Face à des filières de productions animales dans la panade, Didier Lucas, Pierre-Yves Lozahic et Carole Joliff de la FDSEA des Côtes d’Armor annoncent des actions syndicales répétées en septembre « pour aller chercher du prix et de la compétitivité. » - Illustration Tout le territoire perd de l’activité économique
Face à des filières de productions animales dans la panade, Didier Lucas, Pierre-Yves Lozahic et Carole Joliff de la FDSEA des Côtes d’Armor annoncent des actions syndicales répétées en septembre « pour aller chercher du prix et de la compétitivité. »

Tout le territoire perd de l’activité économique

« L’élevage, dans tout son ensemble, est en péril en France », martèle Didier Lucas, président de la FDSEA des Côtes d’Armor. Dans un contexte dégradé, le bureau du syndicat annonce une série d’actions dans les prochaines semaines.

Si l’action syndicale « Tous à Laval » qui fédère les producteurs de l’Ouest met la situation laitière critique sous les feux des projecteurs, la conférence de presse de rentrée de la FDSEA a rappelé combien toutes les filières d’élevage continuent de traverser une période de crise majeure.

La volaille souffre en silence

« En volaille, il ne faut pas croire que tout va bien parce qu’on n’entend pas beaucoup de bruit », rappelle Pierre-Yves Lozahic, responsable de la section volaille à la FDSEA 22. Dans une filière qui « a subi des années de restructuration au niveau des élevages et des industriels », il y a beaucoup d’inquiétude. Aujourd’hui, il ne reste que deux grands groupes en chair. « Quel poids reste-t-il à l’éleveur dans cet environnement ? », s’interroge le syndicaliste.

« Pour certains, en fonction de leur partenaire intégrateur, les vides sanitaires s’allongent. La rémunération n’étant pas au rendez-vous, les industriels peinent à trouver des candidats pour se lancer en dindes. Notre filière, grande consommatrice de céréales, risque aussi d’être pénalisée par l’intégration d’une moisson de piètre qualité dans les formules : on sait tous qu’un aliment moins bon grève les performances dans les ateliers. » Il n’oublie pas non plus les difficultés dans le secteur de l’œuf où les poules de réforme, sans débouché, coûtent désormais pour être sorties des élevages.  

L’illusion du prix spot en porc

« Je lis dans la presse que ça va mieux dans le cochon. C’est vrai si on se contente de regarder les 1,46 € / kg du prix spot au marché. Mais attention, c’est l’arbre qui cache la forêt », démarre, remontée, Carole Joliff de la section porcine. Elle rappelle que la moyenne depuis début 2016 ne s’élève qu’à 1,227 € / kg, « loin des 1,40 € que nous réclamions l’année dernière pour s’en sortir ! ».  La petite « éclaircie » du moment ne sert qu’à « combler les trous » de trésorerie. Il faut « absolument » qu’elle dure. « Nous sommes toujours payés en dessous du coût de revient. » Et de poursuivre : « La production porcine est toujours en alerte rouge et ses éleveurs seront engagés aux côtés des autres filières pour mener les prochaines actions syndicales. »

Les éleveurs de viande bovine perdent actuellement 250 € par broutard vendu.

Mobilisation pour un mois de septembre d’actions

À ses côtés, Didier Lucas, président de la FDSEA 22, enfonce le clou. « 50 % des ateliers porcins ont clôturé en juin avec un bilan négatif. Voilà pourquoi nous n’accepterons pas de baisse… » Avant de poursuivre : « Les éleveurs de viande bovine, secteur traditionnellement déjà à faible revenu, perdent actuellement 250 € par broutard vendu! » Les récoltes de céréales « très hétérogènes et livrées à prix très bas » n’ont pas apporté le bol d’air financier espéré.  « Toutes les productions sont dans une situation très compliquée : on n’a jamais connu si grave et si durable. C’est pourquoi nous allons remobiliser les troupes, se fédérer et multiplier les actions en septembre.

Des actions de différents types et notamment de la vérification d’étiquetage des viandes, des produits laitiers. » Magasins et camions de livraison ne devraient pas être les seules cibles. Dans les campagnes, on parle aussi des collecteurs – transformateurs, des banques et services, et aussi des décideurs politiques. « La baisse de 10 points de cotisations sociales que nous avons obtenue nous a redonné un peu de compétitivité par rapport aux autres pays européens. Mais quand la production a stagné ou reculé chez nous, chez eux les filières se sont développées. L’État français, au même titre que l’Europe, a des responsabilités dans cette situation. Par manque de décision, manque de courage… »

Et de conclure : « Cette situation fait des drames. Certains vendent leurs vaches. Des ateliers porc ou volaille arrêtent. Le para-agricole souffre. On perd de l’activité économique sur tout le territoire. La Bretagne va perdre beaucoup d’emplois. »


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