“Pour passer en bio, le plus dur est de prendre la décision”

Du conventionnel au bio, Gilles Le Marchand, 44 ans, producteur de porc en filière longue, a mûrement réfléchi son projet de conversion. Aujourd’hui, il élève 750 porcs par an sur une SAU de 40 ha. Il ouvre son exploitation jeudi 6 octobre à Hémonstoir. Installé en 1998 en Gaec avec son oncle, Gilles Le Marchand, a produit du porc conventionnel en filière longue pendant des années. « J’étais façonneur. Je ne subissais pas directement la crise. Mais les derniers temps, cela devenait plus compliqué de remplir, on sentait venir la baisse. Les bâtiments prenaient de l’âge : au niveau technique, les résultats étaient moins bons. » Alors, quand son associé est parti en retraite, l’éleveur en a profité pour prendre un virage vers l’agriculture biologique en 2011. « Je côtoyais des gens en bio. Mon projet a mûri peu à peu. J’ai fini par me lancer », explique-t-il. « Le plus dur, c’est de prendre la décision. C’est nouveau, on découvre les choses au fur et à mesure. Ce qui rassure, c’est de savoir que d’autres le font déjà. Mais au départ, on craint aussi le regard des autres, des voisins. » Déjà sur paille Sur l’exploitation en deux sites, l’éleveur a eu « la chance » d’avoir sous la main une porcherie sur paille de 1978 qui a toujours fonctionné en conventionnel. « J’ai eu peu d’aménagements à réaliser. J’ai simplement agrandi les cases de 3 m2 pour créer les courettes et mettre en place les niches. » Compter 30 000 € pour la révision du bâtiment (« Ce sont les barrières qui m’ont coûté le plus cher ») et 15 000 € pour le matériel dédié à la Faf. L’élevage a changé de visage : les 1 660 places d’engraissement en conventionnel se sont réduites à 300 places en bio. « Dans cette porcherie, il y avait 27 cases de 21 m2 pour 19 porcs. Maintenant, ces 27 cases font 24 m2 pour ne loger que 10 cochons. » « Accepter les bouillons de cultures » Finalement, la plus grande difficulté en bio est « le salissement des cultures », observe le producteur. « Il n’y a pas de technicien qui suit les parcelles. Il faut s’informer, apprendre avec les collègues, anticiper, se remettre en cause. En général, on y arrive, mais certaines années il faut accepter les bouillons… » Avec 4 ans de recul, Gilles Le Marchand, à l’aise dans ses baskets, dresse un premier bilan. « J’ai autant de boulot qu’avant avec beaucoup moins d’animaux car je fabrique l’aliment à la ferme et qu’il faut consacrer plus de temps à la surveillance des cultures. Mais je ne regrette rien. Au contraire, j’aurais dû aller plus vite vers la bio car je suis davantage dans mon élément. Mon travail a retrouvé de la valeur. Il est mieux rémunéré. Avec une taille d’élevage plus modeste, je constate que j’arrive à prendre un peu plus de vacances en me faisant remplacer. » « Le pouvoir aux éleveurs » Si l’éleveur sait bien que « tout le monde ne passera pas en bio », il veut montrer « aux porteurs de projet et aux jeunes qu’il est possible de vivre sur des structures familiales. » Et de rappeler qu’actuellement, en porc bio, « il y a des débouchés, que la demande n’est pas satisfaite ». Une situation « qui redonne du pouvoir aux éleveurs sur la question du prix ».

“Pour passer en bio, le plus dur est de prendre la décision”

Mammite : un bon tarissement fait partie de l’arsenal de lutte

Podcast: Il ramène le système néo-zélandais dans sa ferme morbihannaise

Témoignage d’éleveurs : « Épanouis dans notre métier »

Charge de travail : « Deux vrais week-ends par mois »

Bœuf émissaire

Une accalmie « entre deux tempêtes » ?

Peut vous intéresser

Podcast: Il ramène le système néo-zélandais dans sa ferme morbihannaise

Le porc bio demande de l’aide

« Inséminer est désormais plus agréable »

Transformer des calories « sales » en énergie propre

Mammite : un bon tarissement fait partie de l’arsenal de lutte