- Illustration Produire du lait bio en hiver
Françoise Faucheux mène seule un troupeau de 47 vaches laitières.

Produire du lait bio en hiver

Françoise Faucheux a bientôt 20 ans de recul en production de lait biologique. Profitant de surfaces accessibles, son système s’appuie sur 10 mois de pâturage par an. Mais une fois à l’étable, enrubanné et mélange céréalier permettent de maintenir la production.

En 1998, Françoise Faucheux s’est installée à Campénéac (56) en Gaec. Une conversion est rapidement entamée et le lait est livré en bio à partir de 2001. Avec bientôt 20 ans de recul, la Morbihannaise, qui gère désormais seule son atelier laitier depuis 2014, donne son analyse. « Le plus difficile en bio concerne les aléas climatiques. Mon système est conditionné pour produire du lait en maximisant le pâturage. L’enrubanné et le foin sont théoriquement réservés aux mois de décembre, janvier et février, quand les animaux ne sortent plus du tout », explique-t-elle.

Mais dans le cas d’une fin d’été et d’un début d’automne très secs, quand la repousse de l’herbe n’est pas au rendez-vous, il faut parfois attaquer ces stocks fin septembre. « Tributaire de la météo, chaque année je calcule mes besoins en fourrages conservés auxquels j’ajoute une marge de sécurité. » En 2018, ce filet de sécurité représentait 1,1 t de matière sèche par UGB (66 t au total) contre 0,6 t / UGB (38 t) en 2019. « Dans la pratique, c’est le déroulement du printemps qui détermine la quantité d’herbe récoltable et récoltée pour constituer les stocks. »

Complémentation plus efficace grâce au Dac

Outre les prairies, l’assolement (43 ha de SAU) compte des parcelles de mélange céréales – protéagineux. Implantée généralement début novembre, la semence de ce mélange est ainsi répartie : « 100 kg de blé – orge – triticale, 70 kg de féverole, 15 kg de pois et 15 kg d’avoine par hectare. » Récolté en grain fin juillet, le rendement tourne en moyenne autour de 45 q / ha. Tout est stocké en cellule puis aplati à la demande, un prestataire passant trois fois par an.

À raison de 2 à 3 kg par tête par jour, cet aliment complet fermier est apporté de la fin de la période sèche – « 10 à 15 jours avant vêlage pour éviter que les animaux perdent de l’état en début de lactation » – jusqu’à la confirmation de gestation. Cette distribution a longtemps été réalisée manuellement, à l’auge. « Toutes ces manipulations quotidiennes de seaux étaient devenues compliquées. Le mal de dos m’a poussée à investir dans un Dac en 2017 », explique Françoise Faucheux. Un équipement qu’elle apprécie pour la limitation de l’astreinte physique, mais aussi pour sa précision. « La distribution est désormais vraiment ciblée à l’animal. Auparavant, au cornadis, la dose apportée était trop souvent partagée avec les voisines. Celles qui en avaient besoin n’ingéraient pas la quantité attendue et celles qui n’en avaient pas besoin en recevaient… » À l’arrivée, cette complémentation mieux maîtrisée semble permettre une économie de concentré. « En 2018, 6,4 ha de mélange céréalier avaient été semés, contre 9 ha les années précédentes. Et pour cet automne, j’ai décidé d’en implanter que 5 ha… »

Les meilleurs enrubannés pour l’hiver en bâtiment

Dans cette zone séchante, en année normale, le troupeau est normalement conduit dehors, jour et nuit, de fin février à Noël. Pendant la période à l’étable, les vaches sont nourries avec du foin et surtout de l’enrubanné (5 bottes apportées à l’auge tous les 2 jours). « Ces fourrages sont proposés à volonté. Le foin est très peu consommé. Par contre, les animaux avalent beaucoup d’enrubanné. Elles ingèrent même davantage de matière sèche au bâtiment qu’au pâturage », détaille Françoise Faucheux. À cette période, les meilleures coupes de l’année leur sont distribuées, celles issues de parcelles contenant de la luzerne, qui atteignent 14 % de MAT. « Cela permet de maintenir la production l’hiver. »

Début février, quand le cheptel commence à sortir à l’herbe en journée, les coupes moins riches sont alors proposées, ainsi que du foin, en complément du pâturage. Au final, le système de la Morbihannaise est autonome et parfaitement maîtrisé techniquement. L’atelier vend 275 000 L de lait par an pour un niveau d’étable avoisinant les 6 000 L par vache. Cette maturité dans la conduite se lit également dans les résultats de reproduction : 67 % de taux de réussite à l’IA première pour un intervalle vêlage – vêlage de 383 jours à relier avec la volonté de grouper au maximum les vêlages d’août à octobre.

Deux rendez-vous techniques

Résultats d’essais menés à Trévarez (29) depuis 2013 et témoignages d’éleveurs sur l’autonomie fourragère, la ration hivernale, l’impact de la période de vêlage… La Chambre régionale d’agriculture organise deux rencontres pour les producteurs de lait bio et ceux réfléchissant à une conversion : mardi 19 novembre à la ferme expérimentale de Trévarez ou jeudi 21 novembre chez Françoise Faucheux (lieu-dit l’Abbaye d’en bas) à Campénéac (56). Dès 13 h 30. Renseignements : 02 98 52 48 08.

L’exploitation (2018)
• 47 Prim’Holstein
• 43 ha, dont 41 ha accessibles,
• 15 ha pâturable chez le voisin sous forme d’achat d’herbe sur pied,
• 6,4 ha de mélange céréalier.


Tags :

Un commentaire

  1. Cyril

    Article intéressant manque quelque chiffre économique et temps de travail ?

Les commentaires sont désactivés.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article