La reconnaissance administrative du Bilan réel simplifié (BRS) pour les rejets d’azote, de phosphore et de potasse constitue une réelle avancée pour la filière porcine. Ce BRS s’utilise sur la base du volontariat.
« Depuis l’arrêté du 16 octobre 2016, les éleveurs peuvent utiliser des références d’excrétion azotée moyennes par animal ou calculer le bilan réel simplifié (BRS) des rejets de leurs porcs », rappelle Pascal Levasseur, de l’Ifip. Les conditions de production et les performances des porcs ont évolué avec, en particulier, un alourdissement des poids d’abattage, une augmentation de la productivité numérique des truies et une amélioration de l’indice de consommation. « Ces différents changements sont susceptibles d’influencer les rejets des animaux à la hausse pour certains d’entre eux ou à la baisse pour d’autres ». Deux modes de calcul sont donc possibles.
« Avec le BRS, la prise en compte de la situation réelle de chaque élevage (composition des aliments et quantités consommées, effectif d’animaux, poids d’abattage…) donne une photographie précise des flux d’azote, phosphore et potassium de l’atelier porcin et donc des quantités épandables ». Les élevages de porcs ayant un indice de consommation global bien inférieur à la moyenne des élevages de porcs français (2,82 – Ifip, 2016) excrètent moins d’azote et de phosphore que les valeurs forfaitaires. « Ils peuvent avoir un intérêt à recourir au bilan réel, notamment dans les zones à forte pression environnementale ».
Nouvelles références pour le raclage en « V »
Les références forfaitaires de rejets sont issues de ce BRS sur la base des performances moyennes des élevages de porcs suivies en gestion technico-économique en 2015. La principale modification par rapport aux valeurs de 2003 concerne les références d’excrétions pour les porcs charcutiers élevés sur caillebotis avec raclage en V. « Par rapport à la référence “caillebotis” sur préfosse, le rejet en N, P et K est respectivement de +6, - 6 et -4 %. Ils tiennent compte d’une légère amélioration de l’indice de consommation mais aussi d’une moindre volatilisation de l’ammoniac (d’où l’augmentation pour l’azote) ». Des valeurs de rejet sont également proposées par phase liquide/solide et selon compostage de la fraction solide ou non.
Pour les autres modes de conduite, les valeurs de rejets en N et P ont peu bougé compte tenu des impacts aux effets opposés : augmentation des poids vifs d’abattage de 112 à 118 kg et baisse de l’indice de consommation du porc charcutier de 2,86 à 2,76. La teneur maximale des aliments en protéine n’a pas changé hormis une légère baisse dans l’aliment croissance (16 contre 16,5 % antérieurement). Tous les taux de phosphore ont été revus, parfois à la baisse (lactation, 1er et 2nd âge, croissance), parfois à la hausse (gestante, finition). Les rejets de potassium ont, par contre, baissé de façon importante : 14 % environ pour un élevage naisseur-engraisseur. « Le tourteau de soja, très riche en potassium, a été partiellement remplacé par du tourteau de colza, moins pourvu en cet élément ».