Quel pathogène se cache vraiment derrière mon problème ?

La méthode d’évaluation BacterioDetect® permet, à partir d’un échantillon de lait de tank envoyé par la Poste au laboratoire, de déterminer le profil infectieux du troupeau. L’analyse PCR sait détecter l’ADN de 99 % des pathogènes responsables de mammites. « Environnement ? Réservoir mammaire ? Dans de nombreux cas, l’origine d’une dégradation de la qualité du lait est polyfactorielle », démarre Mathilde Chauvat, chef Projet qualité du lait chez Seenovia, entreprise de conseil en élevage dans les Pays de la Loire et en Charente-Maritime. Pire, lors de l’analyse de la situation par l’éleveur et ses conseillers, le risque de faire fausse route est réel. La spécialiste donne quelques exemples. On peut vite être convaincu que le problème vient d’un bâtiment surchargé. « Avant de constater à l’analyse que les bactéries responsables sont à réservoir mammaire et que le problème vient d’un défaut d’hygiène et d’hydratation des trayons après la traite… » Dans une autre stabulation équipée de logettes matelas sans paille et bien entretenues, on ne soupçonnera probablement pas le Streptocoque ubéris au premier abord… « Avant que l’analyse ne révèle sa présence renvoyant à une contamination sur la litière des taries ou du box de vêlage. Inutile donc de demander à l’éleveur de redoubler d’efforts autour de ses logettes ou à la traite… » Démasquer es pathogènes grâce à leur ADN L’analyse très utile pour mener l’enquête dont parle Mathilde Chauvat s’appelle BacterioDetect®. Cet outil lancé en 2016 par Seenovia permet, à partir d’un échantillon de lait du tank, d’obtenir une photographie bactériologique de son troupeau à un instant T révélant la présence ou non de la grande majorité des bactéries pathogènes en élevage*. « Cet indicateur s’appuie sur un test PCR au laboratoire qui réagit à l’ADN de 99 % des agents responsables des mammites et des cellules. » Pour l’éleveur, cette analyse est simple à mettre en œuvre (prix : 150 €). Il remplit avec du lait la seringue du kit de prélèvement. Cette-dernière contenant un conservateur est ensuite glissée dans l’enveloppe préaffranchie et envoyée au laboratoire par la Poste. Les résultats reviennent par mail sous quelques jours, toujours accompagnés d’un compte-rendu d’interprétation « indispensable » réalisé par un vétérinaire à partir des informations qui doivent être fournies parallèlement à l’échantillon de lait : données de contrôles de performances, historique cellules, bilan qualité du lait, extrait du cahier sanitaire, précisions sur le matériel de traite... « Le profil infectieux du troupeau obtenu à l’analyse croisé avec l’étude des résultats de contrôle de performance et pratiques propres à l’élevage permettent de hiérarchiser les pistes à creuser. » Objectif : élaborer un plan spécifique permettant de diminuer l’incidence des mammites cliniques et subcliniques. « Procéder à la vérification de la machine à traire, changer de manchons, revoir le tarissement, se pencher sur le logement ou l’alimentation, choisir un produit de trempage plus émollient, mettre des gants à la traite, nettoyer les abreuvoirs, empêcher les génisses de se téter… Avec l’expérience, nous sommes désormais capables de proposer des actions très concrètes et ciblées à partir de cet indicateur », explique Mathilde Chauvat. Expliquer certaines non-guérisons Bien sûr, l’outil révèle souvent des bactéries bien connues et identifiées sur un élevage. Mais les profils infectieux peuvent évoluer dans le temps avec les saisons, suite à l’entrée d’animaux (achat, fusion de cheptels…), à l’évolution des conditions de logement (changement de bâtiment, augmentation d’effectif, passage en logettes, quantité et qualité de paille, stress thermique…) ou du matériel de traite. En cas de doute, une analyse de temps en temps permet de faire le point. L’éleveur a d’ailleurs intérêt à partager les résultats avec son vétérinaire car si le profil infectieux a changé, ce dernier pourra, si nécessaire, ajuster le protocole de soins en lactation ou au tarissement. « Sans oublier que BacterioDetect® met également en évidence le gène Béta-lactamase de résistance des staphylocoques à certaines pénicillines. Cela peut expliquer des non-guérisons de mammites et des récidives. Dans certains cas, nous recommandons aussi de mener un test sur le lait de mélange de quelques vaches infectées chroniques. » *15 agents pathogènes détectés : bactéries de réservoir mammaire (Staphylococcus aureus, Streptococcus agalactiae, Streptococcus dysgalactiae et Corynebacterium bovis), bactéries d’environnement (Escherichia coli, Enterococcus sp., Klebsiella sp., Serratia marcescens et Arcanobacter pyogenes), bactéries mixtes (Streptococcus uberis et Staphylococcus à coagulase négative), éléments complémentaires comme Candida (levure), Prototheca (algue), Mycoplasma bovis et Mycoplasma sp. et le gène de résistance Béta-lactamase. Contact : Les éleveurs bretons intéressés par cette analyse spécifique réalisée à distance peuvent contacter Mathilde Chauvat au 06 46 48 65 46.

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