement à partir de la 2e année de l’ordre de 120 €/pince). Le Vel’Phone, thermomètre vaginal, est plus précis, mais demande un protocole d’hygiène rigoureux.


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