epandage-analyse-lisier - Illustration Le capteur lit en direct la teneur en azote du lisier

Le capteur lit en direct la teneur en azote du lisier

Un nouveau capteur embarqué sur les tonnes permet de connaître en direct la teneur en azote du lisier lors de l’épandage. Cette innovation tourne en Bretagne depuis quelques mois. 

[caption id=”attachment_22182″ align=”alignright” width=”255″]Pierre-Henri Hamon présente le capteur par lequel tout le lisier envoyé de la cuve vers la rampe d’épandage est analysé et en continu. Pierre-Henri Hamon présente le capteur par lequel tout le lisier envoyé de la cuve vers la rampe d’épandage est analysé et en continu.[/caption]

« C’est le premier capteur du genre qui tourne sur le terrain en France », démarre Pierre-Henri Hamon, entrepreneur de travaux agricoles à Guer (56) et Iffendic (35). Ce passionné d’agriculture de précision est à l’initiative du projet Cléo, groupe d’ETA de l’Ouest pour mettre en service des matériels innovants. Après avoir développé le capteur N-Sensor capable de mesurer le développement de la culture (biomasse) pour commander la modulation de l’apport d’engrais minéral, il a ouvert un nouveau dossier. « Celui de la connaissance fine des engrais de ferme. En Bretagne, la première source d’azote est d’origine animale. Pour la valoriser au mieux, il faut un épandage optimisé. »

Azote, phosphore et potasse en direct

Livré en février, le nouveau capteur est embarqué sur une tonne de l’entreprise familiale. « Tout le lisier envoyé de la cuve vers la rampe est analysé en instantané et en continu. Le chauffeur peut ainsi lire en direct la teneur en azote, phosphore et potasse du produit épandu. Ensuite, toutes les données sont extraites pour produire des cartes d’épandage. » Surtout, selon cette mesure, la console en cabine pilote l’ouverture de la vanne de la tonne et la vitesse d’avancement du tracteur pour moduler la dose de lisier apporté, « par exemple en fonction d’une carte précédente de biomasse ou de rendement . » Par ailleurs, certains agriculteurs veulent simplement un apport linéaire non pas en volume mais en unités d’azote sur l’ensemble d’une parcelle. Ce système le garantit.

Chaque point de protéine ou d’amidon gagné, ce sont des kilos de cochon ou des litres de lait à l’arrivée.

Les premiers pas du capteur ont été riches d’informations. En confirmant par exemple l’importance de bien brasser le lisier d’une fosse avant de le pomper. « Sans brassage, on a mesuré des teneurs en azote de l’ordre de 2 unités / m3 en haut de fosse contre 5 unités / m3 dans le fond. » Dans la pratique, sans brassage, cela signifie que l’apport au champ peut varier de 60 à 150 unités / ha en fonction du lisier reçu. « Et comme on commence toujours son épandage au même endroit dans une parcelle et qu’on tourne ensuite dans le même sens, année après année, on crée des zones sous ou surfertilisées avec à l’arrivée une hétérogénéité intraparcellaire du rendement. À 150 unités / ha, un maïs a trop d’azote, mais à 60 il en manque. Mesurer en continu et cartographier va dans le sens de valoriser au mieux chaque unité épandue. »

De l’unité d’azote au kilo de cochon

Pour Pierre-Henri Hamon, « l’idéal est donc de brasser si possible tout au long de l’opération de vidage de la fosse, et au minimum à la fin car il y a toujours un phénomène de sédimentation. » L’accumulation des mesures, ce printemps, a même montré qu’une « resédimentation rapide du lisier au cours du transport est possible selon qu’on parcourt 500 m ou 15 km jusqu’au chantier ». Et même des différences de richesse en azote entre un début et une fin de cuve de 25 000 L lors d’un épandage. Grâce à l’accumulation de cartes (biomasse et fertilisation minérale, épandage, rendement), l’entrepreneur s’attache à « lisser » les sources de variabilité en cherchant à gagner des points de protéines ou d’amidon sur l’ensemble d’une parcelle. « Car à l’arrivée, ces progrès représentent des kilos de cochon ou des litres de lait pour les éleveurs bretons. » En effet, depuis mai, le capteur est aussi capable d’analyser en direct les lisiers bovins.

Une assurance pour les prêteurs de terre

« Chez moi, une fosse de réception de 600 m3 est alimentée par les lisiers venant des différentes salles. Ceux issus des gestantes titrent 2,5 à 3 unités d’azote / m3 contre 7 pour ceux provenant des engraissements », explique un producteur de porc de Pipriac (35). Dans la fosse, la composition du mélange évolue donc au fur et à mesure que les différents réseaux s’y déversent. « Auparavant, il fallait sans arrêt analyser les teneurs à l’aide du Quantofix au moment de l’épandage. » Mais depuis ce printemps, grâce à la mesure en direct du capteur embarqué sur la tonne, ce n’est plus nécessaire.
« Sur la facture de l’ETA, est précisé le volume de lisier transporté, désormais le nombre précis d’unités d’azote épandues. Ainsi, il ne peut y avoir aucune ambiguïté dans les relations avec le prêteur de terre. La quantité d’azote convenue est livrée et certifiée », apprécie l’éleveur qui a découvert cette technologie lors des épandages de mars sur blé et d’avril sur terrains à maïs chez son prêteur. « Je suis preneur de ces innovations qui permettent d’être très précis vis-à-vis de la réglementation environnementale. »


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article