La nouvelle Pac préoccupe les éleveurs allaitants

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Les élevages naisseurs-engraisseurs de l’Ouest pourraient voir leurs aides Pac diminuer d’un quart. Pour les naisseurs et plus encore les herbagers, la perte serait moindre.

Même si tous les arbitrages ne sont pas encore réglés au niveau français, et devraient être livrés en juillet, la nouvelle Pac s’annonce globalement défavorable pour les éleveurs allaitants de l’Ouest de la France. Surtout pour les systèmes avec DPU élevés du fait de la convergence, et des surfaces plus petites que dans le Centre de la France. Beaucoup vont également voir les montants d’aides couplées fondre. Frédéric Guy, conseiller bovin viande à la Chambre d’agriculture 35, donne l’exemple d’un élevage naisseur-engraisseur (1,2 UMO), avec une SAU de 65 ha et 72 vêlages. Un cas courant dans l’Ouest. « Ce producteur pourrait voir ses aides découplées progressivement passer de 327 €/ha (DPU) à 264 €/ha en 2019 (cumul du DPB ou Droit à paiement de base + aide « verte » + surprime aux premiers ha) », chiffre-t-il. Avec un cheptel de 48 vaches et 32 JB, dans l’hypothèse d’aides couplées en 2019 à 187 €/vache pour les 40 premières, puis 78 € pour les suivantes et une prime d’engraissement de 11 €/tête, l’aide à l’ha passerait de 509 à 389 € en 2019, soit -24 %. « Pour renflouer cette perte, le niveau de prix du taurillon Limousin devrait passer de 3,93 à 4,22 €/kg de carcasse, et en vache de réforme, de 4,79 à 5,11. »

Les génisses perdent leurs PMTVA

« Nous sommes aujourd’hui sûrs que les aides couplées (PMTVA) vont être réservées aux vaches vêlantes, les génisses n’en feront plus partie », précise Jean-Louis Hervagault, président de l’association Salers de l’Ouest, en assemblée générale mercredi à Orgères (35). « La notion d’historique n’existe plus avec la nouvelle Pac. Les aides couplées visent le soutien des productions, et donc les vaches directement », ajoute Christian Veillaux. Mais alors que la France totalise 3,7 millions de droits PMTVA, le nombre de vaches allaitantes qui pourraient être concernées est de 4,5 millions. Le gâteau va donc devoir être divisé.

Le marché s’ajustera-t-il ?

« C’est le scénario le plus catastrophiste. La profession peut encore se battre sur plusieurs points, pour limiter la “casse” », précise Christian Veillaux, responsable production animale à la Chambre d’agriculture 35. Dans le cas d’un élevage naisseur de 75 ha et 72 vêlages dont 20 génisses, la perte est moindre, à -8 %. Le prix du broutard doit dans ces conditions passer de 950 à 975 € pour compenser la perte. Pour un naisseur herbager sur 85 ha avec 72 vêlages dont 18 génisses, le niveau d’aides reste équivalent.

Se voulant plus optimiste, Christian Veillaux a proposé aux éleveurs de tirer des enseignements du passé. « Il y a quelques années, la filière française pensait ne jamais être compétitive face au Brésil et à l’Argentine. Aujourd’hui, leurs cours nous rejoignent. Nous pensions que la consommation de viande bovine baisserait. C’est le cas en Europe, mais pas dans le reste du monde. De même, on ne pensait pas que le marché s’ajusterait peu à peu sur les coûts de production… » Le conseiller souligne enfin le fait que des progrès sont encore possibles via la maîtrise des charges et la recherche de productivité, et ce, quels que soient la taille, la race ou le système de production. « Des écarts de revenu importants existent. » Agnès Cussonneau


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