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Besoin de sécuriser l’installation en viande bovine

S’installer en viande bovine est difficile du fait du manque de rentabilité et de la forte capitalisation propre à ce secteur. Des pistes sont à travailler pour que les éleveurs puissent dégager davantage de revenu.

Dans un contexte de consommation en baisse, sauf pour les niches qualité et le steak haché, le gros problème de la production bovine demeure le manque de rentabilité et la capitalisation. « Les éleveurs capitalisent du cheptel et du foncier qui ne sont pas amortis. C’est du revenu non encaissé sur le compte. Le cheptel pèse 70 à 75 % du capital total. » La filière pourrait sans doute travailler sur ce point qui détériore les trésoreries des éleveurs. L’allongement des prêts pourrait être envisagé, ainsi que la mise en place de fonds de participation familiaux ou extérieurs. « Il faudrait pouvoir financer le cheptel autrement. Les Hollandais par exemple ne payent pas le capital, seulement les intérêts. »

D’autres formules de financement

« Est-ce que ça vaut le coup que le cheptel m’appartienne », se questionne Sébastien Perron, installé depuis 6 ans en viande bovine. Les difficultés de trésorerie sont courantes sur l’élevage, et les prélèvements privés sont réduits. « C’est difficile d’avancer. Si c’était à refaire, je préparerais davantage mon installation en empruntant peut-être plus et en triant mieux le troupeau. »

« Dans une installation, la banque tient compte de la performance technique, mais pas seulement, c’est un ensemble. Chaque cas est particulier. Nous regardons aujourd’hui les financements différents comme le portage foncier, le crowdfunding*… Mais il faut que tout le monde gagne sa vie », souligne Christian Perron, président de la caisse régionale agricole du Crédit Mutuel de Bretagne. Des fonds engagés par la filière peuvent aussi donner du crédit au jeune qui s’installe. « Chacun a un intérêt à ce que ça marche. »

Un EBE de 800 €/vache minimum

Lors de l’installation, bien souvent le besoin en trésorerie est sous-évalué pour moderniser, se développer et permettre les prélèvements. Pour qu’une installation soit réussie, il faut tabler sur un EBE (excédent brut d’exploitation) de 800 €/VA (vache allaitante) au minimum et une maîtrise de l’investissement. Sur le travail, 50 000 kg de viande vive produite par UTH peuvent être un repère. Pour plus d’efficacité dans le travail, le regroupement du foncier est une piste, l’orientation génétique de type mixte une autre…

Prêt de 600 € par animal reproducteur

C’est dans cet esprit que Triskalia met en place des aides à l’installation. « Nous proposons un prêt de 600 € par animal reproducteur sur 5 ans, avec 2 ans de différé possible, au taux de 1,5 % par an. Le prêt est plafonné à 20 000 € par exploitation, ce qui représente environ 20 % du coût de reprise d’un cheptel moyen de 65 vaches allaitantes. L’aide est rétroactive pour les installations au 1er janvier 2016 », précise Louis-François Leconte, président de la section bovins de Triskalia.

Les participants à la table ronde ont aussi évoqué la spirale à la baisse liée au système de défiscalisation, qui pourrait être revu. Autre piste : le cédant. « Il n’a aucun intérêt à transmettre par rapport aux propositions de démantèlement. Celui qui prépare son exploitation pour la transmission et la cède devrait être récompensé », ont exprimé plusieurs producteurs. Et de rappeler aussi l’importance du marché sur une installation, mais aussi sur un élevage en place. « 20 ct €/kg représente 3 990 €/an après déduction des charges sociales », chiffre Raymond Barré. Agnès Cussonneau

* Financement participatif dans lequel des personnes peuvent soutenir un projet.


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