fdsea-manifestation-crise-conjoncture-porc-mpb-action-sensibilisation-grande-distribution-blocage-gms - Illustration La FDSEA crée une Zone agricole en danger

La FDSEA crée une Zone agricole en danger

Après la manifestation des Bonnets roses jeudi 14 janvier à la Maison du porc à Plérin, la FDSEA prévoit des actions pour sensibiliser l’État et la distribution à la gravité de la situation des filières.

Alors que les campagnes bruissent de la naissance de la Sef dans la région de Loudéac, un regroupement spontané d’éleveurs bretons pour le Sauvetage de l’élevage en France (Sef), Didier Lucas, président de la FDSEA, explique n’être « contre aucune action qui servira à sauver le maximum d’éleveurs. » Mais alors que certains clament « le marché, rien que le marché », le producteur de porc s’emporte : « Ce n’est pas humain ce qui se passe. Des jeunes qui bossent comme des fous se retrouvent aujourd’hui presque à la rue… Psychologiquement, c’est extrêmement dur. Il y a une telle pression sur les résultats techniques que tous les porchers vivent actuellement en stress permanent. »

Selon les centres comptables, « dans le Finistère, 40 élevages jettent déjà l’éponge et 150 suivront dans le mois qui vient… » Au niveau régional, « 15 à 20 % vont rapidement déposer le bilan et 20 % seront en situation très compliquée. » En conséquence, il faut s’attendre à une baisse de production « conséquente »…  Pour le syndicaliste, « les prix maison des abattoirs qui écrèment au cours européen n’ont pas de sens. Avec ce fonctionnement à la petite semaine, toute la filière va finir par tomber car l’endettement qui s’accroît devra être réparti sur ceux qui restent qui ne pourront le supporter… »

Blocage de Saint-Brieuc et de GMS

Dès la semaine prochaine, les agriculteurs, « toutes productions confondues », vont passer à l’action. Le syndicat annonce un blocage de la ville de Saint-Brieuc. « Nous allons symboliquement créer une Zad, Zone agricole en danger, pour interpeller l’État qui n’a visiblement pas conscience de la crise profonde et durable que nous vivons. Lui montrer qu’il faudrait sanctuariser d’une certaine manière l’agriculture pour la préserver. Lui faire comprendre qu’elle doit prendre des mesures d’urgence bien plus conséquentes que les pansements du 3 septembre dernier. Il manque 0,3 € / kg de cochon et 60 € / 1000 L en lait », explique Yves Bazy, secrétaire général de la FDSEA 22. Dans la foulée, des actions aux abords des GMS sont prévues, « notamment chez ceux qui traînent les pieds dans les négociations commerciales qui ont lieu entre grande distribution et industriels. »

Une aide directe comme en Espagne

Didier Lucas considère que les dirigeants « acceptent aujourd’hui de sacrifier une partie des éleveurs. » Il regrette qu’on s’en tienne seulement au marché « alors qu’on ne peut plus suivre le prix européen, sans recherche de contractualisation, d’autre système de vente… » Il plaide pour une simplification des cahiers des charges : « Un bio, un label et un porc français. Les trois appartenant aux éleveurs. » Pour lui, il n’y a plus que deux solutions pour sortir de l’ornière : « Une aide directe à la truie (et à la vache) comme l’Espagne qui arrive à en distribuer pour soutenir son agriculture en crise et une contractualisation entre GMS et producteurs garantissant un prix plancher. Car il y a de la marge sous la pédale : entre un cochon au cadran à 1,38 €/kg l’été dernier ou à 1,07 aujourd’hui, le prix du porc au consommateur n’ a pas bougé… »

Les autres filières ne vont pas mieux. En lait, on parle « de 8 à 10 % des producteurs » qui auraient du mal à passer les 6 premiers mois de 2016. En viande bovine, « on décapitalise » et les trésoreries sont asséchées. En volaille, « c’est plus de lots à mener et plus de boulot pour moins de rentabilité et de résultat » à l’arrivée. « Tout le monde est au pied du mur. Tout l’élevage est en train de partir de France. L’État et le consommateur veulent-ils la même chose que l’Angleterre qui importe désormais quasiment toute son alimentation après avoir cassé son agriculture ? Et prendre le risque comme sur le secteur des jouets, d’importer des articles à la peinture au plomb ? » On se rappelle la visite de Manuel Valls il y a un an sur des élevages porcins en grande difficulté dans les Côtes d’Armor. « Il doit revenir. Jean-Yves Le Drian est aussi attendu. Le Gouvernement n’a pas pris la mesure de ce qui se passe dans les exploitations… » Toma Dagorn

PAC 2015 : La FDSEA exige le déblocage immédiat de la Pac pour tous. Problème a priori administratif, inédit en Europe :  il est inadmissible, que des éleveurs n’aient pas touché 100 % de leur montant d’aides Pac 2015.


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