Le couvain, constitué des œufs, des larves et des nymphes, et une cellule royale en construction. - Illustration Agriculteurs et apiculteurs, deux partenaires au service de la nature
Le couvain, constitué des œufs, des larves et des nymphes, et une cellule royale en construction.

Agriculteurs et apiculteurs, deux partenaires au service de la nature

Produits phytosanitaires, maintien de la biodiversité, plantes en fleurs en fin d’été… Les pratiques et itinéraires techniques des agriculteurs ont des répercussions sur les activités apicoles.

« Nous sommes à la merci des agriculteurs, mais eux aussi ont besoin du butinage de nos abeilles pour assurer la fécondation de leurs cultures… Travaillant avec la même nature, nous sommes partenaires », analyse Christian Tygreat, installé apiculteur au Gaec du Miel Forestic à Guipavas (29) et président de l’Association de développement apicole de Bretagne (ADA). Selon lui, une meilleure connaissance des contraintes de chaque production permettra à la longue de mieux collaborer. La preuve en est : « De nombreuses petites annonces d’agriculteurs apparaissent, à la demande de ruches sur leurs parcelles. » C’est une nouvelle tendance.

[caption id=”attachment_18909″ align=”aligncenter” width=”600″]Gaël Poquet, stagiaire, en formation BPREA à Laval, en option apiculture, et Christian Tygraet Gaël Poquet, stagiaire, en formation BPREA à Laval, en option apiculture, et Christian Tygraet[/caption]

« Maintenir son cheptel et le développer »

Et ces ruches sont prêtes à être acheminées vers leurs destinations. Les essaims, constitués la veille, bourdonnent dans les ruchettes prêtes à être positionnés en remplacement des ruches mortes. C’est l’activité principale pour ce producteur qui ponctionne lui-même les abeilles de ses ruches pour produire des essaims. Cette pratique, si elle peut pénaliser le rendement en miel, est maintenue par souci de survie. L’atelier de diversification de production de sapins de Noël sur l’exploitation, implantés par sécurité lors de son installation, perdure. Elle reste complémentaire et s’adapte bien en saisonnalité au niveau de la main-d’œuvre. Cependant, l’apiculture demeure son activité professionnelle principale depuis 1993, selon lui, « grâce à la mise en place progressive de 250 ruches avant son installation, en tant qu’amateur. » Après être resté de nombreuses années à 600 ruches, il a pu autorenouveller son élevage pour « maintenir son cheptel et le développer ».

Des couverts végétaux en fleur dès août ?

Les couverts végétaux, implantés tôt, peuvent répondre au manque de ressource alimentaire dès la mi-août. La phacélie est très mellifère, « pour nous, c’est l’idéal ». Le trèfle, nécessite des températures importantes (22 °C) pour que la fleur se gorge de nectar, la moutarde semble être intéressante « pourtant, je n’ai jamais vu mes abeilles butiner ces champs. » Mais il y a un bémol. « Nous sommes attentifs au précédent cultural. » En effet, des orges et quelques blés, traités avec des néonicotinoïdes présentent une rémanence dans le sol. « La molécule provoque la mortalité des ruches à moyen terme, quand le nectar de ces couverts végétaux est consommé en fin d’hiver par les abeilles. C’est pour cela que nous demandons l’interdiction totale des néonicotinoïdes. »

De fortes mortalités

« C’est l’objectif de tout apiculteur… », relève sa femme Valérie, qui l’a rejoint sur l’exploitation depuis quelques années. Défi pas toujours facile à relever, avec des mortalités importantes.
« Cette année, les abeilles ont eu assez de réserves alimentaires. Les ruches ont bien progressé et les colonies sont fortes », décrit l’apiculteur. Aussi, l’agrandissement de la ruche est d’autant plus nécessaire à cette saison avec la pose des hausses, pour que la colonie ait du volume et reste sur place, « pour ne pas perdre le patrimoine génétique sur lequel nous travaillons depuis de nombreuses années ».

Cet hiver, les producteurs se félicitent de n’avoir perdu que 15 % de leur population, contre une moyenne annuelle de 30 %. Mais certains producteurs parlent de 50 % de perte chez eux cette année. Et les causes sont diverses : ravageurs (Varroa, le frelon asiatique qui se développe en Bretagne…), apparition de nouveaux virus qui se déclarent lors de l’affaiblissement des colonies, produits phytosanitaires… Mais le problème majeur reste le développement des ruches « bourdonneuses » ou « orphelines », en lien avec des problèmes de fécondité des reines.

Appliquer les produits phytosanitaires en début de nuit

Les abeilles consomment énormément d’eau. En période sèche, au sud de la Loire, il faut parfois apporter des abreuvoirs dans les ruchers. À titre d’exemple, « en période de greffage, par commodité et pour un gain de temps et d’énergie, j’apporte 3 L d’eau sur les alvéoles tous les cinq jours », décrit le producteur. Outre le risque de pulvérisation sur les abeilles elles-mêmes en journée avec les traitements fongicides ou herbicides, qu’elles ramènent dans la ruche, les insectes confondent le produit phytosanitaire avec la rosée le matin s’il est appliqué trop tard. « Appliqué les 3 premières heures de la nuit, le produit a le temps d’être absorbé par la plante et les dégâts sont moindres. »

À la recherche de biodiversité

En ce moment, les abeilles sont dans les parcelles de colza. Certaines variétés sont mellifères, d’autres pas. « La biodiversité, nécessaire à la survie des colonies d’abeilles, est présente dans les talus – quand ils ne sont pas rasés —, dans les friches, les bois, les haies… » On voit de plus en plus de pissenlits dans les pâtures : «  Pour nous apiculteurs, c’est interessant. Mais ne pratiquant pas la transhumance avec mes ruches », en fin d’été, la période est plus critique. Et c’est pourtant une période cruciale pour la survie des colonies, qui doivent constituer leurs réserves et se préparer à hiverner. À cette période, les bruyères en fleur fournissent le nectar, ainsi que le lierre. Mais ce dernier n’est pas suffisant. « À l’origine d’un miel blanc et dur, l’abeille doit disposer d’un miel d’une autre provenance. Un miel plus liquide lui permettra d’avoir suffisamment d’énergie pour pourvoir réchauffer le miel de lierre au redémarrage de la ponte des reines des en fin d’hiver.


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