Les serristes ont pris à bras-le-corps les questions d’impacts de leur activité sur l’environnement. Exemple à l’EARL Tom’Pousse, à Plougastel-Daoulas (29), qui comme beaucoup s’est équipée pour recycler au maximum les déchets produits par son activité.
Les 4 ha qui composent les serres verre de Jean-Yves Le Nard, installé en production de tomates à Plougastel-Daoulas (29), regorgent d’une gamme variée. Que ce soit avec des variétés comme la cocktail, la cerise ou la Torino, les fruits rouges ou jaunes poussent de façon quasi biologique. « Quand j’utilise le robot de traitement, c’est un échec », avoue le producteur, pour qui le passage par la chimie n’est pas une solution satisfaisante. Les deux grosses attaques d’aleurodes observées cette année ont été atténuées par l’utilisation d’auxiliaires, et par l’implication des salariés dans cette lutte intégrée contre les ravageurs.
[caption id=”attachment_23476″ align=”aligncenter” width=”605″] L’activité de production de tomate génère des déchets. Ils sont recyclés au maximum par Jean-Yves Le Nard, de l’EARL Tom’Pousse.[/caption]
« Nous avons lâché, par 4 vagues successives en janvier, des macrolophus dans les plants non effeuillés pour qu’ils se reproduisent. Très précoces, ces attaques peuvent être évitées par l’introduction de macrolophus chez le producteur de plants. Les lâchers d’encarcia formosa ont été continus de janvier à juin. Enfin, les aphydoletes ont été utilisés en cas d’attaque de pucerons ». Une batterie de solutions qui permet au producteur de se passer de produits phytosanitaires, une façon de toucher du doigt un système maraîcher biologique : « Le support organique de la culture est en fibre de coco. Nous nous engageons dans une réelle démarche de limitation de l’utilisation de produits de traitement », confie-t-il.
Les chevaux aiment les tomates
Les intrants sont en grande partie recyclés. Ainsi, les pains de supports de cultures sont « désachés » pour récupérer le plastique, et le substrat est livré chez Tourbières de France. « J’ai un voisin qui s’est installé pour éduquer les jeunes chevaux de course qui reprend le substrat pour damer la piste et rendre le sol plus souple pour les articulations des poulains. » Les feuilles des cultures sont épandues sur les terres de voisins agriculteurs.
La gestion de l’eau fait aussi l’objet d’une attention particulière, comme en témoigne le sort réservé aux eaux de drainage. « La désinfection est réalisée dans un échangeur équipé d’une dizaine de lampes UV. Cette eau traitée est réutilisée. De cette façon, nous recyclons 100 % de l’eau injectée ». Nous traitions auparavant à l’aide d’un système thermique. L’installation actuelle à lampe à UV « est plus chère à l’installation, mais plus fiable, très compacte et ne nécessite qu’un seul entretien annuel ». Une gestion des déchets prise en compte par Jean-Yves Le Nard, mais qu’il estime « de plus en plus lourde », comme le recyclage des plants, rendu difficile avec les ficelles et les demi-lunes qu’ils contiennent.
[caption id=”attachment_23474″ align=”aligncenter” width=”599″] L’eau est désinfectée à l’aide de lampes UV.[/caption]
Maîtriser le climat
Depuis son installation en 1999, le producteur finistérien a vu les hauteurs des serres augmenter régulièrement. « Nous sommes passés d’une hauteur de 4,5 mètres à la création de l’entreprise à 5,70 mètres pour les dernières réalisations. La maîtrise du climat est meilleure, les végétaux subissent moins les chaleurs de l’été. Le système de cogénération chauffe l’ensemble des serres, de novembre à fin mars. Nous gagnons là aussi en état sanitaire, nous rentrons plus tôt en production, avec plus de rendement à la clé ».
Présente dans les dernières serres montées, le système de ventilation active de chez Horconex met la serre en surpression, pour renouveler et déshumidifier l’air, « tout en ventilant le moins possible. Le but est d’augmenter la part de C02 : de 350 ppm dans une serre classique, nous passons à 800 voire 1 200 ppm. Bien sûr, le système n’est pas nuisible pour les opérateurs présents dans la serre ». Les différentes serres de l’exploitation montrent l’évolution des techniques de production, avec au final des bâtiments très lumineux, laqués en blanc, où le seul facteur limitant la production sera la luminosité. Une maîtrise technique et biologique qui laisse tout de même un sentiment de frustration au producteur. « Notre démarche, très proche de la production biologique, peut être contrariée par l’importation de tomates européennes, non soumise à la même réglementation ». La communication doit encore et toujours passer par la compréhension du consommateur vis-à-vis des techniques alternatives employées par les serristes bretons.