La chaleur, voilà désormais l’ennemi numéro un dans les étables. « C’est à mon avis le plus grand défi pour demain », confie Camille Lefeuvre, témoignant au 8e forum Climat-Énergie du Grand-Ouest qui s’est tenu vendredi 7 novembre à Plédran (22). Au Gaec du Guesneau, les 110 vaches Prim’Holstein disposent de logettes creuses garnies de sable dolomitique, un confort précieux quand les nuits restent chaudes de mi-juin à fin août. Mais, malgré les ouvertures, la circulation d’air se bloque sur une quinzaine de mètres au centre du bâtiment long de 80 m. « On va devoir y mettre des ventilateurs. »
« En 2024, nous dépendions du réseau d’eau. Depuis cette année, un forage à 200 m de la stabulation nous assure l’autonomie. » Reste à lutter contre l’effet de serre sous les tôles translucides. « On s’installe dans une ferme avec son histoire, ses investissements passés… Il faut s’adapter avec ce qui existe déjà. »
Les jeunes animaux ne sont pas oubliés : les niches à veau, exposées plein sud, sont idéales en hiver, mais elles devront être déplacées l’été. Le nouveau bâtiment génisses a été réfléchi en conséquence : moins dense sur l’aire paillée pour les animaux et plus aéré, avec le pan nord-est ouvert.
Besoin de plus de stocks
Côté cultures (120 ha), le climat joue parfois les trouble-fête. « Côté fourrager, Il faut de plus en plus de stocks. Mais nous avons la chance d’avoir six mois d’avance, de quoi faire face à un moindre rendement. » « Cette année, la pluie est tombée au bon moment et les rendements de maïs sont satisfaisants. » Rien à voir avec l’année 2024, où les semis tardifs avaient retardé la récolte. Résultat : des mycotoxines et des soucis de reproduction. « Nous utilisons désormais des capteurs de mycotoxines, coûteux, pour sécuriser la qualité des fourrages. »
Camille Lefeuvre a fait réaliser un diagnostic ClimaTerra pour mesurer la vulnérabilité de son système. « On ne part pas tous avec le même handicap. On a déjà la chance d’être en Bretagne. » Son credo : avancer pas à pas. « Il faut tenir compte des bilans et évoluer sans perdre de vue la cohérence de son système, ni ses valeurs. » Le couple envisage aussi d’implanter de nouvelles haies autour des bâtiments : « Mais quand on plante, il faut penser à entretenir ! Nous avons déjà trois kilomètres de haies. Et sans entretien, cela devient vite un refuge à sangliers. »
Carole David
Deux îlots, deux réalités
Le Gaec du Guesneau s’étend sur 120 ha répartis sur deux îlots distants de 7 km. Des terres aux profils bien différents : sablonneuses d’un côté, plus argileuses de l’autre. « Ces contrastes nous obligent à raisonner les pratiques : choix des variétés, dates de semis, gestion des pâtures… », explique l’agricultrice.Une diversité qui offre néanmoins aussi une sécurité face aux aléas : « Quand l’un souffre du sec, l’autre compense. »

