Du retard dans les semis de maïs

Les mauvaises conditions météorologiques d’avril ont contraint nombre d’agriculteurs et entrepreneurs à ajuster leurs dates de chantiers de préparation de semis de maïs. La priorité cette semaine était toujours aux apports organiques sur les parcelles ressuyées. Les semis de maïs peuvent attendre encore un peu, sans préjudice pour l’instant.

Cette semaine, les chantiers d’épandage se sont poursuivis, pour les parcelles suffisamment ressuyées. Dans certaines zones, les premiers chantiers de semis, peu nombreux, ont commencé. Avec l’arrivée du soleil, les sols se réchauffent et la tension monte, alors que les chantiers de préparation du maïs viennent en concurrence avec l’ensilage d’herbe, l’apport d’engrais ou les fongicides sur céréales… « Mais pourtant, rien ne presse. On n’est qu’au début de la période optimale pour semer le maïs », rassure Michel Moquet, ingénieur régional à Arvalis-institut du végétal.

Le ressuyage l’emporte sur la date de semis

À ce jour, il est prioritaire d’attendre un ressuyage des sols pour épandre les fumiers, préparer de manière optimale des lits de semences et éviter lissages et tassements, préjudiciables à la structure du sol et à l’enracinement. « Les bonnes conditions d’implantation sont à considérer en premier, avant la date de semis », insiste-t-il. Les années où les conditions sont favorables, les premiers semis peuvent démarrer dès la mi-avril, surtout pour les parcelles récoltées en grain.

« Il s’agit d’un bon compromis pour limiter les risques agroclimatiques. Lorsque la préparation du sol et les semis se font dans de bonnes conditions, la période optimale pour le potentiel de rendement se situe entre le 15 avril et le 5 mai. » La grande majorité des Bretons sortent leur semoir autour du 25 avril. Mais ces semis s’étalent aussi jusqu’à la mi-mai, voire après. « Ce n’est qu’après début mai qu’on observe une baisse significative du rendement et de la qualité des maïs. »

Cette année, les chantiers de semis ont démarré un peu plus tard. Ils risquent de se situer dans un laps de temps plus serré, si la pluie ne se réinvite pas au programme, ce qui ne facilitera pas les calendriers des ETA et des Cuma.

Concurrence avec l’ensilage d’herbe

Les semis habituellement précoces en Sud Morbihan et Est Ille-et-Vilaine semblent cette année perdre leur avance. Plus arrosés début avril que l’Ouest de la Bretagne, ces secteurs ne démarreront pas les semis avant les autres. « L’année dernière, l’épandage avait commencé début février. Cette année, quasiment à la mi-avril, l’épandeur n’était pas encore sorti. Les sols étaient impraticables », relate l’ETA Boulais dans le secteur de Guipry-Messac (35).

Pour certains, il a fallu ensiler les dérobées avant d’épandre les effluents. Pour d’autres, la longue période hivernale ayant fortement entamé les stocks de fourrages, l’ensilage ou l’enrubannage ont eu la priorité jusque cette semaine. « Les semis de maïs sous plastique ont démarré mardi 24 avril, contre la mi-avril l’année dernière. Sans plastique, les chantiers sont programmés autour du 10 mai », compare un des salariés de l’ETA.

Une « faim d’azote » avec des fumiers frais ?

Si l’épandage est réalisé suffisamment tôt, une culture de maïs valorise environ 30 % de l’azote présent sous forme organique dans le fumier de bovin. C’est-à-dire apporté au moins 1,5 à 2 mois avant le semis, notamment si les fumiers sont frais et pailleux. En pratique, ce délai est rarement respecté, il le sera encore moins cette année… « En conséquence, pour les fumiers les moins évolués, cela risque de se traduire par une faible disponibilité d’azote minéral au moment où la culture en aura le plus besoin, à partir de 8 feuilles », explique l’ingénieur régional. « Il est donc conseillé de ne pas apporter trop de fumier frais juste avant maïs, ou au moins réduire les quantités épandues ». 

Pas facile à respecter, quand on a de grosses quantités à gérer après une durée plus longue des animaux en stabulation… Mais la moindre efficacité de cet apport pourrait imposer un complément d’azote sous forme minéral pour couvrir à terme les besoins de la culture. Pour les lisiers et fumiers de volaille, l’azote est sous forme ammoniacale. Apportés au plus près du semis, ils doivent être incorporés rapidement pour éviter les pertes par volatilisation.

Quels risques côté ravageurs ?

Sur le terrain, les prévisions vont bon train, alors même que le maïs n’est pas encore en terre. On parle d’un risque important d’attaque de mouches géomyze. Le souvenir du printemps 2016 est toujours en mémoire. « Il n’y a pas de lien avec la date de semis. L’étude de la présence du ravageur en 2016 a révélé des dégâts importants sur la 1re vague de semis, mais aussi sur des semis plus tardifs. Par contre, les conditions climatiques de l’automne et de l’hiver ont été favorables à la survie des populations. Le niveau de risque apparaît donc assez élevé ce printemps », rappelle Michel Moquet. Avant de rajouter : « Et des dégâts de géomyze ont été observés sur céréales à la sortie de l’hiver ». Du côté des taupins, seront-ils plus actifs sur des semis plus tardifs ? Leur présence dans les céréales fait craindre le pire, selon les dires de certains. « Les taupins sont effectivement plus actifs dans des sols réchauffés. Si leur activité n’est pas visible sur des semis plus précoces, cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas présents… », relativise l’expert régional.


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