bovin-viande-pac-reforme-revenu-agricole-velage-croissance-insemination-vache-allaitante - Illustration Les projections de la nouvelle Pac s’annoncent inquiétantes

Les projections de la nouvelle Pac s’annoncent inquiétantes

La réforme de la Pac pourrait entailler le revenu annuel de Thierry Guérin de 10 000 euros. L’exploitation totalement spécialisée devra encore accroître son efficacité pour perdurer, sans trop compter sur une absorption de la perte économique par les marchés.

Jusqu’à présent, Thierry Guérin, éleveur allaitant spécialisé à Fleurigné (35), équilibrait son coût de production avec le produit de son atelier viande, incluant du Label, de la vente directe et des aides. Mais demain avec la réforme de la Pac, cet équilibre pourrait être remis en cause. Sur l’exploitation qui compte 65 vaches en 2013 (année de référence évoquée), les aides couplées passeraient de 16 000 € actuellement à 9 750 €/an. S’ajouterait à cela une chute de 13 % sur les DPU dès 2015, et de 15 % en 2019, par rapport au niveau actuel de 24 800 €. « La perte serait de l’ordre de 10 000 € par an au total sur l’exploitation. Cette réforme s’annonce comme une douche froide pour beaucoup d’éleveurs », précise Martine Verger, responsable du pôle économique d’Eilyps. D’où l’importance d’aller chercher davantage de productivité sur les exploitations, en optimisant la production de viande et la main-d’oeuvre. « Regarder son coût de production des 100 kg de viande vive permet de mettre en évidence les marges de manœuvre. »

Croissances et inséminations

Les chiffres, Thierry Guérin les utilise déjà beaucoup pour piloter son exploitation. « Sans repères, c’est difficile d’avancer », a-t-il souligné lors d’une porte ouverte organisée par Eilyps sur son élevage. Installé en avril 2003 après avoir travaillé comme technicien Bovins Croissance en Mayenne, il a aujourd’hui recours au contrôle de performances, effectuant tous les quatre mois des pesées sur les veaux, les génisses jusqu’à deux ans et les taurillons jusqu’à l’abattage. Souhaitée soutenue, la croissance est surveillée de près. L’éleveur adhère par ailleurs au Herd-Book Charolais. Entièrement spécialisé en viande bovine, le système naisseur-engraisseur (72 vêlages par an, 60 JB) est assis sur une SAU de 85 ha servant exclusivement à l’alimentation des bovins : 13 ha de maïs ensilage et 72 ha de prairies. Seule la paille et la complémentation sont achetées. « Comme les cours des JB sont moins intéressants actuellement, je teste la production de bœufs en contrat (Bœuf de nos régions). Le coût de production des bœufs, qui partent à 24-30 mois, se rapproche du coût de production des taurillons, vendus à 15,5 mois en moyenne. »

Vêlages à 30 mois

Côté bâtiments, l’éleveur dispose de deux stabulations, entre lesquelles se trouvent un parc de contention très fonctionnel et un hangar. « Je projette la mise en place d’un autre bâtiment pour pouvoir loger tous les animaux. » Avec deux périodes de naissances (mars à mai et août à octobre), Thierry Guérin vise des 1ers vêlages à 30 mois en moyenne. « Sur une génisse qui correspondait au niveau du poids à l’IA (500 kg), je tente même actuellement un vêlage à 24 mois. » Toutes les génisses et beaucoup de vaches (surtout en hiver) sont inséminées : près de 70 % d’IA en tout. Les facilités de naissance, le squelette et le lait sont particulièrement cultivés sur l’élevage. Deux taureaux prennent le relais.
Malgré un coût de production supérieur aux éleveurs de la même catégorie (naisseurs engraisseurs Charolais intensif), Thierry Guérin affiche davantage de rentabilité, liée à un produit et des aides plus élevés. Demain, il va devoir explorer d’autres pistes pour accroître encore sa performance. Pas simple, mais intéressant cependant. Agnès Cussonneau

L’avis de Maud Marguet, du service économie de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine

Les PMTVA vont être abandonnées. Seules les vaches seraient primées avec une aide de 200 € pour les 40 premières et d’environ 70 € pour les suivantes. Un choc pour les éleveurs, car les PMTVA en Bretagne sont souvent plus importantes que le nombre de vaches. La référence serait le nombre d’animaux présents en 2013. Les nouveaux producteurs pourraient également bénéficier des aides, mais avec un accès régulé. Les critères d’attribution de l’aide à l’engraissement vont être à préciser sur 2014. Pour les veaux bio, les aides sont reconduites. Les éleveurs devront aller chercher des compléments sur les aides aux cultures riches en protéines et sur le second pilier (modernisation des bâtiments, nouvelles MAE, outils de gestion des risques).


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