Ambition

« Aussi longtemps que l’Europe restera morcelée, elle restera faible ». Cette phrase de Jean Monnet, un des pères fondateurs de l’Europe, prononcée en 1952 devant la presse américaine, est d’une poignante actualité. Soixante-six années n’ont pas suffi pour créer chez les peuples européens une véritable identité comme c’est le cas aux USA.

Les élites, souvent prescripteurs d’opinion, sont les premiers responsables de l’effondrement du grand dessein européen d’après-guerre. Car, plutôt que de faire de la grande politique s’appuyant sur une belle histoire d’un peuple européen épris d’idéaux humanistes, trop de « responsables » irresponsables préfèrent céder à la tentation du court-terme, à la pression des lobbies intéressés et brandir les oripeaux de la peur. Les nouvelles générations instruites et éclairées ne partagent pas cette vision. En témoigne le vote des jeunes Britanniques contre le Brexit. En témoigne l’attachement à l’Europe des jeunes Croates et Slovènes qui se souviennent encore que la division est source de conflits. C’était hier, en 1991.

La politique agricole n’échappe malheureusement pas à ce « débobinage », comme le dit Jacques Carles, président du think tank Agriculture Stratégies. Il se désole que l’UE s’apprête à rogner le budget agricole quand les USA doublent leur soutien à l’agriculture, en passant de 100 à 200 milliards de dollars. Quand la Chine multiplie son budget agricole par plus de 5 (de 50 à 270 Mds $), soit « un effort par habitant identique à l’Europe pour un niveau de vie 3 fois inférieur ». Pourquoi l’UE, sur le podium de l’agriculture de qualité, se prive-t-elle des mêmes leviers et n’affiche pas les mêmes ambitions ? L’Europe unie ne se construira pas sur le repli mortifère, mais bien sur un récit exaltant.


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