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18489.hr - Illustration Élevage avec vue sur mohair
Durant l’hiver, Fanny Bourgeteau effectue deux nourrissages quotidiens. Outre le foin, les chèvres consomment de l’orge, de la luzerne et de la graine de lin.

Élevage avec vue sur mohair

 Devenir agriculteur ne s’improvise pas. Encore moins sur une île et avec une production atypique. Mais à force de travail et de passion, Fanny Bourgeteau est arrivée à bon port. Sans perdre le fil.

De loin, avec leurs belles toisons blanches et bouclées, on pourrait presque les confondre avec des moutons. Mais il s’agit pourtant bien de chèvres. Des animaux de race angora, qui produisent cette laine mohair si réputée pour sa douceur, sa légèreté, ses propriétés thermorégulatrices… Difficile de résister au charme de ces biquettes aux allures de peluche vivante. Fanny Bourgeteau, elle, a succombé au hasard d’une balade sur Belle-Île, où elle s’est retrouvée nez-à-nez avec un troupeau ayant précédemment appartenu à une productrice de laine. « Je suis immédiatement tombée amoureuse de ces chèvres. D’autant qu’en plus, j’adore le tricot… » De fil en aiguille, cette rencontre a d’ailleurs changé le cours de sa vie !

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Le troupeau, qui compte aujourd’hui 30 chèvres, devrait grimper à 70 animaux dans les prochaines années.

Arrivée sur l’île il y a 5 ans, la trentenaire, qui avait jusque-là beaucoup travaillé dans le domaine de l’animation, s’est lancée en 2020 dans la préparation d’un bac pro Conduite et gestion de l’exploitation agricole. Dès l’année suivante, son diplôme obtenu, elle a accueilli ses premières chèvres. Aujourd’hui, le cheptel compte 25 mâles et 5 femelles. « Pour atteindre la vitesse de croisière, il me faudra environ 70 animaux », explique l’éleveuse qui se donne 4 ans pour parvenir à son objectif. 

À échelle humaine

Les fibres de mohair poussent environ d’un millimètre par jour. Pour son bien-être et sa sécurité, chaque chèvre est donc tondue, deux fois par an – début août et fin février –, par un spécialiste venu du continent. « Cet été, un mâle m’a donné 4 kg de laine en une seule tonte. Mais la moyenne annuelle se situe plutôt entre 3 et 6 kg », précise-t-elle. La laine récoltée est ensuite nettoyée et triée. « Plus l’animal est jeune, plus la laine est fine. En fonction de l’âge, on distingue ainsi 6 catégories de laine qui vont servir à fabriquer des pelotes, des chaussettes, des couvertures… » La transformation est assurée par le biais d’une coopérative tarnaise à laquelle elle a adhéré et qui regroupe 42 éleveurs à travers la France. Une filière à échelle humaine qui, sous le sceau « Mohair de nos chèvres », garantit aux consommateurs la localisation de la production, le respect des animaux, la haute qualité des fibres et une transformation artisanale maîtrisée.

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Chaque semaine, sur les marchés de Belle-Île, Fanny Bourgeteau propose toute une panoplie d’articles – gants, chaussettes, chaussons, écharpes, plaids… – estampillés « Mohair de nos chèvres ».

L’agricultrice récupère ainsi des pelotes, gants, chaussettes, chaussons, écharpes et pulls qu’elle propose, aux côtés d’articles tricotés « maison », sur les marchés de Belle-Île. « Je suis présente toute l’année. Je réalise trois marchés hebdomadaires en hiver et six durant l’été ». Autre canal de commercialisation : son site Internet, Les laines de Belle Isle. « La plupart des ventes est effectuée sur les marchés, le site Internet permet surtout de garder le lien avec des clients venus sur l’île l’été ». Tout en offrant aux retardataires une planche de salut à l’approche de Noël ou de la fête des mères !

Bientôt un bâtiment

Pour Fanny Bourgeteau et son troupeau, cet hiver est le dernier « un peu compliqué » avec un abri provisoire. En février prochain, débutera la construction d’un bâtiment en bois de 450 m². De quoi accueillir en toute sérénité les prochaines mises bas, au début du printemps. Ainsi que les chèvres fraîchement tondues, car celles-ci sont très sensibles au changement de température. « Durant l’hiver, j’ai plus de travail car il faut donner du foin, procéder aux deux nourrissages quotidiens. J’apporte à mes chèvres un mélange d’orge et de luzerne, complémenté d’un peu de graines de lin, pour la beauté du poil ». 

À terme, l’agricultrice aimerait d’ailleurs être autonome pour la production de foin et de luzerne. Elle qui possède un cheval de trait envisage ainsi d’utiliser la traction animale pour ses cultures. Et pourquoi pas, un jour, renouer avec ses premières amours et proposer des animations centrées sur son exploitation. « Les chèvres suscitent beaucoup de demandes de particuliers. Mais on verra quand j’aurai mon bâtiment ! » 

Jean-Yves Nicolas

« Partout en Bretagne » (opinion)

Je trouve important que l’agriculture soit présente partout en Bretagne. Y compris sur les îles. Belle-Île possède une vraie force d’attractivité touristique qui offre des débouchés commerciaux. Cela a permis à Fanny Bourgeteau de s’installer sereinement. En revanche, en tant qu’exploitant sur une île, il ne faut pas perdre de vue qu’il y a notamment une forte saisonnalité des ventes et que les coûts de construction sont majorés du fait du transport en bateau des marchandises. Fanny en est bien consciente et quand elle est venue me rencontrer pour la première fois, son dossier était mûrement réfléchi. Elle avait déjà gravi, marche après marche, les premières phases de son projet et recherchait un partenaire bancaire pour l’épauler dans cette aventure de l’installation aidée. Nous l’avons accompagnée avec confiance.

Stéphanie Guilloux, responsable de clientèle agricole, pôle d’expertise CMB d’Auray (56)


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