« Au printemps, les épandages génèrent des flux d’ammoniac qui peuvent être à l’origine de pics de particules fines dans l’air. Les seuils de tolérance sont régulièrement dépassés et cela devient un enjeu majeur de santé publique », introduit Marine Weishaar, conseillère agronomie à la Chambre d’agriculture lors d’une démonstration d’épandage de lisier avec enfouisseur organisée conjointement avec la FRcuma Ouest le 7 mai à Plédran (22). Cet ammoniac qui se volatilise se traduit par des pertes d’azote disponible pour la culture. « La réduction des émissions d’ammoniac (NH3) passe principalement par une meilleure gestion et valorisation de l’azote contenu dans les effluents d’élevage. 35 % des émissions sont liées à l’épandage, 32 % au bâtiment d’élevage, 21 % au stockage et 12 % au pâturage. À noter qu’une vache au pâturage engendre deux fois moins d’émissions d’ammoniac que lorsqu’elle est en bâtiment », indique Anne Guézengar, chargée d’étude en agronomie à la Chambre d’agriculture.
35 % des émissions sont liées à l’épandage
Simuler les pertes d’azote
Le projet ABAA (Ammonia Brittany Air Ambiant) qui a débuté en 2021 pour une durée de 4 ans, porté par Air Breizh en partenariat avec la Chambre d’agriculture de Bretagne vise à réduire les émissions d’ammoniac d’origine agricole dans l’air ambiant. « Il mobilise un réseau d’une vingtaine d’exploitations, 2 ETA et 7 Cuma qui expérimentent des techniques potentiellement généralisables. Un réseau de mesures des concentrations d’ammoniac et de particules a été déployé sur le territoire pilote Brest-Pays d’Iroise. Parallèlement, une application mobile appelée agrivisioN’air a été développée pour simuler les pertes d’azote liées aux émissions d’ammoniac lors d’un épandage selon les conditions météo et le transfert des connaissances captées sur le terrain », explique Anne Guézengar.
Un outil gratuit en accès libre
AgrivisioN’air est un outil gratuit en accès libre qui estime les pertes d’azote lors d’un épandage sur la journée ou les 2 jours suivants. Cela prend moins d’une minute pour renseigner les données qui permettent ensuite à l’utilisateur d’adapter son épandage (changement de matériel, de date, de produit…) ou si ce n’est pas possible, d’appréhender les moyens à mettre en œuvre pour réduire ses émissions à plus long terme. « La simulation donne donc accès à une estimation de la quantité d’azote perdue par volatilisation ; un indicateur qualité globale de l’épandage basé sur la proportion d’azote perdue par volatilisation par rapport à l’azote ammoniacal apporté, un indicateur sur l’efficacité du matériel utilisé et du délai d’enfouissement ; l’impact des conditions météorologiques sur le risque de volatilisation. »
L’enfouisseur, l’équipement idéal
La tonne à lisier de 20 000 litres de marque Garant utilisée lors de la démonstration appartient à la Cuma des Granitiers de Plaintel (22). Elle est équipée d’un enfouisseur Evers à double rangée de disques avec rouleau barre de 6 m de largeur. « C’est l’équipement idéal sur une tonne à lisier pour limiter la volatilisation lors de l’épandage », précise Jean-Marc Roussel, de la FRCuma Ouest. L’enfouisseur pèse 2,5 tonnes, c’est un outil compact avec des rangées de disques rapprochées pour que ça ne pèse pas trop lourd sur l’arrière de la tonne. « La 1re rangée de disques fend la terre et apporte le lisier en partie basse. La 2e rangée incorpore le lisier au sol et le rouleau arrière termine le travail. Il faut rouler à 10 km/h minimum pour que le DPA soit précis et pour un bon effet mélange de la terre. »