15085.hr - Illustration S’adapter les uns aux autres
Pour Fabien Le Bihan, l’essentiel est d’aller de l’avant.

S’adapter les uns aux autres

Dans le Finistère, l’embauche de personnes en situation de handicap dans les exploitations agricoles fait peu à peu son apparition. Producteur de volailles à Guiclan, Fabien Le Bihan, a résolu ses difficultés de recrutement, notamment, grâce à des salariés en situation de handicap provenant d’ESAT.

« Cela leur plaît : ils ont envie d’aller de l’avant ». Là sont les maîtres-mots de Fabien Le Bihan pour caractériser la motivation de ses salariés en situation de handicap. Malgré tout, cela nécessite un temps de formation conséquent avec l’aide de tiers (État, Genêts d’or de Morlaix). En 2022, tout employeur d’au moins 20 salariés doit employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l’effectif total. L’obligation d’emploi concerne tous les salariés quelle que soit la nature de leur contrat.

Aller de l’avant

L’agriculteur s’est installé en 2015, après ses parents sur l’exploitation familiale en tant qu’éleveur de dindes et éleveur de bovins allaitants. Il a rencontré de nombreuses difficultés pour trouver des salariés qualifiés mais surtout motivés. Voyant ses recherches infructueuses, il a entrepris d’embaucher en 2021 des personnes en situations de handicap et s’est donc tourné vers l’Esat, (Établissement et service d’aide par le travail) réservé aux personnes en situation de handicap. Pour lui, la principale différence entre ses précédents salariés et ceux qui travaillent sur son exploitation aujourd’hui est l’implication dans la tâche à effectuer : ses salariés actuels, malgré leur handicap, sont motivés, veulent aller de l’avant et surtout s’impliquer dans la vie professionnelle.

Laisser le temps au temps

L’éleveur ne cache pas qu’il a fallu s’adapter. Tout d’abord à eux, puis à leur condition et aux tâches qu’ils pouvaient ou non effectuer et entreprendre. Pour cela, patience et apprentissage ont été les points principaux de leurs débuts dans l’exploitation guiclanaise. Chaque personne qui travaille avec lui est plus au moins adaptée à effectuer certains travaux. Sur son exploitation, il y a 3 personnes avec un handicap qui travaillent au quotidien et qui se relaient. Ce sont des personnes compétentes pour certains travaux, mais il y a certaines tâches qui ne peuvent pas être réalisées. Pour ce qui est du salaire, la rémunération des salariés s’effectue par l’Esat, sous forme de facturation. En 2021, pour les travailleurs handicapés admis dans un Esat qui exercent une activité à caractère professionnel à temps plein, le montant de cette rémunération garantie est compris entre 55,7 % et 110,7 % du Smic.

Une formation étape par étape

Les premiers jours ont été assez compliqués du fait du temps d’adaptation et de l’assimilation des différentes tâches. Pour surmonter ces problèmes, avec l’aide des éducateurs spécialisés, il a mis en place un système pour que le travail soit bien fait sans brusquer les nouveaux arrivants. Dès lors le travail a été séquencé, c’est-à-dire expliqué puis décomposé par étapes pour que les salariés puissent assimiler plus facilement et rapidement les tâches à accomplir. Face à une charge de travail trop importante et à laquelle ils ne sont pas habitués, ils peuvent se mettre une pression et donc n’assimilent pas ou peu les gestes. Aujourd’hui cette méthode fonctionne, grâce notamment à l’implication dans la démarche de sa mère et de son salarié, partenaires du projet. « C’est un travail en équipe, et l’ensemble de l’équipe s’arrange pour que cela fonctionne ».

Aujourd’hui les salariés de cette exploitation progressent petit à petit dans le but de devenir entièrement autonomes. De plus, avec l’aide des Genêts d’Or, il leur est permis à eux et à l’agriculteur, grâce à des prises de contact fréquentes, de bénéficier d’aides ou projets pour renforcer certaines lacunes. Malgré leur handicap, les salariés se rendent actifs dans leur travail et fournissent le meilleur de leur potentiel. Fabien Le Bihan ne regrette pas son choix d’avoir embauché des personnes en situation de handicap, il nous affirme que c’est une bonne expérience et qu’il faudrait y avoir plusieurs autres initiatives de ce genre.

Rédaction : Kevin Fagot, Arthur Ollivier, Mathis Queinnec, classe de ACSE 1A


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