concours-bovin-brune-claude-le-herve - Illustration Concours bovin : un Français a enfin jugé au Canada

Concours bovin : un Français a enfin jugé au Canada

« Réalisant un rêve », le Breton Claude Le Hervé, enseignant et juge officiel, a dirigé le concours Brune à Saint-Hyacinthe et participé au classement du tout nouveau championnat inter-races. 

Traditionnellement réservé au Holstein et Red Hols-tein, le concours de Saint-Hyacinthe au Québec a donné naissance en novembre au « Suprême laitier » en accueillant désormais des Brunes, Ayrshires, Jersiaises et Canadiennes. Point d’orgue de l’événement : la finale inter-races.

À cette occasion, le Breton Claude Le Hervé a eu l’honneur d’officier sur le ring. Juge officiel Prim’Holstein depuis 1997, cet enseignant du lycée Pommerit (22) est ainsi le 1er Français, « et le 3e Européen », à diriger un championnat au Canada. Une présence qui ne doit rien au hasard. « J’ai été invité par le syndicat de race Suisse Brune. La nouvelle présidente, Chantal Leclerc est maîtresse de stage et reçoit régulièrement des étudiants sur sa ferme », explique Claude Le Hervé qui, en plus de dispenser des enseignements techniques au lycée agricole, est chargé de développer les relations de l’établissement à l’étranger. L’homme qui « place 65 BTS à travers la planète chaque année » avoue que « sans relation, il n’y a aucun espoir » de juger là-bas. « Il faut avoir un réseau, avoir montré ses compétences… » Après déjà 16 séjours au Canada, la porte a fini par s’entrouvrir : « Ma chance était de connaître Chantal qui voulait apporter des idées nouvelles à son syndicat. Elle m’avait déjà sondé, mais encore fallait-il convaincre son conseil d’administration… »

« La même langue, pas le même langage »

Sur place, Claude Le Hervé a fait le choix d’un traducteur. « Si mon anglais est suffisant pour être lâché dans la nature anglophone, il reste trop pauvre pour un ring. Mes commentaires auraient vite tourné en rond. Et puis, j’ai préféré ménager le public en leur évitant mon accent breton… », avoue l’espiègle professeur. « J’avais un bon traducteur qui venait du monde agricole et connaissait les termes techniques pour faire passer mon message. Seul, je n’aurais pas eu cette précision. »

Pour autant, le Breton met en garde : « On parle la même langue, mais pas le même langage. Je me suis rendu compte pour mon 2e commentaire qu’au Québec “la meilleure mamelle de la section” n’existe pas. On dit “le meilleur pis de la classe”. Il a fallu rapidement s’adapter. » Si le Français avait la responsabilité du « plus petit concours » avec trente animaux engagés le jeudi, « la qualité était au rendez-vous. » Il note notamment que « le modèle de Brune au Canada présente des caractères laitiers plus marqués qu’en France. » Au final, Claude Le Hervé a sacré Fantasy, appartenant à Josée Charron et Dave Rousseau de la ferme Brown Heaven, « un animal magnifique qui venait de terminer Réserve grande championne à Madison. »

L’apothéose de l’Inter-race

Et le Costarmoricain n’était pas au bout de ses émotions. Le lendemain, il était de retour sur le ring pour le championnat inter-races. « En France, ce classement s’effectue en cumulant les points des fiches individuelles de chaque juge. A Saint-Hyacinthe, les 6 juges devaient discuter entre eux et se mettre d’accord pour sortir la meilleure génisse du concours… Le plus rassurant était que nous étions toujours en phase. » Enfin, le samedi soir, « à l’occasion d’un show incroyable où les vaches traversaient une fumée de neige carbonique et des rayons de lumière, accompagnées par un violoniste, nous sommes revenus pour désigner ensemble la Holstein RF Goldwyn Hailey Championne Suprême du 1er Suprême laitier organisé au Québec ! » Toma Dagorn

L’avis de Claude Le Hervé, Juge français

Au printemps, j’ai repassé mon agrément de juge Prim’Hols-tein France. Ayant constaté que j’avais baissé sur la qualité de mes commentaires, j’ai beaucoup insisté sur ce point pour préparer Saint-Hyacinthe. Notamment lors de 4 comices en Bretagne, j’ai travaillé sur le fond et la forme en cherchant à structurer mon propos, à soigner les liaisons, à varier les adjectifs grâce à la richesse de notre langue. Souvent, je partais des extrêmes, par exemple une profondeur de sillon absente ou fortement marquée, et je cherchais les nuances que je pouvais utiliser entre les deux.

Il faut aussi s’intéresser à la culture du pays. J’ai regardé en détail les vidéos des concours là-bas, comme Madison (USA) par exemple. Ecouté avec attention les commentaires des juges. Mais je n’ai pas essayé de les imiter. Mieux vaut garder sa French touch. Par exemple, j’ai serré la main et fait un commentaire à tous les participants pour les remercier du travail accompli. Au Canada, c’était inhabituel, mais les éleveurs ont apprécié.


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