Dans un communiqué en date du 3 septembre, la Cour des comptes fait état de la filière volaille de chair française qui a longtemps été la plus grande productrice en Europe. La consommation de viande de volailles en France a augmenté de 54 % depuis 1999 et atteint désormais 1,9 million de tonnes équivalent-carcasse (Mtec) en 2022. En dépit de cette dynamique, la production française a décliné au début des années 2000 avant de se stabiliser depuis 2009 à environ 1,5 Mtec par an.
Un marché national dépendant aux importations
La croissance de la consommation française de volaille de chair est principalement portée par la RHD et l’industrie dont les besoins, tournés vers les découpes de poulets lourds et standards, ne sont pas couverts par la production nationale. La filière française n’est donc pas en mesure de répondre aux besoins des segments du marché les plus porteurs, couverts par des importations de plus de 800 000 tonnes équivalent-carcasse en 2022.
Les importations françaises de viande de volaille proviennent à 94 % des États membres de l’Union européenne (UE). Ce constat est à relier aux stratégies industrielles à l’œuvre dans la filière avicole européenne depuis 20 ans, notamment la modernisation des outils d’abattage, de découpe et de transformation aux Pays-Bas et en Belgique dans les années 2000, puis en Pologne dans les années 2010, ainsi qu’à la constitution de grands groupes européens, dont certains groupes français, par concentration et rachat de structures de transformation.
La viande de volaille ne bénéficie pas des aides de la Pac : les exploitations avicoles reçoivent des aides non liées à leur activité d’élevage. En 2022, ces exploitations, représentant 4 % du nombre total d’exploitations en France, ont perçu 1,2 % (soit 102 M€) des aides de la Pac. Elles ont peu profité du plan PCAE, ne recevant que 5 % des crédits (135 M€) entre 2015 et 2022.
Ajuster les moyens à mobiliser
Les aides de l’État se sont concentrées sur la modernisation des abattoirs via divers plans d’investissement pour environ 40 M€.
Depuis 2015, la filière fait face à des épisodes croissants d’influenza aviaire, poussant l’État à mettre en place des aides cofinancées par l’UE. Le montant des aides (500 M€) et la nature endémique de la maladie soulèvent des questions sur la durabilité de ce dispositif. Face à cela, des réflexions sur l’avenir de la filière ont été lancées entre les pouvoirs publics et les professionnels depuis 2022. La Cour estime « qu’une clarification de la position de l’État, des régions et des professionnels est nécessaire pour aboutir à un plan cohérent. Les moyens à mobiliser devront être ajustés une fois les choix stratégiques définis. »