La pulvérisation est effectuée au moment du passage au robot. - Illustration Gestion des boiteries en traite robotisée
La pulvérisation est effectuée au moment du passage au robot.

Gestion des boiteries en traite robotisée

Olivier Pansart, du Gaec Pansart-L’Hotellier à Hénanbihen (22) et Cyril Urlande, vétérinaire bovins Triskalia nous livrent les résultats d’une collaboration de plusieurs mois sur la gestion des boiteries en traite robotisée.

En 3 ans, les conditions d’élevage au Gaec Pansart-L’Hotellier ont beaucoup changé. Désormais, les vaches laitières évoluent dans un bâtiment neuf sur logettes paillées avec matelas et se font traire au robot de traite (2 stalles). Elles ne sortent plus et circulent sur du béton, terrain favorable aux bactéries. Par ailleurs, elles atteignent un très bon niveau de production, elles sont donc très sollicitées. Ces facteurs ont favorisé la dermatite sur le troupeau.

Olivier, quelles sont les premières actions que vous avez menées pour limiter la dermatite ?

Olivier Pansart : Dans un premier temps, nous avons investigué les problèmes d’acétonémie sub-clinique. Des prises de sang ont été réalisées et les résultats ont mis en évidence un manque d’amidon et de minéral sur les fortes productrices, ce qui a engendré quelques mammites au pic de lactation. Les tables d’alimentation ont été revues et nous avons rapidement constaté de meilleures venues en chaleur. Dans notre système intensif, il faut impérativement  valoriser la ration de base et investir dans l’aliment malgré le coût.

En parallèle, nous avons acheté une cage de parage pour être autonome et avoir la possibilité de lever les 4 pattes des vaches systématiquement au tarissement. En deux mois, elles ont le temps de se reposer. En plus, les taries basculent en aire paillée, ce qui limite le stress. Nous misons vraiment sur le préventif. Aujourd’hui, grâce au suivi individuel du troupeau, nous pouvons rapidement intervenir si nous remarquons une baisse de production.  Depuis 8 mois, le niveau de leucocytes est inférieur à 180 000.

[caption id=”attachment_26350″ align=”aligncenter” width=”680″]Olivier Pansart à droite et Cyril Urlande, vétérinaire bovins Triskalia Olivier Pansart à droite et Cyril Urlande, vétérinaire bovins Triskalia[/caption]

Cyril, qu’avez-vous proposé aux associés du Gaec pour lutter contre la bactérie ?

Cyril Urlande : La dermatite est une bactérie plutôt anaérobie flagellée et basophille. Elle se déplace donc rapidement et aime les endroits basiques. Au début, nous nous sommes orientés vers le pH pour essayer de rendre l‘environnement moins favorable à la bactérie. En effet, la peau est sans arrêt agressée par la basicité du milieu où le pied évolue. J’ai effectué un prélèvement sur l’aire d’exercice pour y vérifier la flore en collaboration avec une société spécialisée dans les ensemencements des milieux. Le tréponème (bactérie de la dermatite) était bien présent au même titre que les lactobacilles. La tâche s’avérait ainsi compliquée puisque, pour diminuer le pH, nous comptions implanter ce type de bactéries déjà présentes.

D’autre part, j’ai pris connaissance d’une étude menée à l’école vétérinaire de Nantes qui démontrait que le facteur numéro 1 pour prévenir la dermatite était la propreté du bas des membres. L’eau oxygénée (ou peroxyde d’hydrogène) peut répondre à l’amélioration de l’hygiène avec un décrassage des pattes. Elle va également lutter contre le tréponème car une bactérie anaérobie déteste l’oxygène. De plus, le pH du peroxyde, autour de 5, ne convient pas au tréponème. J’avais déjà essayé l’innocuité de l’eau oxygénée diluée à 10 % chez un producteur donc nous avons mis en place un traitement plus systématique au Gaec Pansart-L’Hotellier. La pose de buses au niveau du robot permet de diffuser le produit sur le bas des pattes. La pompe doseuse est ici située dans le local du tank. À la base, on utilise de l’eau oxygénée titrée à 50 % que l’on dilue pour obtenir un titrage à 10 %. Le produit est appliqué 2 jours par semaine. Au préalable, nous avions essayé 2 jours d’affilée tous les 15 jours mais les pattes étaient moins propres.

Olivier, qu’en pensez-vous ?

Olivier Pansart : J’appréhendais un peu la réaction des vaches mais il n’y a pas eu de soucis. En moins de 15 jours, nous avons constaté une nette amélioration contrairement aux précédents protocoles qui ne se sont pas montrés aussi concluants. De 30 % de boiteries sur le troupeau au début du nouveau bâtiment, nous sommes à peine à 2 % depuis le mois de novembre avec la pulvérisation de l’eau oxygénée sur les 120 vaches. Il reste encore quelques cerises et nous savons que toute erreur sur l’alimentation conduit rapidement à des fourbures. Ceci dit, nous n’avons pas de nouvelles dermatites. Même si cela va beaucoup mieux, je ne compte pas arrêter tout de suite le traitement. Je vais peut-être réduire à 1 jour par semaine par la suite au lieu des 2 jours actuels. Le tarif, la simplicité et la bonne dilution sont aussi des points positifs.

D’ailleurs, nous lavons également les pattes des génisses et des vaches taries puis pulvérisons de l’eau oxygénée en guise de prévention. Quand nous levons les pattes des multipares au tarissement, je trouve les cicatrices des dermatites : elles ont guéri. Maintenant, il reste à effectuer un réglage des buses afin d’améliorer la propreté des pattes en particulier sur l’intérieur du pied car pour l’arrière et l’extérieur, c’est bon ! Afin de suivre de près l’évolution, Cyril Urlande passe tous les 1,5 mois pour évaluer l’hygiène du bas de pattes. « Ensemble, nous notons les critères de dermatite et faisons un bilan des actions ».

Gaec Pansart-L’Hotellier à Hénanbihen (22)

  • Olivier Pansart, Nicolas Pansart et Sylvain L’Hotellier, 1 salarié bientôt en retraite ;
  • SAU : 150 ha dont 70 ha en céréales (blé, orge), 50 ha de maïs, 8 ha de luzerne et le reste en pâturage pour les génisses pleines. Les autres génisses et les vaches taries sortent en journée uniquement ;
  • Atelier lait : • 140 vaches laitières, • 120-125 traites, • 12 500 litres par vache laitière, • TB : 41, • TP : 32,8, • 2,7 traites par vache laitière par jour, • Refus : 2,1, • Prix d’équilibre : 306 € / 1 000 litres ;
  • Atelier porc naisseur-engraisseur : 140 animaux

Propos recueillis par Carole Perros / Triskalia


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