Il y a des périodes où l’on voit moins bien. Où l’agitation brouille les repères. Où l’on s’en remet plus volontiers à l’instinct qu’à l’analyse, à l’émotion qu’à l’argument. Il ne s’agit pas, bien sûr, de tout accepter sans discuter, ni de se plier à toutes les injonctions venues « d’en haut ». Mais de se rappeler qu’une boussole collective bien orientée vaut mieux qu’une rose des vents détraquée. Que le fait établi vaut pour acquis et pour base solide d’un cap à suivre.
Il est en tout cas frappant que dans un monde qui proclame son attachement au progrès, la défiance envers la science l’emporte désormais très souvent – surtout quand elle dérange. Dans ce climat actuel de soupçons généralisés, l’obscurantisme n’est plus une menace lointaine : il rôde aux marges du débat rationnel, prêt à recouvrir la lumière du savoir.
Le monde agricole n’échappe pas à cette confusion ambiante
Le monde agricole n’échappe pas à cette confusion ambiante, où chacun cherche des certitudes là où elles sont les plus simples, parfois les plus confortables.
À une époque où la force précède le droit, où la puissance devance la norme, il faut rappeler avec force que l’agriculture doit, comme les autres secteurs, être un bastion de clarté, de raison et d’objectivité. Les responsables agricoles portent une responsabilité majeure : guider la profession avec discernement, l’aider à prendre de la hauteur, à trier les informations, à ne pas entretenir la confusion. Sa mission est aussi d’éclairer les enjeux, de transmettre une vision nourrie par la connaissance, l’expérience et la compréhension du monde.
Oui, cultiver la terre, c’est aussi cultiver l’esprit. Le savoir est le père du progrès, l’ouverture sur le monde en est la mère. Un avenir prospère et durable se construit dans la lucidité et le courage de penser.