David Le Navéaux, éleveur de poulettes futures pondeuses à Plouguenast-Langast (22), augmente petit à petit la puissance totale installée en panneaux photo-voltaïques sur sa ferme. Le Costarmoricain s’est lancé dans la production d’énergie il y a 2 ans tout a commencé par la construction d’une fumière à toit monopente sur laquelle 120 kWc ont été montés. Ces panneaux solaires produisent de l’électricité en totalité revendue. À cela s’ajoute une salle de pause, avec vestiaires, destinée au personnel intervenant sur l’élevage, égale-ment couverte par des cellules photovoltaïques (25 kWc). Cette énergie sert à fournir de l’électricité à ses propres bâtiments, mais est aussi en partie revendue. Enfin, un des poulaillers produira 297 kWc quand la dernière installation fraîchement terminée sera raccordée au réseau, en juin prochain. Ce dernier investissement a, au passage, permis de rénover la toiture de l’édifice, vieillissante. « À terme et quand l’autre pan de toiture sera équipé, j’arriverai à 500 kWc », prévoit-il.
Sans nettoyage, on laisse se développer les lichens
Mi-avril, l’agriculteur a sollicité les services de la société Skyrobot pour diagnostiquer puis nettoyer son installation. Cette entreprise commence par faire voler un drone pour une première inspection : une caméra thermique, montée sur l’engin volant, est capable de détecter instantanément les éventuels hotspots, points chauds dont l’origine peut être diverse mais qui cachent des dysfonctionnements, petits ou grands.
Ne pas brider la boucle
Aux manettes de son drone, Emmanuel Goualan réalise une inspection minutieuse. Rien à signaler ici, l’installation est récente et la caméra thermique montre un ensemble harmonieux de couleurs, signe que toutes les cellules fonctionnent correctement. Dans les cas contraires, « il peut y avoir des mauvaises circulations d’énergie ; un panneau peut même consommer de l’électricité ». L’origine de ces défauts peut venir « de problèmes de connecteur, d’étanchéité ou d’anomalies sur le panneau dès sa fabrication. Une défaillance peut brider une boucle complète de panneaux » . Chez David Le Navéaux, une alerte est envoyée en cas de dysfonctionnement, il peut connaître à distance les différences de production d’électricité entre chacune des boucles. Ce contrôle « n’est pas accessible sur les installations qui datent. Si un panneau est cassé, il fonctionne quand même mais sa production chute », fait observer le pilote de drone, qui propose dans ses services un diagnostic total remis à ses clients et qui reprend les mesures de températures relevées.
La chasse aux lichens
Une fois l’installation inspectée, place au nettoyage. Quand les panneaux solaires sont proches de grandes végétations comme des arbres, de systèmes de ventilation ou encore de silos d’aliments, des poussières, du pollen ou des feuilles peuvent s’accumuler sur l’installation. « On ne perd pas outre mesure en production car les pluies rincent les panneaux. Mais sans nettoyage, on laisse se former un voile et se développer des lichens. Une fois qu’il est présent, il va se propager. Un nettoyage annuel prévient de son apparition ».
Dans les cas les plus avancés, les lichens peuvent faire perdre jusqu’à 15 % de la production initiale. Si le panneau en est infesté, un traitement par pulvérisation est réalisé : l’entreprise spécialisée dispose d’un drone de très grande taille capable de pulvériser par les airs une solution nettoyante. « Mais quand on traite en curatif, ce n’est pas bon signe ». L’intervenant fait remarquer que les anciennes installations ont pu parfois être délaissées au ni-veau nettoyage. Un manque à gagner pour les agriculteurs, d’autant plus que « les contrats de l’époque ont des prix de rachat élevés ». Et le gérant de faire un comparatif : « Prenez soin de votre installation solaire comme vous prenez soin de vos animaux ». Un conseil partagé par l’aviculteur : « Produire de l’énergie est un nouveau métier. Il faut garantir une production, viser le meilleur rendement ». Ce nettoyage et ce diagnostic sont aussi un acte de prévention des risques d’incendies ayant pour cause une surchauffe des panneaux.
Fanch Paranthoën



Préférer les brosses douces
Pour garder tout le potentiel de production d’énergie, Emmanuel Goualan pilote un petit robot qu’il pose sur le toit. L’engin est monté « en brosses souples, pour ne pas détériorer la couche de protection du panneau. Si la brosse est trop agressive, l’installation sera poreuse et retiendra beaucoup plus de saletés ». Ce robot, démontable, va et vient sur l’installation, et peut réaliser son travail sur des pentes accentuées.