19813.hr - Illustration Un goulot d’étranglement pour les travaux des champs
Les tracteurs ont pu reprendre la route avec la fin de la période pluvieuse.

Un goulot d’étranglement pour les travaux des champs

Les tracteurs et épandeurs s’activent fortement pour rattraper le temps perdu pour préparer les parcelles. Les fortes précipitations ont obligé à être patient pour laisser le temps au sol de se ressuyer.

Là, dans les campagnes, tout le monde fait feu. Derrière ce retard pris dans les chantiers de préparation et d’implantation des cultures de printemps, la question du moment est le temps de ressuyage des parcelles… « Actuellement, cela sèche fort, mais le beau temps va-t-il durer assez longtemps ? En Bretagne, on constate une forte variabilité : sur les zones côtières, cela ressuie vite, mais sur la bande centrale, de Guingamp à Loudéac, il a encore plu récemment. Finalement, tout le territoire breton semble au même point puisque, cette année, les zones précoces – comme le sud Ille-et-Vilaine ou l’est Morbihan – ne sont pas précoces : d’habitude, une grosse partie des épandages y sont réalisés à cette date alors que ça vient juste de démarrer… », rapporte Jean-Marc Roussel, animateur machinisme à la Fédération des Cuma de Bretagne. Côté récolte de l’herbe, c’est parti aussi. Il y a du pain sur la planche, d’autant que des surfaces importantes de dérobées sont désormais semées pour gagner en autonomie fourragère ou pour alimenter les méthaniseurs. Question valeur alimentaire, ces fauches tardives, alors que des espèces approchent de l’épiaison, seront pénalisées. « Dans cette période intense, les matériels de grande taille d’aujourd’hui vont apporter du débit de chantier. »

Les fosses non couvertes sont de nouveau pleines

Le matériel est prêt

À l’ETA Boschet, à Ménéac (56), la grande majorité du matériel est révisé, les GPS sont calibrés, tout le monde attend le top départ pour les chantiers de fauche et de maïs. « On est déjà en décalé », déplore Romain Boschet. « On a fait du lisier sur céréales mais les fosses non couvertes sont de nouveau pleines. Pour la fauche de l’herbe, nous avons commencé le 10 avril, tout en restant vigilants sur la portance des sols. »

Pour le maïs, l’entrepreneur est optimiste. « Il y aura forcément un coup de bourre mais ça va s’étaler dans le temps naturellement. De plus, nos clients sont conciliants. Ils savent qu’on ne demande qu’à y aller. »

En outre, dès qu’un créneau météo permettait une intervention dans un champ, notamment épandage de fumier et déchaumage, celle-ci était réalisée pour ne pas accumuler le retard. « Tout ce qui était faisable est fait », affirme Romain Boschet.

Certains champs sont des lacs

Dans la zone de Martigné-Ferchaud, au sud-est de l’Ille-et-Vilaine, les travaux de fauche de l’herbe commençaient juste en début de semaine. « Parfois, nous sommes obligés de laisser la moitié de la parcelle non récoltée », précise Julien Savouré, gérant d’ETA et président d’EDT 35. « Alors qu’habituellement, les épandages de lisier ou fumier sont terminés au 1er mai, cette année, ils vont seulement débuter en cette fin de semaine. » Les sols sont beaucoup trop humides pour aller dessus avec de lourdes machines. « Certains champs sont des lacs… »

« Mon père qui était entrepreneur avant moi n’a jamais connu une année aussi pluvieuse. L’administration va devoir faire preuve de souplesse sur les dates d’épandages. Cela aurait été un non-sens d’aller plus tôt sur les parcelles. On nous demande de nous adapter au changement climatique, tout le monde doit le faire. » Sur le secteur, les semis de maïs aussi vont être retardés.

Face à cette situation, la sole bretonne est encore incertaine pour les prochaines semaines. Quand certains champs n’ont pas pu être implantés en céréales d’hiver à cause de l’automne pluvieux, le sort a souvent été identique pour les céréales de printemps, car les dates butoirs de mise en terre ont été dépassées. Reste le maïs, le sarrasin, la féverole ou les légumes à destination de la conservation, mais le catalogue d’espèces encore cultivables se réduit.

OPINION – Cécile Le Doaré Directrice de l’Unilet *

Reste à voir la suite de la saison

Commencer une campagne de semis avec des aléas est rarement positif, mais le pire n’est pas certain. Les calendriers des chantiers de semis sont très tassés dans les 3 grands bassins de production que sont la Bretagne, les Hauts-de-France et le Sud-Ouest, ce qui peut présager des problématiques à la récolte ; mais il reste à voir la suite de la saison. On a déjà assisté à des années qui démarraient mal, qui se terminaient pourtant bien. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions de ces conditions exceptionnellement pluvieuses. Les pois peuvent se semer jusqu’à la mi-mai, les haricots sont implantés de mi-mai à mi-juillet.

* Interprofession des légumes en conserve et surgelés


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