Y a-t-il encore de la place pour la bio ?

L’augmentation de la demande de produits bio ne faiblit pas. Au contraire. La concurrence pourrait venir de l’offre de plus en plus importante de denrées conventionnelles différenciées.

Plus de 400 conversions de fermes à l’agriculture biologique en 2016 en Bretagne, dont 185 en lait. Record pulvérisé. La tendance est la même partout en France et même au-delà des frontières. Deux questions préoccupent les opérateurs de la filière et notamment les producteurs. La tendance à la hausse de la consommation se confirmera-t-elle ? Les prix se maintiendront-ils ? « En production laitière, la collecte en bio ne représente toujours que 2,4 % de la collecte totale même si elle a été multipliée par deux ces cinq dernières années », répond Christelle Burel, des Chambres d’agriculture, lors d’une journée sur le thème des conversions, organisée à Plouay (56), la semaine dernière. « Les ventes de fromages et de produits ultra-frais sont en forte augmentation depuis 2015. C’est un signe très positif pour la filière ». Le prix, payé aux producteurs, est supérieur de 90 €/1 000 litres au prix du lait conventionnel.

Chez nos voisins européens, la tendance est la même, avec + 10 % de production en Allemagne cette dernière année. Plus du tiers des produits laitiers consommés sont importés, notamment du Danemark. Dans les pays du Nord, les labels « lait de foin, de prairie, sans OGM ou encore, de montagne », fleurissent, à des prix plus abordables. Prendront-ils des parts de marché à la production bio ou au conventionnel ? La question reste posée. D’autres points de vigilance demeurent : « Un tiers des éleveurs français bio ont plus de 53 ans. Y aura t-il une relève ? ». Une éleveuse en conversion, présente dans la salle, assure, confiante : « Les personnes qui commencent à manger bio continuent et la pression médiatique contribue au développement de ce type de consommation ».

Œufs et porcs

L’optimisme est également de mise du côté des œufs biologiques. « Les opérateurs français en demandent car ils ont besoin d’une gamme complète pour capter de nouveaux marchés », reprend Christelle Burel. Là aussi, les produits conventionnels différenciés (labels, Bleu-Blanc-Cœur, plein air…) pourraient prendre des parts de marché et limiter l’essor du bio. En production porcine, la filière est encore embryonnaire. La demande est loin d’être comblée et les opérateurs ont recours aux importations. Certaines coopératives mettent en place des élevages naisseurs engraisseurs d’une soixantaine de truies, en moyenne.

Végétal incontournable

Pour répondre à ces demandes animales, des milliers d’hectares sont en cours de conversion pour produire des céréales et des protéagineux. Les besoins pour l’alimentation humaine et animale ne sont, à ce jour, pas comblés. Beaucoup de cahiers des charges exigent un approvisionnement français en matières premières… La tendance est identique en légumes. « L’augmentation de la consommation est forte, les conversions sont nombreuses. Comme pour les grandes cultures, il y a un souci de collecte et de stockage des productions ».

La Bretagne est la principale région de production de légumes frais en France. Les conversions sont nombreuses sur la côte nord. Dans le Sud, D’aucy et Triskalia développent le légume de transformation (pois, haricot, flageolet). On le voit, la confiance est de mise. La production a du mal à suivre la consommation. Chaque crise médiatique – glyphosate dernièrement – accentue la tendance. Cet engouement ne doit pas faire oublier que même en augmentation de 1 % par rapport à 2016, la SAU française consacrée à la bio n’est toujours que de 6,5 % actuellement.

Optimisme en production de viande bovine

[caption id=”attachment_31312″ align=”alignright” width=”168″]gabriel-haguet Gabriel Haguet, Bretagne Viande Bio (BVB)[/caption]

Il semble que le consommateur veuille manger moins mais mieux. Les trois-quarts de cette viande sont tout de même consommés sous forme de steak haché. C’est une opportunité pour la filière laitière qui peut écouler des vaches de réforme…Tous les clignotants sont au vert pour l’année à venir. Nous augmentons la production en bovins et veaux mais aussi en porcs, en ovins et en lapins. Notre partenariat avec Biocoop est rassurant. Beaucoup de magasins se montent actuellement, souvent dotés de boucheries. Chez nous, les grilles de prix sont définies par les producteurs, en fonction du marché et revues tous les 6 mois. Gabriel Haguet, Bretagne Viande Bio (BVB)


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