Alors que la crise laitière perdure et que le printemps tend les trésoreries pour les avances en terre, Benoît Roncin et Yvon Boutier ont tenu à rappeler la présence de la cellule de veille sociale à disposition des agriculteurs et de leurs partenaires. - Illustration “Dans cette crise, la veille sociale est l’affaire de tous”
Alors que la crise laitière perdure et que le printemps tend les trésoreries pour les avances en terre, Benoît Roncin et Yvon Boutier ont tenu à rappeler la présence de la cellule de veille sociale à disposition des agriculteurs et de leurs partenaires.

“Dans cette crise, la veille sociale est l’affaire de tous”

Yvon Boutier et Benoît Roncin, membres de la cellule de veille sociale, invitent chacun dans les campagnes à ouvrir grand les yeux et les oreilles pour repérer rapidement les situations qui deviennent critiques.

« Il est absolument nécessaire que nous puissions détecter plus précocement les situations qui se dégradent dans les campagnes. Et pour cela, nous avons besoin de tous les partenaires des exploitations…Vétérinaires, conseillers, technico-commerciaux, entrepreneurs de travaux agricoles, voisins… Chacun peut être un lanceur d’alerte avant que les circonstances ne s’aggravent trop. On regrette toujours ne pas avoir pu intervenir plus tôt », martèle Yvon Boutier, élu à la Chambre d’agriculture qui préside la cellule de veille sociale.

Cette entité, créée il y a un an pour faire face à un contexte économique destructeur, a déjà suivi 80 dossiers. « Mais ce n’est pas suffisant », appuie le producteur de lait. Benoît Roncin, conseiller en entreprise à la Chambre d’agriculture, poursuit : « Les décrochages constatés concernent aujourd’hui essentiellement des éleveurs laitiers et allaitants. » Les échos qui reviennent des partenaires des ateliers sont « révélateurs » comme des troupeaux qui ne sont plus suivis correctement. Chacun doit aussi être attentif aux chiffres. « En production laitière, pour une référence moyenne de 400 000 L de lait, quand les encours grimpent à 30, 40 ou 50 000 €, il y a urgence… », explique Yvon Boutier.

Pas de prix et trop de travail

Si pour les deux observateurs attentifs, les raisons de ces difficultés contagieuses dans les campagnes sont souvent à chercher du côté d’une crise laitière qui perdure depuis deux ans, ils rappellent tout de même que les causes peuvent parfois être « multiples et variées ». Globalement, il n’y a « plus de souplesse, plus de marge de manœuvre » dans les systèmes. Ils avancent souvent la question des personnes dépassées par les événements.

« Il y a aujourd’hui trop de travail par rapport à la main-d’œuvre disponible. L’épouse qui part travailler à l’extérieur pour retrouver du revenu par exemple peut même être un facteur qui complique. Ailleurs, même avec plusieurs associés, d’autres sont dans l’impasse, débordés pour avoir voulu croître pour essayer de s’en sortir. Mais le développement mobilise de la trésorerie et du temps… Et le résultat, au final, n’est pas là. » Yvon Boutier résume : « Préférant sans cesse parler de technique, d’environnement ou autres, on a trop relégué le facteur humain au second plan. »

Des taux d’endettement pas rédhibitoires

Reste que décider de solliciter un accompagnement fait « peur aux gens ». Chacun préfère gérer sa situation en toute discrétion. « Faire un chèque à un fournisseur un mois. À un autre, le mois suivant… Mais la crise dure et le prix de base du lait ne couvre pas les points d’équilibre. » Yvon Boutier et Benoît Roncin comprennent que certains craignent de se signaler. « Les mots règlement amiable agricole ou agriculteurs en difficulté sont perçus comme des voies sans retour. Mais notre action est avant tout là pour accompagner le rebond, aider à repartir. Sauf que plus on attend, plus les solutions sont difficiles à mettre en œuvre. »

Ils rappellent à ce titre que la cellule de veille sociale agit « en toute confidentialité » et débute toujours son accompagnement « par une écoute neutre, un premier bilan » pour prendre un peu de recul. « Nous constatons surtout des problèmes de trésorerie. Mais souvent, les taux d’endettement ne sont pas rédhibitoires et il est possible de trouver des solutions. » D’ailleurs, entrer dans le schéma est l’occasion de rompre l’isolement dans lequel on s’enfonce. En témoignent les phrases de producteurs aidés par la cellule de veille que rapporte Benoît Roncin : « Si j’avais su, je serais venu avant » ou encore « Vous êtes passés, on a enfin pu dormir tranquille. »

Contact : Il est possible de trouver du soutien ou de signaler une situation qui se dégrade auprès de différents organismes comme le secrétariat du Conseil en entreprise à  la Chambre d’agriculture, au 02 96 79 20 15.

Sensibiliser à nouveau les partenaires

Les membres de la cellule de veille sociale vont prochainement solliciter les représentants des diverses OPA du département. Objectif : « Interpeller à nouveau l’ensemble des partenaires des agriculteurs. Leur rappeler combien leur présence sur le terrain est essentielle au maillage de proximité du dispositif. »


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