Les Vergers de la Grande Sadouve, Guichen (35)
Les vergers riches d’environ 5 000 arbres fruitiers ont vu le jour en 2021 sur la ferme d’Aurore Vaugon, à Guichen. « Une douzaine de variétés ont été plantées sur 3 ha pour une production de pommes à couteau et 3 variétés sur 1 ha, pour des pommes à jus », détaille l’arboricultrice qui a converti en agriculture biologique les surfaces en prairie et cultures qu’elle a reprises. Elle est propriétaire de 5 ha sur les 12,5 ha de SAU. L’acquisition s’est faite via la Safer.
Je recherche un équilibre sur mes parcelles
Dès les premières plantations de fruitiers, des haies ont été mises en place. « Nous aménageons des espaces favorables à l’installation d’auxiliaires pour essayer de tendre vers un équilibre avec les ravageurs tels que pucerons, anthonomes, carpocapses, chenilles… », a expliqué Aurore Vaugon lors d’une porte ouverte sur sa ferme organisée par Agrobio 35. Elle recherche notamment la présence d’oiseaux et de chauves-souris dans ses vergers. Ces dernières sont par exemple friandes de papillons de nuit.
« Offrir le gîte et le couvert aux auxiliaires »
« Nous avons installé des nichoirs à passereaux, surtout habités par des mésanges, avec des bénévoles de la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), et des gîtes à chauves-souris. Les coccinelles, les chrysopes, les araignées, également présentes, mangent beaucoup d’insectes… » Aurore Vaugon entend agrandir et mettre en valeur une mare existante et a répondu à un appel à projets de la Région Bretagne pour le financement.
Elle a aussi pour projet d’installer des nichoirs à moineaux, des perchoirs pour les rapaces, de remettre un nichoir à chouette effraie à l’extérieur du bâtiment, des bandes fleuries… Aménagements en formes de tas de pierre, des hibernaculums vont être placés à proximité du bassin pour servir de refuge aux reptiles, lézards verts, amphibiens… Des plantes mellifères et ornementales (lavande, laurier tin, arbre à faisan) vont être placées en bout de rangs.


Diversification fruitère
La biodiversité est aussi fruitière sur le site. 2 000 m² ont été plantés pour donner des myrtilles et des fraises et 2 000 m2, des poires (3 variétés) et coings (1 variété pour la compote). À l’avenir, l’arboricultrice aimerait accueillir des groupes, scolaires ou autres, pour montrer les réalités de son métier et transmettre ses connaissances sur la biodiversité fonctionnelle. « Certains insectes ou animaux pouvant faire peur sont nécessaires dans mon verger et à nous tous », rappelle-t-elle.
Beaucoup de ses variétés fruitières résistent à la tavelure mais des traitements peuvent être envisagés contre cette maladie. Des rubans blancs collants sont placés sur le palissage pour attirer les hoplocampes et des méthodes de confusion sexuelle sont utilisées contre les carpocapses, pour les désorienter et ainsi réduire leur reproduction. « Je les positionne en mai ou juin. Il faut choisir le bon moment pour que toute la période des vols soit couverte. »
Reconversion professionnelle
Tous les arbres sont taillés chaque année. « L’enherbement sur le rang est géré avec un outil inter-cep. Entre les rangs écartés de 4 mètres, je passe un gyrobroyeur. » Les arbres fruitiers peuvent être irrigués au goutte-à-goutte, l’eau venant d’un forage et d’un bassin de rétention. Étalées, « les récoltes de pommes commencent mi-août avec la variété Lafayette et se terminent avec la Goldrush en novembre – décembre ». Le jus est pressé sur les Vergers de l’Ille à Saint-Grégoire où la productrice a réalisé un stage en 2018 lors de son BPREA maraîchage bio au centre de formation du Rheu. « J’ai fait une reconversion professionnelle. » Elle a aussi effectué un parcours en lien avec la Ciap 35 (Coopérative d’installation en agriculture paysanne) avec deux autres stages arboricoles.
Sur la ferme, Aurore Vaugon est aidée par de la main-d’œuvre familiale occasionnelle et un stagiaire. « Tous les produits sont commercialisés en circuit court, dans 3 Amap, un restaurant scolaire et un groupement d’achat. J’envisage de proposer un peu de libre cueillette en fraises et myrtilles. » L’emploi d’un salarié est envisagé avec l’augmentation de la production. « Une association serait aussi possible avec une porteuse de projet en fruits diversifiés et transformation, cela permettrait une mutualisation du temps de travail », projette la Bretillienne.
Agnès Cussonneau
Un verger circulaire diversifié
Aurore Vaugon a aussi créé un verger circulaire, rassemblant notamment des pruniers, des noisetiers, des châtaigniers, des noyers, sur 0,8 ha. Il s’inspire de l’expérimentation de l’Inrae près de Valence en zéro pesticide. Un verger ultradiversifié y a été mis en place en 2018. L’objectif est de compliquer l’arrivée des bioagresseurs sur la parcelle et leur développement. Des fruitiers, des petits fruits, des plantes aromatiques et d’autres plantes de service sont disposés en circulaire sur 1,8 ha (34 variétés fruitières). L’expérimentation va durer une quinzaine d’années, les conditions de travail vont aussi être observées dans ce verger plus complexe.