12653.hr - Illustration Nourrir l’engagement  au service du collectif
Fabienne Garel, Yvon Boutier, Hervé Lapie, Soizic Trotel, Thomas Couëpel et Philippe Cherdel lors de l’assemblée générale de la FDSEA 22 à Plérin.

Nourrir l’engagement au service du collectif

Lors de l’assemblée générale de la FDSEA des Côtes d’Armor, la table ronde consacrée à la notion d’engagement au sein des structures a donné lieu à un débat nourri et passionnant entre les témoins invités et l’assemblée. 

« Quel engagement pour quels collectifs ? », se sont interrogés les responsables de la FDSEA des Côtes d’Armor lors de leur assemblée générale, mardi 28 juin à Plérin. « La mission première de notre organisation syndicale repose sur un projet collectif pour les femmes et les hommes qui s’investissent dans une cause commune : nourrir », a démarré Philippe Cherdel, secrétaire général. « Selon les études, le bénévolat a tendance à augmenter en France. Pourtant nous constatons qu’il est difficile de conserver ses adhérents dans nos structures, de renouveler les mandats… J’ai l’impression que les gens hésitent aujourd’hui à s’impliquer sur le long terme, recherchent des résultats plus rapides à travers des engagements plus ponctuels… » Est-ce dû aux évolutions sociétales ? Est-ce générationnel ? La pandémie a-t-elle cassé les liens ?

Une société où même l’engagement se consomme

Pour Thomas Couëpel, président du Gouessant, les mentalités ont changé en agriculture par exemple. « Dans les années 60, les bâtisseurs sont partis de zéro pour mettre en œuvre les structures dont nous profitons aujourd’hui. Ils n’avaient pas nos niveaux d’études mais une capacité d’entreprendre, de prendre des risques, de jouer collectif que nous avons perdu. Aujourd’hui, on consomme tout y compris l’engagement. C’est un fait de société. Comment amener nos adhérents à être plus acteurs ? », s’interroge le producteur de volaille.
Pour Yvon Boutier, bénévole pour l’association solidaire PLB Muco à Callac, l’agrandissement des exploitations pénalise peut-être l’engagement. « Souvent, il y a une surcharge de travail, un manque de main-d’œuvre criant. Beaucoup ne sortent plus de leur ferme pour se mettre au service du collectif », regrette l’éleveur retraité de Kerrien. Et Soizic Trotel, vice-présidente de l’Afdi Bretagne et également administratrice d’Even, conseillère municipale et membre du Comité de pilotage Agriculture au féminin 22, d’expliquer qu’un engagement ne se prend pas tout seul : « C’est une décision commune avec son épouse ou son époux, avec ses associés. Cela oblige à mieux s’organiser, à passer moins de temps sur certaines tâches, à déléguer… Heureusement, j’adore planifier… », sourit-elle.

Pour Thomas Couëpel et Hervé Lapie, membre du bureau de la FNSEA, le poids des responsabilités ne doit pas être un frein pour se lancer. Tous deux rappellent que derrière un dirigeant, il y a un groupe. « Toutes les décisions sont prises par le conseil d’administration, même si le président est plus visible. Au contraire, il faut sans cesse identifier et intégrer de nouvelles personnes prêtes à s’investir », explique le premier. « La puissance phénoménale de notre syndicat ne vient pas d’en haut. Au contraire, elle vient de la base, des adhérents et de ceux qui s’engagent dans les cantons et départements. Nous avons besoin de cette représentativité du terrain pour pouvoir se battre sur les dossiers à Paris », poursuit le second. Un point de vue partagé par Fabienne Garel, présidente de la FDSEA 22 : « Un collectif ne rassemble pas des individus derrière un chef, mais autour d’un objectif commun. »

Faire émerger les jeunes, un travail quotidien

« Les négociations sont devenues tellement âpres, les dossiers tellement techniques et complexes qu’à un certain niveau, il y a une forme de professionnalisation de l’engagement », confie Hervé Lapie, secrétaire général adjoint de la FNSEA. Pour autant, le Marnais insiste sur l’importance de s’intéresser aux jeunes dans les territoires et le « travail quotidien » des anciens pour aller les rencontrer sur leurs fermes, les convaincre de s’engager et les faire monter en compétence. « Ils ont d’autres méthodes de travail que nous, un autre regard, d’autres attentes », reconnaît le responsable. Avant de préciser qu’il faut savoir s’adapter : « Même s’ils prennent des responsabilités juste pour une pige de 2 ou 3 ans sur un dossier, nous devons leur faire confiance. Il est indispensable de les faire émerger car nous ne sommes que de passage. » 


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