17019 hr light - Illustration « La Bretagne agricole sera toujours productive en 2070 »

« La Bretagne agricole sera toujours productive en 2070 »

Les températures à l’échelle du globe battent des records. Serge Zaka, agro-climatologue, décrit les grandes tendances culturales des prochaines années. 

Plus de 17°C en moyenne dans le monde les 3 et 4 juillet dernier. Jamais la température du globe n’avait atteint de tels sommets. Ceci, après le mois de juin le plus chaud depuis le début de l’enregistrement des températures. En France, cette température moyenne s’est élevée d’1,7°C en un siècle, selon Serge Zaka, qui intervenait, début juillet, à la station expérimentale de Kerguéhénnec, lors d’une journée consacrée à la gestion sobre et performante de la ressource en eau. « La Bretagne agricole sera toujours productive en 2070, avec le climat aquitain actuel  ». De nouvelles cultures et de nouvelles filières vont remonter, prédit le scientifique, à l’image de la vigne, dont les projets émergent déjà dans le Sud du Morbihan. « La pluviométrie sera stable en moyenne sur l’année jusqu’à la fin du siècle mais les saisons seront différentes ». Moins de pluie en été, plus en hiver. « Le nombre de journées chaudes (> 35°C) en 2050 seront plus nombreuses mais la situation sera gérable en Bretagne ». Région française qui présente également le moins de risques de ravages par la grêle et le gel. « Le gel, qui a provoqué 4 milliards de pertes en 2021 dans la viticulture et l’arboriculture, restera un problème dans l’hexagone jusqu’en 2050, après quoi, il ne sévira plus ».

Le gel a provoqué 4 milliards de pertes en 2021

L’effet du CO2

Le rendement du blé, qui a augmenté régulièrement depuis quelques décennies se stabilisera dans le Nord du pays et chutera de près de 15 % dans le Sud, où, «  le déficit hydrique en période de montaison et l’échaudage pendant le remplissage des grains seront préjudiciables malgré les progrès techniques. Au Nord, l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère compensera les inconvénients ». Les plantes convertissent ce dioxyde de carbone en oxygène et en matière organique grâce à la photosynthèse, favorisant les rendements. « Dans les régions du nord de l’Europe, mais aussi en Russie et au Canada, le blé s’épanouira grâce aux pluies et au CO2. À l’inverse, dans des pays du Sud, comme l’Espagne, la culture disparaîtra ». L’augmentation des rendements de la culture de maïs s’essoufflera, voire diminuera dans les terres les moins profondes de Bretagne. La végétalisation de la région pourrait également lui être préjudiciable (moins de prairies et d’engrais organiques). « L’effet CO2 ne jouera pas pour cette culture ». Le colza s’en sortira dans le Nord et stabilisera sa production dans le Sud. «  Son système racinaire lui permet d’aller chercher de l’eau ».

Reprise automnale de l’herbe difficile

Les prairies seront fortement impactées. «  La croissance sera plus précoce, se traduisant par une pousse supérieure de 30 % au printemps. Ensuite, jusqu’à juin, elle devrait être identique à maintenant et presque deux fois plus faible en période estivale. La reprise automnale sera difficile, avec une mort végétale possible sur certaines espèces  ». Les animaux souffriront également de la chaleur. «  Le nombre de jours de stress thermique pour une vache est d’une cinquantaine de jours, en moyenne actuellement, à Ploërmel. Il y aura une quinzaine de jours en plus en 2050  ». La production laitière devrait diminuer de 10 % en période estivale, selon Serge Zaka, en raison de l’inconfort et de l’augmentation des risques durant la gestation.

Variétés résistantes

Quoi qu’il en soit, l’adaptation au changement climatique est nécessaire. De nouvelles espèces seront cultivées là où, pour des raisons climatiques, elles étaient absentes. La génétique pourrait aussi faciliter l’adaptation au changement, avec des variétés plus résistantes au stress hydrique. Les nouvelles méthodes de sélection pourraient permettre d’aller plus vite, à condition d’être acceptées par la société.

Une année sur deux, le niveau de la nappe sera trop bas

La création de bassines est une solution, dans certains cas, mais pas La solution. Elles sont remplies par prélèvement dans la nappe. Actuellement, deux années sur dix, c’est déjà impossible car le niveau des nappes est trop bas (sur l’ensemble du territoire concerné). Dans 30 ans, ce sera une année sur deux. Quoi qu’il en soit, elles ne peuvent pas être aménagées sans évolution du système de cultures à proximité (espèces, variétés moins gourmandes en eau). En Bretagne, l’aménagement de retenues collinaires, bien réparties sur le territoire, qui captent de l’eau en hiver, ne doit pas poser de problème.


Un commentaire

  1. Bohy

    « Elles sont remplies par prélèvement dans la nappe. Actuellement, deux années sur dix, c’est déjà impossible car le niveau des nappes est trop bas (sur l’ensemble du territoire concerné). Dans 30 ans, ce sera une année sur deux. « 
    Ce genre d’affirmation à la louche est/il de votre fait, ou est-ce une citation de Serge Zaka?
    Quel que soit le cas, cela ne grandit pas son auteur. Pour soutenir ce genre d’affirmation, il faut donner du grain à moudre. Ex: le prélèvement dans la nappe dépend du type de nappe à eau libre ou eau scellée, il dépend aussi ( et surtout) du temps pendant lequel la nappe est en débordement ou supérieure à son niveau normal.
    Bref, on est loin de la crise de nerfs qui voit passer l’interdiction de 20% ( 2 années sur 10) a 50% ( une année sur deux).

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