Les moutons Roussin de la Hague côtoient les chèvres des Fossés pour l’entretien des abords de l’Abbaye de Bon Repos. - Illustration Faire rimer entretien des espaces avec écologie
Les moutons Roussin de la Hague côtoient les chèvres des Fossés pour l’entretien des abords de l’Abbaye de Bon Repos.

Faire rimer entretien des espaces avec écologie

Depuis 2016, Denis Messager développe, en parallèle de son métier d’aide médico-psychologique, son activité d’écopaturâge dans les Côtes d’Armor. Ses chèvres et moutons entretiennent les abords de l’abbaye de Bon Repos à Saint-Gelven, de la Villa Rohannec’h à Saint-Brieuc, de certaines collectivités locales, dans certains établissements scolaires mais aussi chez des particuliers du département.

Denis Messager a passé son enfance dans l’exploitation agricole voisine de la maison familiale. Ses parents ne sont pas issus du milieu agricole, il choisit malgré tout de réaliser ses études dans ce domaine. Après son BTS, il travaille comme commercial et démarche les éleveurs de porcs. Mais il ne s’épanouit pas dans cette approche commerciale avec le monde paysan. « Il me manquait le contact humain sincère et non mercantile. Je décide donc de me réorienter et de suivre une formation d’aide médico-psychologique pour travailler au contact de personnes en situation de handicap », raconte Denis Messager. Il prend la décision de se rapprocher des hommes pour sa carrière professionnelle, mais l’amour qu’il porte aux animaux ne l’a jamais quitté. « J’habite à Caurel, avec ma femme et nos enfants, nous avons toujours eu des animaux à la maison. C’était au début des chevaux, puis un ami nous a offert une chèvre des fossés. J’ai rapidement mis cette chèvre à débroussailler les 7 hectares de landes jonchées de ronces et de saules que je possède à côté de ma maison. J’ai ensuite acheté un bouc afin de constituer mon troupeau. »

[caption id=”attachment_39720″ align=”aligncenter” width=”720″]Denis Messager, fondateur d’Argoat Écopaturâge avec ses chèvres des Fossés. Denis Messager, fondateur d’Argoat Écopaturâge avec ses chèvres des Fossés.[/caption]

Faire perdurer des races locales

Les moutons sont très rapidement venus rejoindre les chèvres. Ce fut d’abord des moutons d’Ouessant, puis du Roussin de la Hague suivi par la race Lande de Bretagne et enfin le Belle Île. « Je me suis rapidement passionné pour les races locales à faible effectif. Ce sont des animaux rustiques et il est important de faire perdurer ces races. » Le projet de développer de l’écopaturâge est venu un peu par hasard. En voyant l’efficacité des chèvres et des moutons pour l’entretien des 7 ha de landes, certains voisins lui ont demandé si ses animaux étaient disponibles pour venir débroussailler certains de leurs terrains. Proposition qu’il a acceptée avec plaisir et ce fut une façon aussi de récupérer des parcelles pour nourrir ses troupeaux grandissants. Pendant quelques années, il prête ses chèvres, ses moutons et se dit qu’il y a certainement une demande sur le territoire pour développer ce type de prestations. « Avant de démarrer mon activité, j’ai échangé avec Yann Varin (membre fondateur de l’Association de Sauvegarde et de Promotion de la chèvre des fossés) qui a lui-même développé une activité d’écopaturâge et de chez qui vient ma première chèvre des fossés. »

[caption id=”attachment_39719″ align=”aligncenter” width=”720″] © Mélanie Bodolec[/caption]

Reconnecter les urbains à la ruralité

En 2016, Denis Messager monte sa micro-entreprise pour développer de l’écopaturâge dans les Côtes d’Armor. « J’ai décroché un premier contrat avec le Conseil départemental pour l’entretien du site de l’Abbaye de Bon Repos à Saint-Gelven. Les animaux y sont pendant 10 mois de l’année. J’y ai mis les chèvres au démarrage pour qu’elles éliminent les ligneux. Maintenant, les moutons se mêlent aux chèvres en fonction de la végétation. J’aime avoir mes animaux sur ce lieu chargé d’histoire. » Avant l’arrivée des animaux à Bon Repos, un botaniste a fait un inventaire des plantes présentes. Denis Messager s’est engagé à protéger certaines plantes comme l’orchidée sauvage, le poireau perpétuel et le sceau-de-Salomon (muguet du pauvre) par des filets tant que leur cycle végétatif n’est pas achevé.

Les chèvres de Denis ont aussi défriché les coteaux du Légué faisant partie de la Villa Rohannec’h à Saint-Brieuc dont l’accès était impossible aux engins. L’endroit était recouvert de plantes invasives et les chèvres ont permis de ré-ouvrir le milieu et, de ce fait, un chemin donnant sur le Légué est maintenant très fréquenté par les habitants de Saint-Brieuc. « J’ai aussi des animaux qui sont en charge de l’entretien dans des établissements scolaires comme dans un collège à Mûr-de-Bretagne ou comme à titre expérimental et pédagogique au lycée horticole de Saint-Ilan, ce qui permet de mettre en place des animations scolaires sur l’intérêt et les avantages de l’écopaturâge, ainsi que sur la préservation de la biodiversité. Lorsque je suis sur mes chantiers, je parle de l’histoire de l’agriculture bretonne avec les gens. C’est une bonne façon de reconnecter les urbains à la ruralité. L’animal devient alors le médiateur de la relation sociale. »

Développer la zoothérapie

Denis Messager s’est aussi formé à la zoothérapie à l’Institut français basé en Isère. Pour le moment il développe plus l’écopaturâge que cette activité mais pour lui les deux sont complémentaires et il espère pouvoir pratiquer la zoothérapie dans les années qui viennent. Dans son métier d’aide médico-psychologique (AMP), il a développé une activité d’approche des animaux pour des personnes en situation de handicap. Elles vont régulièrement dans une ferme pour s’occuper et nourrir les animaux. « Le déclic de la zoothérapie m’est venu lors d’une de ces sorties à la ferme. Ce jour-là, nous avions avec nous un jeune de 25 ans qui, selon son dossier médical, était considéré comme “sourd et muet”. Lors des premières séances, il refusait d’entrer dans la porcherie mais à la 5e il est entré, s’est bouché le nez puis est sorti en disant : “Ça pue”. À ce moment-là, j’ai eu un déclic et j’ai vraiment fait le lien entre mon métier d’AMP et ma passion des animaux. Cela a permis de confirmer le pouvoir bénéfique indéniable de la relation que les animaux pouvaient avoir sur les personnes. »

Contact : Argoat Écopaturâge, tél. : 07 82 98 03 66, mail : argoat.ecopaturage@gmail.com


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