« Nous avons stoppé l’élevage laitier en 2016, lassés de la traite », expliquent Philippe et Bertrand Le Moal, deux frères associés dans l’EARL du Cheval Blanc à Moustéru. « Auparavant, nous produisions déjà environ 80 jeunes bovins (JB). Nous avons décidé d’accroître cet atelier. Aujourd’hui, nous gérons 570 places d’engraissement au total. C’est un travail moins contraignant que le lait qui nous demande 1 h 30 d’astreinte le matin et 1 h le soir pour le paillage et l’alimentation. Nous raclons les cases une fois par semaine », précisent les agriculteurs. Auparavant mécanicien agricole, François, le fils de Bertrand, les a rejoints sur la ferme comme salarié à temps plein.
L’exploitation dispose d’une SAU de 150 ha avec du maïs ensilage, des céréales (orge en autoconsommation, blé vendu) et un peu de prairies. « Nous recherchons de l’autonomie alimentaire et n’achetons que des tourteaux de soja et des minéraux. »
La contractualisation pour la commercialisation des bovins avec le groupe Bigard apporte à Philippe et Bertrand Le Moal des garanties de prix et débouchés. « C’est rassurant au vu de nos volumes de production », soulignent les éleveurs. Ils achètent eux-mêmes leurs broutards (surtout de races limousine, blonde d’Aquitaine et parthenaise), en partie auprès de Bretagne Appro, filiale de Bigard dédiée au commerce de veaux, de bovins maigres et de bovins de boucherie.
« Partager le risque »
Autre solution, « nous accompagnons les éleveurs, en direct ou avec l’appui de partenaires et des banques, du financement des veaux et broutards à la mise en place jusqu’à l’accompagnement technique sur la phase d’engraissement. Nous sécurisons les parties au travers d’une contractualisation des animaux finis », précise Olivier Marchis, directeur de la filière bovine de Bigard à Quimperlé. « Les contrats sont essentiels alors que les prix des broutards ont flambé. Ils permettent de sécuriser les éleveurs si le marché s’inverse. »
Engagement jusqu’à 6 ans pour de nouveaux projets
Le directeur précise que les contrats offrent « de la lisibilité sur les prix, les volumes et les périodes de livraison, sur une durée qui peut aller jusqu’à 6 ans pour de nouveaux projets ». Interbev Bretagne est acteur dans la construction des coûts de production.
Agnès Cussonneau
Entre 20 et 25 % de contrats
Les prix aux éleveurs dans les contrats « tiennent compte des coûts de revient à la production mais aussi des cours des marchés – en fonction de la qualité – et des coûts des broutards », souligne Olivier Marchis. À l’heure actuelle, entre 20 et 25 % des volumes des JB arrivant dans l’abattoir de Quimperlé ont été contractualisés. « Un potentiel d’engraissement existe encore en France pour la viande bovine : environ 20 % des jeunes animaux sortent du territoire », chiffre-t-il.

