Dossier technique

Des solutions déjà en germination

François Tardieu, chercheur à l’Inrae et spécialiste de l’adaptation des plantes au stress hydrique, livre son regard sur la place du maïs face au changement climatique.

Différence végétative de variétés de maïs visible dans une même parcelle - Illustration Des solutions déjà en germination
La recherche travaille à renforcer la résilience du maïs, en misant sur la diversité génétique naturelle plutôt que sur des révolutions en laboratoire.

François Tardieu, chercheur à l’Inrae Le maïs est-il plus vulnérable que d’autres cultures pour les années qui viennent ? Non, pas plus que d’autres, et même moins sur certains aspects. Phytosanitaires, besoin en azote : il est plutôt avantagé par rapport à d’autres espèces. Concernant l’eau, toutes les cultures transpirent de manière similaire pour un climat donné. Mais le maïs, cultivé en été, subit davantage les épisodes secs. Il supporte bien les fortes températures, sauf si un pic de chaleur intervient pile pendant la floraison. En Bretagne, où l’irrigation reste limitée, sa situation est globalement moins critique qu’ailleurs. La génétique peut-elle suffire à tout régler ? La sélection a déjà permis de nets progrès. Depuis les années 1950, le rendement du maïs augmente d’environ un quintal par hectare et par an, y compris en conditions sèches, quand de nouvelles variétés sont comparées à d’anciennes. Ce progrès vient de modifications de caractères simples : une durée végétative allongée et une meilleure distribution de la lumière dans le couvert végétal. Le but n’est pas d’inventer un « maïs miracle » Aujourd’hui, la recherche explore des pistes plus fines : nous travaillons notamment sur des caractères physiologiques précis, comme le contrôle de l’ouverture des stomates. En modulant mieux la transpiration selon les conditions climatiques, les futures variétés pourraient mieux résister aux stress hydriques. Faut-il s’attendre à l’arrivée de maïs génétiquement modifiés pour mieux résister à la sécheresse ? Non, ce n’est pas la voie privilégiée aujourd’hui. Malgré de nombreuses annonces, aucune variété réellement tolérante à la sécheresse n’a été développée par transgenèse. La diversité génétique naturelle du maïs reste notre meilleure alliée. L’édition génomique pourrait éventuellement accélérer le progrès en « mimant » des formes naturelles de gènes, mais les principales avancées reposeront sur la sélection classique enrichie par la génomique. Le but…

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