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Le pâturage offre de la protéine sur pied

La prairie est une grosse machine à fabriquer des protéines. Un hectare de ray-grass produit plus d’une tonne de protéines par an ; un hectare de RGA-TB parvient à fournir 2 tonnes.

Les cultures fourragères produisent des quantités importantes de protéines à l’hectare. Du moins si les conditions naturelles de pousse sont optimales, quitte à les favoriser en donnant un petit coup de pouce par l’engrais. Et à condition aussi que tous les moyens soient mis en œuvre pour aller chercher ces protéines à pas cher. Or, ce n’est pas toujours le cas si l’on en croit les bilans fourragers moyens bretons qui font état de rendements de 6 t MS/ha en herbe dans des sols dont le potentiel dépasse les 10 t MS/ha.

Il faut de l’azote

Si la production de protéines d’une légumineuse est étroitement liée à la fixation symbiotique d’azote, celle d’une graminée varie fortement selon la fertilisation azotée. Ainsi, des expérimentations, réalisées à la station d’amélioration des plantes fourragères de Lusignan (86), ont montré qu’un apport de seulement 40 unités d’azote sur fétuque fauchée (les résultats seraient comparables avec un ray-grass) fait chuter la production de protéines à 500 kg/ha (liée à la chute du rendement et à la composition des feuilles). En absence de fertilisation azotée, la teneur en MAT (matière azotée totale) de l’herbe dépend d’abord et surtout de la fourniture d’azote par le sol, et plus localement, dans un système pâturant, de la restitution d’azote par les déjections des animaux.

[caption id=”attachment_9552″ align=”aligncenter” width=”300″]La production de protéines prairiales variera selon le stade La production de protéines prairiales variera selon le stade.[/caption]

Avec 180 unités d’azote, la production monte à 1 200 kg de MAT pour un rendement récolté de 11 t MS. Cette production correspond à l’équivalent protéinique de 2,3 t de soja. Les expérimentations réalisées à Lusignan ont même montré que la graminée pouvait répondre très favorablement à une fertilisation de 380 unités d’azote : 2,2 à 2,5 tonnes de protéines par hectare. Mais ça, c’est pour l’expérimentation…

L’effet azote

L’augmentation de la teneur en MAT de l’herbe sous l’effet de la fertilisation azotée s’accompagne d’une baisse de la part d’azote protéique au profit de l’azote non protéique, qui s’accumule dans la plante sous forme de nitrate. Les sucres solubles quant à eux voient leur teneur baisser dans la plante avec l’augmentation de la fertilisation. Alors que la valeur des PDIE varie peu sous l’effet de la fertilisation azotée, celle des PDIN y est très sensible. Cela peut devenir un facteur limitant et être préjudiciable, car en cas d’excès, l’équilibre des rapports protéines/énergie est perturbé et la digestion microbienne est moins efficace.

Augmenter la production par unité de surface

Dans le contexte actuel de bornage de la fertilisation azotée par la réglementation environnementale, l’utilisation d’associations graminées et de légumineuses permet de maintenir une productivité fourragère élevée. Outre l’économie d’engrais, cette combinaison améliore fortement la teneur en protéines par rapport à des graminées normalement fertilisées. Contrairement à ce que l’on croit parfois, la légumineuse ne fournit pas ou très peu d’azote à la graminée compagnon à partir de racines vivantes via des sécrétions et des exsudats racinaires. Par contre, la sénescence des racines et des nodosités, sites de fixation symbiotique de l’azote atmos-phérique et organes riches en protéines, va permettre via la minéralisation de la matière organique, la fourniture d’azote à la graminée associée. Le transfert d’azote de la légumineuse vers la graminée compagnon augmente en présence de pâturage car les déjections animales vont alors assurer ce transfert. La présence d’une légumineuse comme le trèfle blanc améliore nettement la teneur en MAT du fourrage récolté, voire aussi sa digestibilité. Tout cela sans augmenter les coûts liés à la fertilisation et en limittant les pertes en azote par lixiviation.

Récolte au bon stade

  • Pâturage :

Les rythmes d’exploitation rapide permettent de valoriser la qualité des jeunes pousses. Plus le rythme est rapide plus l’herbe est riche en protéines. Par exemple, on gagne 20 points de PDIN et 7 points de PDIE sur des repousses de RGA de 4 semaines par rapport à des repousses de 6 semaines.

  • Fauche :

Le compromis entre rendement et qualité se situe généralement entre les stades « épi 10 cm » et « début épiaison ». La valeur protéique évolue différemment pour une même plante à un stade donné si la plante est consommée en pâturage, ensilée à 33 % d’humidité, enrubannée à 55 % ou si elle est fanée en bonne ou mauvaise condition.

Il y a protéines et protéines

Reste que la forte solubilité des protéines fourragères crues limite leur valeur alimentaire, notamment chez les animaux à haut niveau de performance. Toutefois, ceci ne constitue pas un handicap majeur car, physiologiquement, l’appareil digestif des ruminants a la capacité de bien valoriser l’azote soluble des fourrages quand il y a suffisamment d’énergie en face. En témoigne la jauge du tank quand les vaches consomment de l’herbe de printemps. A noter encore qu’il existe des différences de solubilité entre espèces végétales, voire entre variétés. Tout comme la forme sous laquelle est proposée le fourrage modifie la forme des protéines : par exemple, l’ensilage de légumineuses sans tannins ou de fourrages riches en MAT conduit à une forte dégradation des protéines, qui sont alors mal valorisées par les ruminants. Parmi les légumineuses sans tannins, le trèfle violet fait exception à cette situation car la présence d’un composé particulier limite fortement la dégradation de l’azote, réduit la quantité d’azote non protéique dans l’ensilage et améliore la valeur nutritive du fourrage ensilé. Didier Le Du


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