Philippe Presse (à droite) a été accompagné par Bernard Le Guern, conseiller spécialisé de GDS Bretagne (à gauche), pour mesurer les niveaux et les variations de vide du système de traite lors d'une assistance à la traite. - Illustration Du matériel jetable pour plus de prévention
Philippe Presse (à droite) a été accompagné par Bernard Le Guern, conseiller spécialisé de GDS Bretagne (à gauche), pour mesurer les niveaux et les variations de vide du système de traite lors d'une assistance à la traite.

Du matériel jetable pour plus de prévention

A l’EARL Philippe Presse, à Trédaniel (22), une assistance à la traite a permis de détecter la cause d’une propagation soudaine de staphylocoques dorés sur le troupeau, provoquant l’apparition de mammites en juin 2017, malgré des pratiques d’hygiène rigoureuses à la traite.

Le sanitaire est un sujet d’attention pour Philippe Presse, installé à Trédaniel (22) depuis 2000. Il a ainsi essayé différentes techniques d’hygiène de traite. « J’ai abandonné le système de lavettes humides, lavées en machine, pour revenir au papier. C’est avec « le jetable » que j’ai les meilleurs résultats », explique l’éleveur. Il trait avec des gants, une paire par traite, désinfectés après la préparation des vaches infectées et/ou en mammites cliniques. Le produit moussant de prétrempage est essuyé par un essuie-tout. Un morceau par vache. Le tirage des premiers jets est systématique. Enfin, un produit iodé est appliqué en post-trempage après traite, pour un effet barrière.

Des bracelets de couleur permettent une bonne communication avec son salarié en ce qui concerne les animaux à surveiller ou à traiter, ou dont le lait est destiné aux veaux. Après la traite de ces individus, les faisceaux trayeurs sont décontaminés avec du peroxyde d’hydrogène et de l’acide péracétique. Le test CMT n’est jamais loin, pour valider la guérison d’un animal infecté. « L’objectif est de se maintenir autour d’un seuil leucocytaire de 120 000 cellules somatiques /ml. »

Infection par le staphylocoque doré

Malgré ces pratiques rigoureuses de prévention, l’élevage a subi un nombre important de mammites cliniques sur une courte période en juin 2017. L’éleveur a sollicité les conseils de GDS Bretagne, pour déterminer la cause de ces infections. Neuf bactériologies ont été effectuées mettant en évidence la présence de staphylococcus aureus dans sept cas. Des résultats orientant vers des germes à réservoirs mammaires et une contamination par le système de traite. « Le contrôle Optitraite® avait été effectué récemment, comme tous les ans, mais pas en cours de traite », explique l’éleveur. Une assistance à la traite a donc été programmée.

Une traite trop agressive

Un test dynamique a permis de mettre en évidence un dysfonctionnement sur un des postes de l’installation 2×5. « Sous le trayon, le niveau de vide mesuré était de 42,5 kPa alors qu’il était réglé à 38,5 kPa, avec de fortes variations de vide », relève Bernard Le Guern, conseiller technique spécialisé de GDS Bretagne. La traite se révélait donc agressive sur ce poste, et d’autant plus en présence de manchons anti-glissement. Cependant, il n’y avait pas de fuites visuelles. La suspicion s’est portée sur un clapet coupe-vide qui devait fuir.

« En réalité, le problème de vide a été résolu grâce au changement d’un tuyau long à lait de mauvaise référence : ce dernier se pliait avec la chaleur formant un « coude » ne permettant pas une bonne évacuation du lait et engendrant un phénomène d’impact contaminant pour la mamelle. Les nouvelles mesures durant la traite suivante se sont révélées bonnes, identiques aux autres postes », se remémore l’éleveur. Et les nouvelles infections se sont aussitôt arrêtées.

Avec une légère augmentation du cheptel, « je serai dorénavant également vigilant sur la fréquence de changement des manchons. Cette pièce d’usure sera à renouveller tous les 8 ou 9 mois au lieu de 10 ou 11 mois auparavant. »

Test dynamique de la traite

Le test dynamique de la traite est mis en œuvre selon une méthode élaborée par GDS Bretagne. Il consiste à mesurer pendant la traite, à l’aide d’un pulsographe, les niveaux et les variations de vide en plusieurs points de l’installation. Pour une traite rapide et non agressive, le vide mesuré sous le trayon doit se situer entre 35 et 38 kPa et les variations de vide doivent être inférieures à 10 kPa.

Traitement sélectif au tarissement

En septembre, 83 % des vaches traites étaient saines. Au tarissement, l’obturateur est systématique pour tout le cheptel. Mais le traitement antibiotique est sélectif, au regard des résultats leucocytaires des trois derniers mois. Il n’intervient que pour un tiers du troupeau environ : pour les individus à plus de 120 000 cellules ou ayant subi une mammite clinique.

Philippe Presse a aussi recommencé à saupoudrer d’asséchant le dernier tiers des logettes. « Pour moi, ce système en logettes paillées rentre dans la notion du jetable. Cela fonctionne bien. Mes vaches sont plus propres en hiver qu’en été. C’est un gain de temps à la traite.»

Moins de médicaments en urgence, pas ou peu d’évolution dans les traitements… « C’est plus facile et moins stressant de faire du préventif que du curatif », admet Philippe Presse. Rigoureux, la prévention sanitaire reste donc au centre de ses pratiques, lui permettant de réduire ses charges de santé à 4,53 € à comparer aux 10,81 €/1 000 L de la moyenne de groupe Cerfrance pour 2016-2017.

Bien poser l’obturateur

« J’ai appris à bien poser l’obturateur. Après désinfection du trayon, il faut pousser le poussoir de la seringue jusqu’à ce que le produit pâteux arrive en haut de la canule, pour évacuer l’air présent en début de seringue. Sinon, au lieu de former un bouchon de protection, le produit se diffuse. » Une précision qui est rarement mentionnée par les prescripteurs, regrette l’éleveur.


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