Mickaël Frémont, dans une de ses parcelles de colza en association. « Les vesces et les trèfles ont disparu. » - Illustration Des trèfles et vesces accompagnent le colza
Mickaël Frémont, dans une de ses parcelles de colza en association. « Les vesces et les trèfles ont disparu. »

Des trèfles et vesces accompagnent le colza

Depuis une dizaine d’années, le Gaec Les Émeraudes utilise des associations d’espèces dont le but premier est de réduire les herbicides sur colza. Des effets positifs sont aussi notés sur les ravageurs.

Avec une production de lait (800 000 L) et un atelier de volaille label, les deux associés du Gaec Les Émeraudes à Saint-Mars-du-Désert (44) gèrent une SAU de 230 ha sur laquelle sont cultivés 70 ha de céréales, 30 ha de colza, 40 à 50 ha de maïs pour l’alimentation animale, 5 à 10 ha de luzerne et le reste est en herbe. Depuis quelques années, la variété de colza à récolter est mélangée avec un peu de variété très précoce ES Alicia qui joue un rôle de « piège » à méligèthes (respectivement dosées à 30 graines/m2 et 5 – 10 graines/m2). Les insectes mangent les boutons floraux de la variété précoce et terminent leur cycle en épargnant la variété principale.

Les limaces commencent par le trèfle

« Ces deux colzas sont semés en mélange avec deux variétés de trèfle et deux variétés de vesce qui, en se développant, limitent l’implantation des mauvaises herbes », précise Mickaël Frémont, un des deux associés du Gaec. Mais le producteur a aussi observé des effets positifs sur les ravageurs. « Par exemple, les limaces s’attaquent d’abord au trèfle. Les plantes-compagnes semblent aussi attirer les altises à l’automne. Cela donne plus de temps avant de choisir d’intervenir ou non. »

Globalement, les producteurs ont réduit les traitements phytosanitaires. « Cette année, nous avons réalisé deux passages d’insecticides, un anti-graminée sur une partie du champ et un fongicide. Auparavant, nous aurions fait deux désherbages (en pré-semis et post-semis) et un insecticide en plus. »

Ne pas être dépassé

Mais cette technique n’est pas toujours simple à mettre en œuvre. « Il faut que le colza prenne le dessus sur les plantes compagnes qui doivent geler en hiver. En cas de mauvais dosage, elles peuvent étouffer le colza… » Au départ, les producteurs mettaient 25 kg/ha de plantes compagnes. « Aujourd’hui, nous augmentons la part de trèfle et mettons 12,5 kg/ha au total. » Par ailleurs, le risque d’avoir plus d’adventices sur les cultures suivantes augmente du fait de la réduction des herbicides. « Mais avec un déchaumage en été, c’est gérable. »

Pour le semis, le producteur mélangeait tout manuellement au départ. « Aujourd’hui, nous utilisons un semoir en Cuma avec séparation de cuves. » C’est la coopérative Terrena qui a proposé aux producteurs de se lancer dans cette association de cultures. Même si ce n’est pas flagrant, « les rendements sont plutôt meilleurs avec cette technique. Mais ce qui nous intéressait d’abord, c’était la réduction des produits phytosanitaires car l’exploitation est en zone de captage d’eau, en zone Natura 2000 et en espace périurbain… » Certains producteurs engagés dans cette démarche réduisent aussi leurs apports d’azote sur le colza (20 kg/ha en moyenne).

Développer les associations

En mai dernier, Terrena a accueilli à Ancenis une délégation internationale de 70 chercheurs venus de 13 pays dans le cadre du séminaire du projet ReMix (commencé il y a un an). La coopérative fait partie des 23 partenaires européens de ce travail de recherche collaborative sur les associations de culture. « C’est un des leviers possibles pour produire autant avec moins d’intrants », explique Éric Justes, coordinateur. Il souligne que le champ du projet concerne des cultures de vente à destination humaine. « Les plantes étudiées doivent correspondre aux attentes des différents marchés, autour des 11 plates-formes européennes. »


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