Dossier technique

Le ‘lait de foin’, idéal pour la transformation

Le Gaec de Kerdennet (29) adhère depuis sa création à l’association qui porte la Spécialité traditionnelle garantie (STG) ‘Lait de foin’. Une reconnaissance pour leur lait de qualité qui est transformé par la famille Quéniat.

un éleveur dans son séchoir en grange - Illustration Le ‘lait de foin’, idéal pour la transformation
Équipé d’un capteur solaire, le séchoir d’une capacité de 210 t MS est situé face à la stabulation. | © Paysan Breton

Pierre Quéniat s’est installé en 2007 avec son père Michel qui était déjà en système laitier herbager, avec un peu de maïs, de soja et de betteraves à côté. Avant de passer en bio, l’éleveur a souhaité étudier la faisabilité du séchage en grange sur la ferme. Une nécessité à ses yeux, afin de « sécuriser les stocks fourragers ». Sur l’hiver 2010-11, l’éleveur suit une formation sur le séchage en grange et réalise une projection économique, en lien avec l’association d’éleveurs Segrafo et la Chambre d’agriculture.

« De bonnes conditions de travail »

Avec une bonne part d’autoconstruction et l’utilisation de bois de la ferme, le séchoir construit en 2011 a représenté un investissement de 200 000 € à l’époque. « Nous avons aussi acquis du matériel (faucheuse, autochargeuse, faneuse, andaineur) pour un montant proche de 50 000 €. L’économie sur le soja et le maïs remboursait les annuités de l’emprunt fait sur 12 ans. »

Séchoir de 210 t MS avec des capteurs solaires

Équipé d’un capteur solaire, le séchoir d’une capacité de 210 t MS est situé face à la stabulation. « Le travail est simplifié. Nous avons juste à amener le foin avec la griffe, en restant à l’abri en hiver. » La conversion en bio a aussi débuté en 2011, pour l’obtention d’une certification deux ans plus tard. Dès sa création, les éleveurs ont intégré l’association ‘Lait de foin’, qui a été reconnue officiellement en mai 2018 en France. « C’est un moyen de promouvoir notre façon de travailler. Nous n’avions pas à changer nos pratiques qui respectaient déjà le cahier des charges » : une ration comprenant au moins 75 % d’herbe ou de foin, sans aliments fermentés (ensilages…) et sans OGM.

Du lait transformé par la famille

« De mon côté, je n’étais pas intéressé par une activité de transformation. Mais mon frère Vincent et sa femme Céline, l’étaient. Ils ont créé la SARL ‘Du foin dans les sabots’ en 2014 dans le cadre d’une reconversion professionnelle », précise Pierre Quéniat. Aujourd’hui, la société, qui compte au minimum 4 salariés, transforme 120 000 L de lait en yaourts, fromage blanc, crème fraîche et riz au lait, commercialisés en vente directe, au labo-magasin de Guerlesquin, ou livrés en collectivités.

« Mon frère avait repris une ferme bio en porc et volaille en 2013. Nous avons regroupé les deux exploitations suite au départ en retraite de mon père. » Aujourd’hui, les deux associés produisent 300 000 L de lait avec 62 vaches laitières normandes ainsi que des volailles (5 000/an) et porcs (105/an) vendus en direct. Installée à son compte comme artisan-fromager, leur sœur Gwénaelle, transforme aussi le lait de la ferme, à hauteur de 60 000 L, principalement en tommes (marque ‘La tommeuh d’api’). Les 120 000 L restants sont commercialisés à la laiterie Sill.

Agnès Cussonneau

Autonomie à 100 % en bovins et porcs

La SAU de 127 ha du Gaec de Kerdennet, comptant environ 30 ha de céréales et 97 ha d’herbe, permet l’autonomie des ateliers laitiers et porcs (et 70 % d’autonomie en volaille). « Cette année, j’ai réimplanté des betteraves pour les bovins, sur 2,20 ha », note Pierre Quéniat. D’octobre à mars, les vaches reçoivent du foin et 1,2 kg/VL/j de céréales aplaties. La moyenne d’étable dépasse 4 500 L avec un TP à 37,5 et un TB à 46. « Nous n’achetons qu’1 t de minéral pour les bovins. » Les vêlages sont groupés en automne (70 %) et au printemps (30 %) pour profiter de la pousse de l’herbe sur ces périodes. Deux types de prairies sont implantées : RGA / trèfle blanc, pour le pâturage (57 ha accessibles) ; dactyle ou fétuque / RGA (diploïde) / trèfles blanc et violet, pour la fauche. Quatre coupes sont généralement effectuées sur ces parcelles, avec un délai de ramassage après fauche de 2-3 jours. « L’objectif est d’avoir 55 à 60 % MS à l’entrée dans le séchoir. » Des rounds de foin sont aussi réalisés pour les génisses.

Une centaine d’élevages laitiers en France

Reconnu en Autriche notamment, le ‘lait de foin’ a été la première Spécialité traditionnelle garantie (STG) laitière de France. Ce label européen atteste qu’un produit alimentaire a été élaboré selon un mode de production, une recette ou une composition traditionnels. En France, une centaine d’exploitations laitières sont certifiées STG ‘Lait de foin’ et STG ‘Lait de foin de brebis’. D’autres STG existent en France : ‘Moules de Bouchot’, ‘Boeuf traditionnel de race normande’, ‘Berthou’ (un plat chaud à base de fromage Abondance AOP et de vin de Savoie AOP). Hors de France, d’autres STG sont connues : le jambon de Serrano, la Mozzarella, la Geuze (bière).


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