16514.hr - Illustration Opacifier les translucides avec du lait de chaux hydraté
Nina Belarbre et Daniel Le Clainche sensibilisent les éleveurs aux différents leviers à actionner pour éviter les phase de stress thermique pour les chèvres, lors d’une journée caprine Innoval, à Loqueltas (56), jeudi 22 juin.

Opacifier les translucides avec du lait de chaux hydraté

« Il y a deux leviers à activer pour limiter le stress thermique : il faut limiter les rayonnements directs ou indirects et baisser l’humidité relative dans les bâtiments », insiste Daniel Le Clainche, expert technique à Innoval.

« Si idéalement lors d’un nouveau projet de chèvrerie, on place les translucides sur les longs-pans à l’est ou au nord, en évitant les zones les plus exposées au soleil, pour éviter les rayonnements, dans les bâtiments existants, on peut pulvériser du lait de chaux », explique Nina Belarbre, conseillère caprin à Innoval, en charge des audits d’ambiance bâtiment.

34 °C au globe noir dans la chèvrerie 

Sur l’EARL de Kérizac qui accueillait le groupe d’éleveurs d’une journée technique de la section caprine d’Innoval, différents paramètres ont été mesurés. Les animaux ne présentent pas de signes de stress et sont assez bien répartis sur toute l’aire paillée. Pourtant, en ce jour, la température extérieure monte à 33 °C, 27 °C dans le bâtiment (sous les translucides). Celle mesurée au globe noir, qui se rapproche au plus près du ressenti de la chèvre, est de 49 °C en plein soleil contre 34 °C dans la chèvrerie : « L’effet albedo et l’émissivité des matériaux du bâtiment fonctionnent bien ». Malgré tout, l’hygrométrie est de 51 % dans le bâtiment, (60 % étant le seuil maximum pour les chèvres). Pour augmenter les entrées d’air, le bardage à claire-voie et des trappes sont ouvertes sur les côtés des vents dominants. Le test du fumigène montre bien les flux d’air entrant dans les trappes, sans retomber sur les animaux sur l’aire paillée, et s’évacuant par la faîtière. Les 2 portails traversant sont ouverts, permettant d’apprécier le flux d’air du nord-est intermittent. « Quand il y a beaucoup d’humidité relative, sans soleil direct, il faut ouvrir tous les portails, insiste la spécialiste. Il ne faut pas avoir peur du courant d’air ».

Pour un coût avoisinant 1,50 €/m2

Daniel Le Clainche rajoute : « Ici, dans ce bâtiment plutôt bien ventilé, il faudrait asperger les translucides et les plaques de polycarbonate des trappes avec du lait de chaux hydraté. Dans certaines exploitations, on a gagné ainsi 15 °C de température au globe noir ! La solution de 1 kg de lait de chaux dilué dans 1 litre d’eau, pour une surface de 10 à 15 m² a un coût avoisinant 1,50 €/m2 réalisé par entreprise. Elle peut être appliquée par drone, hélicoptère comme chez les serristes ou au pinceau selon l’accessibilité ». Cette application est lessivée lors des pluies d’automne. 

Comment évacuer l’humidité relative ?

À l’EARL de Kérizac, la faîtière avec 2 pare-vent effectue bien l’effet cheminée attendu en attirant l’air chaud vers le haut. Si besoin, dans certaines chèvreries, on rajoute des cheminées relais au-dessus des aires paillées. On peut aussi être amené à forcer ces effets avec des extracteurs d’air, ou avec des systèmes de dépression si on dispose de sorties basses. Attention aux brasseurs d’air, peu développés en caprin : « Brasser de l’air chaud n’a jamais rafraîchi personne ! », avertit Daniel Le Clainche.

Des effets sur la reproduction 2,5 mois après…

Une chèvre boit entre 6 à 8 L d’eau par kg de MS et encore plus par forte chaleur… Veiller à laisser l’accès à l’eau au troupeau. Et penser à modifier le rythme de distribution de l’alimentation (plus tôt le matin), tout en insistant sur la qualité des fourrages et si besoin baisser la quantité de concentrés distribués. « Ces phases de fortes chaleurs induisent aussi sur des chèvres gestantes de la mortalité embryonnaire et des pseudo-gestations, une plus faible prolificité et des plus petits chevreaux », note Lynda Jourdain, responsable marchés caprin Innoval. Avant de continuer : « Quant aux boucs, les effets ne se voient parfois que 2,5 mois plus tard, en septembre, le temps de la durée de la spermatogénèse, avec des décalages de reproduction et une baisse de la fertilité. » Et si la chaleur influe sur la reproduction, la luminosité aussi, ajoute-t-elle.


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