Les arbres au service du système laitier

Philippe et Cathy Le Dû ont transformé leur exploitation laitière en un système pâturant et bio, misant sur l’agroforesterie, les prairies multi-espèces et la biodiversité. Ils conjuguent bien-être animal, résilience et confort de travail.

des éleveurs dans une parcelle en agroforesterie - Illustration Les arbres au service du système laitier
Philippe et Cathy Le Dû sur une parcelle en agroforesterie. | © Paysan Breton

Après avoir géré une première ferme dans le Finistère à partir de 1997, Philippe et Cathy Le Dû se sont réinstallés à La Noë-Blanche (35) en 2009. Ils sont passés d’un parcellaire existant comprenant beaucoup de cultures à un système pâturant puis bio en 2017. Le maïs a été totalement arrêté en 2023, remplacé par du méteil grain dans la ration. Aujourd’hui, l’exploitation compte 90 ha de SAU dont 79 ha de SFP et 70 ha accessibles aux 65 vaches laitières en croisement Prim’Holstein x Rouge scandinave x Normande. Du blé tendre et du seigle sont vendus.

14 km de haies et 10 ha en agroforesterie

La résilience de leur système passe par l’agroforesterie et les prairies multi-espèces. « Nous avons commencé les plantations de haies en 2011 et d’arbres intra-parcellaires en 2018 », ont détaillé les éleveurs lors d’une porte ouverte organisée par Agrobio 35. « Apportant de l’ombre, les arbres favorisent le bien-être animal et la répartition du troupeau sur la parcelle. Ils ont aussi un effet brise-vent et permettent d’améliorer la fertilité du sol. »

Des espèces locales et des ronciers

Désormais, près de 14 km de haies sont gérées sur l’exploitation (densité de 91 ml/ha). « Des espèces locales, adaptées au type de sol et diversifiées, ont été choisies. Nous avons aussi implanté du bouleau pour sa croissance rapide. Là où les haies ne peuvent être plantées, nous laissons les ronciers se développer : la haie pousse toute seule. » Les éleveurs sont également engagés dans une MAEC Haie.

Les animaux sont mieux répartis

10 ha en propriété ont été implantés en agroforesterie intra-parcellaire, avec des densités comprises entre 25 et 36 arbres/ha (essences : tilleul petite feuille, noyer, merisier, orme, frêne). « L’écartement entre les lignes d’arbres est de 24 m et de 10 m entre les arbres sur la ligne. Un sous-solage a été réalisé à 1 m de profondeur. » Les éleveurs ont aussi posé des protections (gaines plastique de 1,20 m contre les lièvres) et des clôtures électriques de chaque côté. Un projet est en cours sur 7 ha supplémentaires.

Adapter les mélanges multi-espèces

La diversité végétale est aussi bien présente sur les prairies qui doivent être adaptées à différents types de sols : très séchants, intermédiaires profonds, humides dans les zones basses. « Depuis 2019, nous travaillons sur des prairies multi-espèces avec le projet Capflor qui permet d’adapter les mélanges. Et actuellement, je fais partie d’un groupe GIEE qui regroupe près de 15 fermes autour de cette thématique. » Du RGH, du RGA, plusieurs trèfles et fétuques, de la luzerne, du lotier, de la chicorée, du plantain… peuvent être utilisés sur les prairies qui accueillent entre 7 et 12 espèces. En été, les éleveurs prévoient des stocks sur pied, mettent en place du fauche-broute. « La prairie redémarre mieux et se dessèche moins qu’en fauchant les refus », précise Philippe Le Dû. « Et la monotraite en juillet – août permet aux vaches d’aller pâturer plus loin. »

Agnès Cussonneau

Partager autour de la biodiveRsité

Pour accueillir davantage la biodiversité, « nous projetons de créer deux mares en plus de celle existante et d’installer des nichoirs et des gîtes à chauves-souris », précisent les éleveurs. Ils travaillent avec la LPO depuis 5 ans qui réalise des comptages d’oiseaux plusieurs fois par an. « Nous observons une augmentation de leur nombre. » Les agriculteurs participent par ailleurs au groupe local Paysans de nature et un sentier pédagogique le long des chemins publics traversant leur ferme est en projet. Philippe et Cathy Le Dû ont par ailleurs mené une réflexion sur l’amélioration de leur confort de travail et la modernisation de leur élevage et ont réalisé plusieurs investissements : mise aux normes, allongement du bâtiment, salle de traite neuve, construction d’un boviduc, aménagement des chemins… « Les vêlages sont groupés en septembre-octobre depuis 2021. » La même année, « des mères nourrices ont été mises en place avec un sevrage à 5 mois. »


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