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Maïs 2015, des valeurs alimentaires à transformer

En Bretagne, 2015 est globalement un bon cru pour le maïs ensilage. Si 2014 restera dans les annales pour le rendement, la cuvée de cette année se caractérise par une digestibilité très élevée. Sur le papier, ce fourrage devrait pouvoir pleinement assurer son rôle d’apporteur d’énergie dans la ration des bovins. Reste à bien l’utiliser…

De façon générale, la transition avec le nouveau maïs s’est beaucoup mieux déroulée que l’an passé. Premièrement, les très bons rendements 2014 ont permis de constituer un stock de report pour la transition de cet automne. Ce cap a aussi été facilité par l’excellente arrière-saison de pâturage dont ont bénéficié  les élevages disposant d’une surface minimale de pâture. Deuxièmement, le développement et l’état de la culture ont induit un taux de sucres important dans le produit ensilé le jour de la récolte. En a découlé un process de fermentation rapide et efficace, avec une bonne acidification (pH < 3,8).

[caption id=”attachment_11135″ align=”aligncenter” width=”300″]Profil des maïs ensilages en 2015 (analyses Capinov) Profil des maïs ensilages en 2015 (analyses Capinov).[/caption]

2015 : année de la digestibilité ?

Au niveau des valeurs analytiques, la DMO na (indicateur de la digestibilité de la partie tiges & feuilles) affiche une valeur historiquement élevée (près de 60 %). Confirmée par d’autres résultats, cette qualité de cellulose est, entre autres, le résultat de températures minimales plutôt élevées lors du démarrage de la culture. Le maïs est, faut-il le rappeler, une plante d’origine tropicale. Il se plaît certes en conditions humides mais est surtout très pénalisé par le froid (qui induit une lignification). En complément, le grain semble aussi être souvent moins vitreux que l’an dernier. Quand le hachage est conforme à l’objectif, à savoir la pulvérisation des grains, on obtient ainsi cette année un fourrage avec une énergie à disponibilité immédiate. Le contexte est donc bien différent de celui de l’an dernier à la même époque. La complémentation  des rations de base avec de l’énergie fermentescible (amidon rapide) est moins nécessaire.

Bien démarrer…

Le cadre d’utilisation de ce nouveau fourrage doit s’envisager selon un schéma tripartite 15/3/1 : 15 kg MS d’ensilage maïs (maxi), 3 kg de fourrage complémentaire (type conserve « herbe ») et 0,5 à 1 kg de fibres sèches. Ce dernier point n’est pas indispensable dans toutes les rations. Il est à étudier au cas par cas, selon l’équilibre métabolique observé sur le troupeau. Le deuxième point est, en revanche,  incontournable. Il s’agit d’éviter le maïs “plat unique”  en utilisant en complément un fourrage de très bonne valeur cellulosique.  Le critère important est ici la digestibilité du NDF (%). Elle doit être supérieure à celle de l’ensilage maïs (> 60 %) pour observer une plus-value technique liée à ce fourrage complémentaire. Concernant notre pilier des régimes hivernaux et en vue d’une bonne efficacité alimentaire, le maïs ensilage ne doit pas être consommé à plus de 15 kg MS. Alors, à vos pesons et calculatrices ! Face à cette « abondance » d’énergie fermentescible, la complémentation azotée devra contenir un panel de sources pour garantir une synchronisation adéquate dans le rumen : protéines rapides pour valoriser l’amidon dégradable , protéines lentes pour « caler » avec la cellulose digestible. Concernant l’accompagnement énergétique des vaches fraîchement vêlées, il devra plutôt s’orienter vers de l’amidon by-pass (maïs grain sec) en complément d’un relais cellulose digestible.

…tenir dans la durée.

Passer d’un maïs «  vieilli  » à  un fourrage plus frais impose au foie de la vache une adaptation de son fonctionnement. Selon les situations, le changement de voie métabolique peut induire un contre – coup « hépatique ». Une chute de taux protéique (TP) du lait de plus de 0,5 g /L avant la fin d’année peut orienter vers ce diagnostic. Par ailleurs, au vu du profil du maïs 2015, l’acidose va guetter rapidement. Alors, soyez attentifs et réactifs dans le suivi du cheptel. Les conséquences de ces dérives ne se mesurent souvent pas instantanément. Prudence aussi, et actions synchronisées obligatoires sur les apports nutritionnels en situation de frein sur la productivité laitière en fin de campagne.

[caption id=”attachment_11136″ align=”aligncenter” width=”300″]Principes clefs de management de la distribution de la ration de base Principes clefs de management de la distribution de la ration de base.[/caption]

Manager la distribution

Dans beaucoup d’élevages, les rations sont cohérentes dans leur composition. En revanche, c’est autour de la distribution et de la prise alimentaire des animaux que des approximations sont faites. Obtenir une consommation régulière tout au long de la journée (pas de repas trop important, pas de tri) est un cap majeur à fixer (cf. schéma ci-contre). En élevage laitier, les nouvelles technologies se développent mais des fondamentaux demeurent ! Ronan Le Gall / Triskalia


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