tournesol - Illustration Tourteau de tournesol riche en protéines, une nouvelle dépendance

Tourteau de tournesol riche en protéines, une nouvelle dépendance

Depuis quelques années, la culture de tournesol a dépassé celle de coton au niveau mondial, prenant la troisième place sur le podium des oléagineux avec 49 Mt en 17/18, derrière le colza (63 Mt) et loin derrière le soja, indétrônable à 345 Mt.

Cette progression est portée par une hausse de l’assolement en tournesol dans la CEI qui booste la production en Ukraine tout d’abord (13,4 Mt), mais aussi en Russie (11,3 Mt). Un changement de fiscalité en Argentine relance aussi la culture dans ce pays (3,8 Mt). L’Union européenne (UE) reste un acteur majeur, avec une production de 9 Mt, cette saison. En quelques années, la Roumanie (2,5 Mt), la Bulgarie (2 Mt) et la Hongrie (1,9 Mt) ont dépassé la France et l’Espagne. La production européenne s’est donc développée à l’est de l’Union, modifiant les flux de marchandises intracommunautaires, grâce au Danube notamment.

Une trituration européenne en hausse

Portée par une bonne demande en huile et en tourteaux, la trituration européenne croît chaque saison un peu plus, nécessitant un recours aux importations, lorsque la récolte de tournesol est moins bonne. L’appétit des pays tiers (Turquie essentiellement) peut aussi entraî- ner plus d’exportations et contraindre les disponibilités internes. Mais cette saison, les échanges devraient être limités, à la fois par une baisse des besoins turcs (forte hausse de la production nationale) et par une bonne récolte européenne. C’est d’ailleurs ce qui explique la faiblesse des cotations actuellement. Mais ce bilan en graines, un peu lourd, est loin de refléter le contexte européen du tourteau.

Recours au tourteau HP d’importation

La hausse programmée des volumes triturés dans l’UE en 17/18, à 8 Mt, n’est en effet pas suffisante pour couvrir les besoins des filières animales. En effet, le recours à des tourteaux de tournesol HP(1) d’importation n’a cessé de s’accroître depuis 2009, et participe largement à l’équilibre offre/demande européen. Ces coproduits ont notamment conquis les fabricants d’aliments français, car ils permettent de remplacer dans de nombreuses formules, un soja doublement handicapé par son caractère OGM et son lien avec la déforestation des Cerrados brésiliens.

C’est donc logiquement que les formulateurs ont remplacé, autant que faire se peut, l’un par l’autre, notamment dans les aliments pondeuses et vaches laitières. C’est aussi la raison pour laquelle le recul des importations de tourteaux de soja n’a pas réduit notre dépendance protéique, puisque le tourteau de tournesol HP est en grande partie importé d’Ukraine, de Russie, mais aussi d’Argentine.

Moins de tourteaux de tournesol pour le négoce mondial

Or, si la saison 16/17 avait été marquée par un record de production de l’oléagineux en Mer Noire, l’exploit ne sera pas renouvelé cette année. L’Ukraine et la Russie n’ont pas connu des conditions culturales aussi favorables que l’an passé et doivent céder du terrain. De plus, la part du tourteau dévolue au marché intérieur ne cesse d’y croître, notamment en Russie où les exportations ne concernent que 30 % des coproduits contre 80 % en Ukraine.

En conséquence, nous devrions avoir un peu moins de tourteaux de tournesol décortiqué disponibles pour le négoce mondial (-0,6 Mt ?) dans les mois à venir, ce qui ne fera pas les affaires des filières animales européennes. Car la hausse de la trituration attendue dans l’UE ne nous créditera que de 150 000 t environ de coproduits supplémentaires, c’est-à-dire pas assez pour compenser le recul des pays de la CEI. Finalement, la consommation européenne du tourteau devrait diminuer de 0,2 à 0, 3 Mt dans les prochains mois.

Les origines Mer Noire incontournables

En France, la production de tournesol devrait atteindre entre 1,3 Mt et 1,5 Mt selon les sources, contre 1,2 Mt en 16/17. Pour l’instant, la trituration reste inchangée à 1,18 Mt dans le bilan FranceAgriMer. Comme les importations de tourteaux HP ukrainiens peuvent reculer (à moins d’y mettre le prix), nous pourrions donc avoir moins de consommation de tourteau de tournesol en 17/18 dans l’Hexagone aussi.

610 000 t de tourteaux de tournesol ont été produites par les usines françaises en 2016.

Rappelons qu’en 2016, 610 000 tonnes de tourteaux de tournesol ont été produites par les usines françaises, et que 7 % environ ont été exportés (UE et Suisse principalement). Face à cela, nous en avons importé 883 000 tonnes, dont 61 % d’Ukraine, 8 % de Russie et 21 % des États membres de l’UE. Autant dire que les origines Mer Noire sont devenues incontournables.

Le tournesol HP gagne ses galons dans l’UE

En deux ans, les importations dans l’UE des principaux tourteaux, ont reculé d’1 Mt. La compétitivité des céréales fourragères (blé fourrager abondant) et des coproduits céréaliers a entraîné un report du soja, du colza et du palmiste sur ces matières premières. Seul le tourteau de tournesol HP a continué à progresser. En 16/17, ce sont 20,1 Mt de farines de soja qui ont été importées contre 3,8 Mt pour le tourteau de tournesol, 2 Mt pour le tourteau de palmiste et seulement 0,24 et 0,23 Mt respectivement pour la farine de poisson et le tourteau de colza. Ce recul des importations de tourteaux de soja au profit de ceux de tournesol et des drêches de céréales est aussi observé en France. La demande en aliments non-OGM est très porteuse pour ces deux coproduits.

(1) : High Protein, soit 37 % de protéines grâce au décorticage de la graine.


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