La majorité des céréales produites en Bretagne partent pour la consommation des animaux. La demande est forte, liée à de nombreuses conversions, comme en volaille de chair ou en production d’œufs. - Illustration Les filières biologiques cherchent des céréales
La majorité des céréales produites en Bretagne partent pour la consommation des animaux. La demande est forte, liée à de nombreuses conversions, comme en volaille de chair ou en production d’œufs.

Les filières biologiques cherchent des céréales

La forte demande en céréales bio a du mal à être satisfaite, entre des ateliers de productions animales qui consomment des céréales locales et l’alimentation humaine qui recherche une certaine qualité, comme en boulangerie.

« Cela fait 20 ans que je produis en bio, et 20 ans que j’entends parler de structuration de la filière céréales biologiques », introduit Marc Paugam, producteur de Lanhouarneau (29) et administrateur au Groupement des agriculteurs biologiques du Finistère. Les céréales biologiques manquent de producteurs, les nombreuses conversions ou créations d’ateliers de porcs, de volailles de chair ou d’œufs tirent la demande vers le haut.

« À juin 2018, la SAU dédiée à l’agriculture biologique représentait 7 %, avec 3 000 fermes », chiffre Goulven Marechal, de la Frab (Fédération régionale des agrobiologistes de Bretagne), lors d’une journée de présentation de la filière céréales bio à Douarnenez (29). Si la production laitière représente 28 % de ces agriculteurs, et les productions légumières 24 %, les fermes dédiant leurs surfaces à des cultures céréalières atteignent « seulement » les 9 %. « Les ¾ partent en élevage pour de l’autoconsommation », explique le technicien. Un effet antagoniste donc, avec une demande forte pour une production parfois diluée entre consommation par les animaux, livraisons aux collecteurs ou approvisionnement des boulangers ou des brasseurs de bière.

Les cheptels en conversion

Si les cours des céréales biologiques font observer une certaine stabilité, à hauteur de 350 €/t en blé meunier de 2007 à 2016, les surfaces allouées à la production de céréales en Bretagne diminuent entre 2016 et 2017, après avoir fortement augmenté les années précédentes. « Des surfaces anciennement en céréale ont été dédiées à la pâture, suite à des conversions », analyse Goulven Marechal. En parallèle, les cheptels de volaille de chair ont bondi de 172 % entre 2014 et 2017, les poules pondeuses et les truies ont respectivement connu des hausses de + 50 et + 21 % sur cette même période. Pour répondre à cet appétit croissant des animaux, il faudrait « 11 000 ha pour nourrir les monogastriques, dont 6 000 ha en céréales et
3 000 ha en soja ». La Bretagne dispose aujourd’hui 17 000 ha de céréales et blés noirs, destinées à tous types de débouchés (alimentation humaine et animale).

La Nouvelle-Aquitaine fait la moitié du blé bio

La boulangerie Canévet, basée à Saint-Thégonnec depuis 35 ans, produit 100 % de la farine nécessaire à la confection de ses pains biologiques. « Nous nous fournissons en grains bio dans des coopératives situées en Normandie et dans le Sud-Ouest. Notre souhait est de relocaliser nos approvisionnements, mais nous cherchons aussi une certaine qualité, demandée par nos clients », témoigne Yves Canévet. La moitié de la production de blé bio français se réalise en région Nouvelle-Aquitaine.

90 % des céréales utilisées par cette boulangerie sont composées de blé. Les épeautres, sarrasins, seigles et autres petits épeautres proviennent de Bretagne, car « de qualité satisfaisante. Pour le blé, nous sommes attachés à des critères comme les taux de protéine, ou les temps de chute de Hagberg », confie le boulanger. Des critères plus difficiles à atteindre en blé bio et notamment en taux de protéines, car intimement liés à la fertilisation azotée.

Du blé français sinon rien

Landry Trétout, producteur de lait de Crozon (29) et administrateur chez Biolait, rappelle que « nos vaches consomment 80 à 90 % d’herbe. Pour éviter tous problèmes et face à ces volumes de céréales faibles, nous nous obligeons à acheter exclusivement de la céréale française, quitte à produire moins de lait s’il le faut ».


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