S’adapter sans renier son système

À Pacé (35), Camille et Charles-Édouard Lefeuvre, associés au Gaec du Guesneau, travaillent à rendre progressivement leur élevage laitier plus résilient face aux effets du changement climatique. 

 test de fumigène dans une stabulation de vaches - Illustration S’adapter sans renier son système
Les tests de fumigène ont établi que, dans la stabulation longue de 80 m, l'air ne circule pas bien sur une quinzaine de mètres au centre. (Photo archive) | © Paysan Breton

La chaleur, voilà désormais l’ennemi numéro un dans les étables. « C’est à mon avis le plus grand défi pour demain », confie Camille Lefeuvre, témoignant au 8e forum Climat-Énergie du Grand-Ouest qui s’est tenu vendredi 7 novembre à Plédran (22). Au Gaec du Guesneau, les 110 vaches Prim’Holstein disposent de logettes creuses garnies de sable dolomitique, un confort précieux quand les nuits restent chaudes de mi-juin à fin août. Mais, malgré les ouvertures, la circulation d’air se bloque sur une quinzaine de mètres au centre du bâtiment long de 80 m. « On va devoir y mettre des ventilateurs. »

« En 2024, nous dépendions du réseau d’eau. Depuis cette année, un forage à 200 m de la stabulation nous assure l’autonomie. » Reste à lutter contre l’effet de serre sous les tôles translucides. « On s’installe dans une ferme avec son histoire, ses investissements passés… Il faut s’adapter avec ce qui existe déjà. »

Les jeunes animaux ne sont pas oubliés : les niches à veau, exposées plein sud, sont idéales en hiver, mais elles devront être déplacées l’été. Le nouveau bâtiment génisses a été réfléchi en conséquence : moins dense sur l’aire paillée pour les animaux et plus aéré, avec le pan nord-est ouvert.

Besoin de plus de stocks

Côté cultures (120 ha), le climat joue parfois les trouble-fête. « Côté fourrager, Il faut de plus en plus de stocks. Mais nous avons la chance d’avoir six mois d’avance, de quoi faire face à un moindre rendement. » « Cette année, la pluie est tombée au bon moment et les rendements de maïs sont satisfaisants. » Rien à voir avec l’année 2024, où les semis tardifs avaient retardé la récolte. Résultat : des mycotoxines et des soucis de reproduction. « Nous utilisons désormais des capteurs de mycotoxines, coûteux, pour sécuriser la qualité des fourrages. »

Camille Lefeuvre a fait réaliser un diagnostic ClimaTerra pour mesurer la vulnérabilité de son système. « On ne part pas tous avec le même handicap. On a déjà la chance d’être en Bretagne. » Son credo : avancer pas à pas. « Il faut tenir compte des bilans et évoluer sans perdre de vue la cohérence de son système, ni ses valeurs. » Le couple envisage aussi d’implanter de nouvelles haies autour des bâtiments : « Mais quand on plante, il faut penser à entretenir ! Nous avons déjà trois kilomètres de haies. Et sans entretien, cela devient vite un refuge à sangliers. »

Carole David

Deux îlots, deux réalités

Le Gaec du Guesneau s’étend sur 120 ha répartis sur deux îlots distants de 7 km. Des terres aux profils bien différents : sablonneuses d’un côté, plus argileuses de l’autre. « Ces contrastes nous obligent à raisonner les pratiques : choix des variétés, dates de semis, gestion des pâtures… », explique l’agricultrice.Une diversité qui offre néanmoins aussi une sécurité face aux aléas : « Quand l’un souffre du sec, l’autre compense. »


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